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Billet de blog 13 mai 2015

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La Biennale de Bilal

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un banlieusard à Venise

Artiste pluriel Enki Bilal a choisi la célèbre Biennale d'Art contemporain pour présenter sa dernière invention artistique nommée"Inbox", spécialement élaboré pour l'événement de portée internationale, qui a lieu chaque deux ans à la Cité des Dogues. Originaire de Ljubuski par son père Bosniaque, Bilal né à Belgrade il y a 63 ans de son vrai nom Enes Bilalovic à déménagé à la banlieue parisienne à l'age de 9 ans. Son père Adem fut longtemps tailleur de Maréchal Tito mais curieux des innovations de la mode planètaire il a travaillé chez plus grands couturiers français.

Déjà connu au début des années 70 grâce à la BD, Bilal junior a été décorateur des films d'Alain Resnais, d'André Zulawski et dessinateur chez le génial Jean-Jacques Annaud. Réalisateur de trois films il entre par la grande porte dans l'univers numérique. Friand de nouvelles expériences, artiste a réinventé son dessein avec la série "Les Fantômes du Louvre", exposés en 2012. Un an plus tard il a montré "Mecanhumanimal" au musée parisien des Arts et métiers, mèlant peinture, dessins et objets à la machine, l'humain à l'animal. Avec l'aide d'entreprise Dassaut il a pu augmenter la réalité, en créant des installations tactiles.

Dyptique de l'instant présent

"Inbox" marque passage d'artiste vers l'immatériel. Ce nom mystétieux, étrange et énigmatique permet au public d'éprouver sa propre perception. L'espace fermé et obscur avance des images coloriés et indéfinies qui hypnotisent et destabilisent visiteur. Bilal a complètement réussi sa performance en tant que telle. Il décrit son oeuvre comme :"Un jeu sur les sens, la perte des sens, mais aussi sur notre appréciation d'une réalité!Le visiteur découvre la frustration de la mémoire visuelle, face à l'impossibilité de se fixer sur la situation muséale de l'accrochage pour avoir un repère. Déjà, il faut laisser la place et quitter la boîte, la rétine des yeux en proie au phénomène d'image rémanenté. C'est une expérience éphémère et solitaire".

L'artiste exprime encore une fois toute la puissance de son univers romantique, passionné et crépusculaire, s'appuyant sur l'imperfection humaine et la fragilité de mémoire visuelle; sur son ambigüité et la matérialité des images. Son dyptique ne se découvre pas entièrement, indiquant clairement des liens entre la discontinuité lumineuse et l'érotique latente des corps.

Eric Leroy spécialiste de la BD chez Artcurial, qui a initié et soutenu la dernière innovation d'artiste est ravi par la présentation qui attire très large public : :"Enki Bilal à la Biennale de Venise prouve encore une nouvelle fois, l'internationalisation de son travail et sa renommée au delà de nos frontières. Il nous surprend encore une fois et nous montre qu'il touche à tous les médiums".

"Inbox" est installé à la Fondazione Giorgio Cini, jusqu'à 2 août.

Djenana Djana Mujadzic

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