L'assassinat, hier, du leader politique tunisien Chokry Belaïd, a des chances de constituer un moment fort de renaissance de la révolution populaire tunisienne qui a ébranlé, par surprise, la dictature de Benali mais qui malheureusement aura été vite récupérée par la coalition des forces néolibérales qui règnent sur le monde et leurs complices islamistes djihadistes, facteurs du renforcement de l'obscurantisme dans lequel se complaît l'exploitation capitaliste et religieuse.
La coalition politique tunisienne au pouvoir a vite évalué les risques encourus par cet assassinat. L'ampleur des manifestations populaires de condamnation unanimes et spontanées de l'assassinat par tout et par tous en Tunisie et les échos qui commencent à se propager au niveau des forces de progrès de par le monde, l'oblige à improviser des réponses rapides et dilatoires. Le Gouvernement en place s'auto-dissout, il promet un gouvernement ''neutre'' de commis d'un Etat pas neutre du tout et des élections dans la plus grande précipitation. Dans un pays aux cent et quelques partis politiques antagoniques et pour la plupart inconsistants, liés par la force des choses à des intérêts occidentaux et à des sources de financement des pétromonarchies du Golfe, Emirs et sultans milliardaires à ne pas savoir quoi faire de leurs avoirs, de telles stratégies confortent une volonté de faire régner l'obscurantisme pour garder le pilotage du pays par les forces extérieures.
Dans un contexte mondial de crise systémique, la hantise de ceux qui ont la charge de la conduite du monde est de tout faire pour que nul part au monde et encore moins dans un pays arabe ou africain, il n'y ait jamais le moindre espace d'émergence de capacités d'autonomie d'expression pour susciter un élan, des mouvements, des expériences d'imagination, de mise en œuvre et de réussites exemplaires (Au Burkina Faso, le président assassiné, Sankara, appelait cela le génie créateur des peuples), de modèles alternatifs au néolibéralisme triomphant et ce en quelques environnements religieux d'application.
Souhaitons que l'assassinat de Chokry Belaïd puisse constituer ce déclencheur de renaissance et d'épanouissement de la Révolution tunisienne dans une mission à laquelle peu d'analystes croient, celle de donner du sens et de faire vivre à nouveau le ''Printemps arabe'' où règneraient paix, sécurité et progrès durable, dans un monde différent de celui, humainement inacceptable, d'aujourd'hui.