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Billet de blog 9 avril 2013

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L'instrumentalisation des élites : une retombée inattendue de la Guerre française au Mali

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Sommes nous en train de vivre, complices tétanisés, la reconquête de l'empire colonial français en Afrique ?

La trahison des clercs et des élites, Oh rage, Oh désespoir, Oh époque de désespérance et d'obscurantisme exacerbées en Afrique !

Hier, l'interview sur la une de Mediapart, du Sieur Samuel Sidibé , Directeur depuis quasi  30 ans du Musée National de Bamako, donc supposé un grand homme intellectuel, homme d'art et de culture, probablement un grand commis de l'Etat et pourquoi pas un leader d'opinion à l'échelle continentale, m'a rendu encore plus triste et plus désespéré sur le devenir d'un Continent africain sans avenir, en dislocation pernicieuse.

Lire l'interview sur : http://www.mediapart.fr/journal/international/210313/samuel-sidibe-si-veut-relever-le-mali-il-faut-lui-donner-plus-de-sens-de-justice?onglet=commentaires

Un grand intellectuel que ce Monsieur au patronyme évocateur de grandes lignées au Sahel et au-delà, un protecteur des cultures et des arts africains qui paraît discerner les bienfaits du retour et de l'installation des forces coloniales d'hier pour imposer l'intégrité territoriale, héritée de l'ère coloniale, aujourd'hui menacée par quelques dizaines ou quelques centaines de djihadistes, de fanatiques fous de dieu, instrumentalisés, financés par les pétro-monarchies du Golfe, elles-mêmes soumises aux ordres des puissances occidentales ex puissances impérialistes, capitalistes et coloniales.

Et notre illustre intellectuel de justifier l'intervention française au Mali, musclée et réussie, revendiquée par les plus hautes autorités françaises en ces termes : '' Nous sommes dans un environnement mondial qui est devenu plus complexe, qui a favorisé l’émergence d’un certain nombre de situations compliquées. Ce qui se passe au nord du Mali, cela aurait pu arriver n’importe où. Il y a des phénomènes qui ont abouti à ce que cela se passe au Mali, mais les questions du terrorisme, du djihadisme et du narcotrafic ne sont pas des questions proprement maliennes. Elles sont globales au sens où les principaux acteurs de ces mouvements terroristes, djihadistes et trafiquants, se retrouvent dans une zone qui va de l’Atlantique à l’extrême-est de l’Afrique. Mais on voit aussi que ce phénomène djihadiste se retrouve dans tout le monde musulman : Afghanistan, Pakistan, Yémen… Nous sommes dans un phénomène global qui reflète les déséquilibres mondiaux. La crise malienne relève plus de ce phénomène global qu’elle n’est liée à la démocratie malienne, même si celle-ci a eu ses énormes faiblesses''.... On est en droit de poursuivre la pensée de cet intellectuel africain en militant pour des interventions du genre entreprises unilatéralement par les forces armées françaises mais pourquoi pas aussi à l'occasion par l'Otan et par d'autres coalitions occidentales, dans des situations similaires dans la zone, à savoir au Nord du Niger et du Burkina mais pourquoi pas au Sud de l'Algérie ou à l'Est de la Mauritanie ?

La Guerre française au Mali, va s'achever dans quelques jours, dans quelques semaines. Elle aura malheureusement coûté la vie à cinq combattants des forces françaises, probablement à quelques milliers de combattants maliens, tchadiens, accessoirement des troupes des forces armées de la CEDEAO et surtout aux populations civiles sacrifiées dans un boycott médiatique sans précédent dans l'histoire des guerres du XXIème siècle. Elle aura coûté à la France, aux dire de ses autorités, un petit million d'Euro par jour, une bagatelle qui sera vite et largement compensée par les retombées de la vente des armes sophistiquées et du savoir-faire des forces françaises, médiatisés en la circonstance.

La reconquête de l'ex-empire colonial français se poursuit discrètement au gré des opportunités ou mieux encore des hasards construits avec intelligence par des officines au service du renforcement du capitalisme mondial en expansion. Le Maghreb a ouvert son espace aérien aux forces aériennes françaises. Les bases militaires permanentes françaises en Afrique vont se renforcer avec la promesse de maintien d'un contingent significatif de protection du Mali, un millier de combattants avec armes et bagages, le format qu'on peut trouver sur d'autres bases militaires françaises positionnées en Afrique. Le Franc CFA, autre symbole d'une décolonisation inachevée se porte bien et attend des opportunités pour s'appliquer à d'autres pays africains. La langue française qui recule de par le monde face à l’Anglais, prospère en Afrique et les médias français règnent en maître dans la diffusion de la pensée unique occidentale. Assurément, il y a une machinerie plus puissante que jamais qui conceptualise et qui met en œuvre, non sans succès, une reconquête coloniale du Continent dans sa globalité, du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. L'islamisme, consciemment et non, lui sert d'alibi et l'élite africaine et arabe sont complices dans cette entreprise.

Pour conclure : Ce n'est pas de gaité de cœur que j'apporte de tellesappréciations en dialogue avec un intellectuel africain qui a osé s'exprimer et faire part de sa compréhension sur ce qui se passe dans son pays. ce faisant, j'aimerais contribuer à l'émergence d'un électrochoc qui réveillerait la conscience citoyenne africaine afin qu'elle puisse un jour acquérir une expertise et une capacité pour peser en indépendance aux débats relatifs à la construction d'un autre monde.

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