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Billet de blog 10 févr. 2013

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L'AZAWAD, dix grandes causes de la tragédie des populations de l'Azawad d'aujourd'hui et les risques d'un génocide programmé

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Dix grandes causes de la tragédie des populations de l'Azawad d'aujourd'hui et les risques d'un génécide programmé :

Des pratiques chaotiques de l'Islam : Depuis des siècles, des pratiques différenciées de l'Islam ont toujours créé des tensions entre les ethnies qui occupent l'espace, distinguant les trois Régions du Nord Mali, au sein desquelles, il y a toujours eu des interprétations différentes de l'Islam, d'un côté l'Islam soufiste, tolérant, sous contrôle de confréries et de marabouts, particulièrement actifs à Benghazi en Libye et à Tombouctou au Mali, de l'autre, les fondamentalistes qui se disent ''Réformateurs'', dans le sens du retour à l'Islam du 18è et 19è siècle, des fous de dieu, prêts dès que les conditions s'y prêtent à remettre dans le droit chemin les musulmans, déviationnistes à leurs yeux, et combattre les idolâtres les saints et marabouts qui dénaturent l'Islam et l’interprètent à leur façon.

Les pratiques coutumières ancestrales de la razzia, pillage de villages par des nomades, généralement assimilés à des peuples belliqueux qui agressent et pillent des populations ''urbanisées'' des agriculteurs, éleveurs sédentaires ou pêcheurs,pour s'emparer de leurs biens. Des pratiques coutumières courantes en Afrique du Nord et dans le monde arabe, progressivement identifiée comme concernant la lutte pour le pouvoir entre populations arabo-berbères constituées davantage de nomades éleveurs, devenus des commerçants transsahariens, et par extension des trafiquants de tous genres y compris d'otages. Les populations négroïdes étant considérées comme sédentaires et paisibles s'adonnant à les activités agricoles d'élevage et de pêche.

La colonisation française et la création d'un immense espace sous domination idéologique, culturelle, économique, financière, sécuritaire française (l'Afrique occidentale française), avec de plus en plus de facilités relatives de déplacements des populations, d'installation, sans autorisation de potentats locaux. Après les indépendances, les frontières nationales ont bloqué la mobilité des populations et ont exacerbé les identités, les particularismes, les exclusions et rejets inter-ethniques ainsi que les déplacements nomades ;

La sécheresse et la désertification des années 1970 ont réduit les espaces dévolues aux pratiques nomades avec des situations de famine dans le Sahel et des mouvements de concentration urbaine et de lutte pour la survie autour des points d'eau . Une exacerbation des tensions socio-ethniques et une opportunité pour la recherches de gains faciles ;

Le développement insidieux et toléré des activités de trafics mafieux : drogues, armes, cigarettes etc... des activités rentables qui facilitent et renforcent la constitution de bandes armées, protégées par des politiciens corrompus, tolérées par la communauté internationale et ses représentations diplomatiques et associatives sur place.Les médias ont rendu compte du rôle de plus en plus déterminant des pays fragiles de l'Afrique de l'Ouest dans le trafic des drogues -principalement de la cocaïne transitant dans cette zone dans son commerce entre l'Amérique Latine et l'Europe. Le Nord Mali mais tout comme le Cap-Vert, la Guinée Bissau la Mauritanie et bien d'autres pays sahéliens, connaissent le devant de l'actualité après des opérations spectaculaires, le plus souvent médiatisées par le fait du hasard1.

Un événement parmi d'autres, un atterrissage réussi, en novembre 2007, d'un Boeing 707 parti du Venezuela et retrouvé incendié dans les environs de Gao par suite d'un redécollage raté. Il transportait une dizaine de tonnes de cocaïne destinée à ces bandes de trafiquants. Qui ne peuvent s'adonnaient à de telles opérations sans la complicité des plus hautes autorités maliennes mais également celle des services diplomatiques, onusiens et des animateurs d'ONG internationales présentes dans le pays, dans le moindre recoin du désert et au courant de tout ce qui se passe sur le terrain. Il est évident que ces trafics génèrent des ressources importantes qui profitent à d'autres trafics, qui financent des élections, construisent des classes civiles et d'officiers puissants et nantis, avec des fortunes dans le pays et à l'extérieur.

La guerre civile en Algérie des années 90 et le renvoi des combattant islamistes d'AQMI hors des frontières Sud. Ils ont trouvé refuge dans les montagnes des Ifoghas au Nord Mali.

Les visées expansionnistes de Khadafi et la guerre de la Libye et le retour de de centaines de combattants maliens qui ont servi le régime de Khadafi avec leurs armes et leur savoir faire militaires ;

Déjà dans les années 1980, Khadafi, dans ses ambitions de dominer le Maghreb, le monde arabe et l'Afrique, avait affiché ses intentions sur le Sahel, s'étant proclamé Guide dans son pays mais Sultan du Sahel, ce faisant grand défenseur de la cause touareg (voire ses discours lors de ses indescriptibles visites improvisées dans ces pays et la distribution de valises de dollars aux notables des tribus et villages traversés).

Dans les années 1990, les gouvernements occidentaux étaient informés et s’alarmaient des risques que faisait peser sur le Mali, le retour au Mali de nombreux jeunes Touareg entraînés au maniement des armes en Libye et provoquant des affrontements avec l'armée malienne. Il était alors question de ''divorce racial'' de refus de négritude'' de la part des Touaregs coupables de pratiques et de comportements esclavagistes.

En octobre 2011, après des mois d'insurrection et de guerre civile, Mouammar Kadhafi est arrêté et assassiné par les insurgés libyens protégés par la coalition OTAN, mettant fin à une dictature de 42 ans. Il s'en est suivi, un départ précipité des populations sahéliennes brutalisées par le nouveau pouvoir en Libye, et dans ces déplacements massifs les touaregs du Mali mais pas seulement qui servaient dans les rangs de l'armée libyenne.

Le putsch militaire du 22 mars 2012.qui parachèvera l'ébranlement de l'Etat malien, de ses institutions et de son armée et qui mit fin à une processus démocratique difficilement engagé, avec un retentissement non négligeable dans le monde mais qui restera inachevée.

Les atermoiements et indécisions françaises du début de 2012 dont le discours fut : pas d'intervention française pour stopper l'occupation du Nord Mali et la marche vers la partie Sud du Mali, sans accord préalable de l'ONU et sans appui des pays des armées de la CEDEAO, de l'Afrique et de l'Europe. Cela a créé un contexte d'apparente impunité en cas de marche vers le Sud pour légitimer une intervention massive des troupes françaises (comme ce fut cas de l'Irak et de la diplomatie US lors de l'invasion du Koweït).

Le suivisme coupable de la communauté internationale que ce soit au niveau d'une l'ONU incapable de faire adopter et de faire exécuter des résolutions précises, interprétées par la France à sa guise, les pays de Ligue arabe ou de l'OCI qui ont appelé sans succès au dialogue politiques puis à l'arrêt de la guerre française au Mali.

1http://www.monde-diplomatique.fr/2013/02/FRINTZ/48744 : Trafic de cocaïne, une pièce négligée du puzzle sahélien – article du Monde diplomatique de février 2013.

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