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Billet de blog 13 mai 2013

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Henri Guaino avocat malgré lui d'une VIè République

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comment un responsable s'amuse-t-il à déstabiliser les institutions, ce qui reste de la Vè République !

Qui parmi le commun des mortels et encore mieux parmi celles et ceux qui se complaisent dans la mouvance du règne Sarkoziste, ne connaissent les frères jumeaux, Claude Guéant et Henri Guaino, deux hauts et dignes leaders, représentants de cette mouvance ? Henri Guaino dont la carrière professionnelle et politique, encore en plein essor, ferait rougir de jalousie bien de responsables politiques en vogue, a engagé un combat exemplaire qu'il n'hésite pas à comparer à celui engagé en ces temps là, par Émile Zola dans la question de Dreyfus. Le voilà dans son combat acharné en appui au frère Claude Guéant en difficulté avec la justice qui lui demande, à lui, l'ancien Ministre de l'Intérieur, de justifier quelques libertés d'enrichissement douteux, prises dans l'exercice de ses fonctions. Pour le Zola des temps modernes, Guaino hurle au crime de lèse majesté, des juges insignifiants qui osent chatouiller l'honorabilité et l'intouchabilité d'un haut responsable français à la carrière, aux performances et à la notoriété, hors du commun.

Le combat héroïque de Guaino, en digne successeur de Zola, a entraîné derrière lui, la solidarité offensive d'une centaine de parlementaire qui contestent, ni plus ni moins, le droit de la justice à s'ingérer et à connaître des actes posés par des responsables ayant eu des charges gouvernementales. Au-delà des éléments peu significatifs de cet incident qui est devenu un combat de titans entre un parlementaire (Guéant) et un juge (Gentil), constitutifs de cette affaire qui connaîtra fatalement une issue banale, de condamnation probablement bienveillante à l'égard du contrevenant, du fait qu'il fut Ministre de la République, l'affaire connaît des retentissements inattendus. Cela semble mener tout droit vers une étape de plus dans l'ébranlement des fondations de la Vè République et la multiplication des dysfonctionnements majeurs entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, dans une indifférence inquiétante des citoyens accaparés dans leurs préoccupations quotidiennes d'emploi, de pouvoir d'achat et d'accès au services publics de base.

Le député Guaino dénonce l'intrusion du juge Gentil dans la vie exemplaire d'un ancien Ministre et refuse de répondre aux demandes de la justice et de la police pour expliquer l'excès de ses remises en cause du bon fonctionnement de l'institution judiciaire dont il conteste la légitimité des interventions. Suivi par une partie non négligeable du Parlement cela devient une affaire de contentieux grave entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire, sans capacité d'arbitrage d'un pouvoir exécutif affaibli et discrédité par les affaires du genre.

Gageons que l'affaire Guaino/Guéant, aux effets démultipliés par des médias gourmands de scandales, ne vienne à renforcer la conviction des partisans de la mise en place impérative et urgente d'une VI ème République qui corrigerait, selon les rapports de forces du moment, les dysfonctionnements institutionnels qui minent une France en crise multiples.

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