La figure de proue de la ZAD du Triangle de Gonesse, c'est Bernard Loup. C'est son nom qui est écrit sur la boîte aux lettres située à l'entrée de la ZAD. Je vais faire l'éloge de cet homme, même s'il est difficile de dissocier sa figure de celle de sa femme, Michèle, aussi militante que lui mais dans un autre genre.
Bernard Loup, comme son nom l'indique, est le grand défenseur de l'environnement, c'est même la personnalité la plus reconnue dans ce domaine dans le Val d'Oise. C'est un homme dont la puissance est autant faite de pondération que de détermination. Je sais qu'il force le respect de hauts fonctionnaires très exigeants. Avec ses amis, il a mené notamment une lutte opiniâtre et victorieuse contre le projet Europacity qui a élargi sa réputation bien au-delà du département.
Bernard est Le militant écologiste par excellence. Son exemple a d'ailleurs influencé une multitude de personnes. Une de ses admiratrices m'a même confié qu'elle l'avait rebaptisé Maître Yoda. Son charisme est d'autant plus fort qu'il est contenu par sa modestie. Autour de lui, le CPTG a eu la capacité de mobiliser de grands rassemblements dans ce coin totalement perdu entre deux aéroports.
C'est un homme de dossiers qui s'est formé sur le tas, au gré des causes à défendre. Il traite énormément de dossiers au travers des associations qu'il préside (Collectif pour le Triangle de Gonesse,Val d'Oise Environnement, entre autres). Il les maîtrise parfaitement et sur tous les plans (expertise naturaliste, juridique, politique, économique). C'est tout le contraire d'un extrémiste aux idées courtes car s'il a des positions arrêtées, ce n'est qu'une fois après avoir étudié à fond le dossier et en tenant toujours compte de la complexité d'une situation.
C'est aussi un grand pédagogue, toutes ses expériences de vie y ont contribué. D'abord il accorde pleinement sa confiance à l'autre, lui laissant sa chance pour faire ses preuves. Sa parole est au service d'une pensée toujours limpide, qui coule à travers sa voix rocailleuse. Son intonation douce sait parfois s'élever jusqu'à l’indignation tranchante, face notamment à l'incapacité des élus à remettre en cause des décisions aberrantes, comme la construction de cette gare du Triangle de Gonesse au beau milieu des champs.
Il a un sens aigu de l'intelligence collective. Ainsi il anime ce collectif de défense des terres de Gonesse avec une pléiade de talents (urbaniste, ethnologue, paysanne, animateur en éducation populaire, cinéaste, etc.) et de bonnes volontés. Et c'est un homme de terrain qui réfléchit toujours en s'appuyant sur la connaissance fouillée d'un territoire donné.
Sur la ZAD, toutes ces qualités trouvent aujourd'hui leur consécration. La ZAD est portée par l'élan et la créativité des jeunes qui ont appris des autres ZAD : Notre-Dame des Landes bien sûr, mais aussi celle du Carnet (44), de Saint-Pierre-de-Colombier (07), de la dune à Bretignolles-sur-Mer (85)... En quelques jours ils ont su construire un petit village de Gaulois réfractaires qui épate les visiteurs. Ils voient Bernard comme l'un des leurs, et non pas comme un président d'association.
C'est cet homme qui va passer à la barre du tribunal départemental de Pontoise le mercredi 17 février, à 9 h. Le motif de sa convocation est l'occupation par la ZAD du terrain de l’Établissement Public Foncier d'Ile de France ayant servi en 2019 au parking des engins du chantier préliminaire en vue de la gare. Nous serons très nombreux à le porter dans notre cœur et ceux qui pourront viendront le soutenir à l'audience de mercredi.