Je viens de terminer Le Hussard sur le toit de J. Giono. L'histoire du personnage, Angelo, se déroule dans un contexte de propagation du choléra dans le sud-est de la France. Je n'ai pas choisi cet ouvrage en fonction de l'actualité, mais j'avoue que traverser aujourd'hui un contexte d'épidémie fait quelque peu écho à ce roman. Les gens décèdent en nombre, la maladie se transmet vite et facilement, on construit des barricades autour des villages, on se cache et se confine.
E.Macron a donné hier soir une allocution télévisée : le coronavirus est un virus dangereux qui traverse l'ensemble des continents. Il se propage rapidement et tue facilement les personnes vulnérables. On ferme les écoles, les crèches, les universités, on annule les événements sportifs, on interdit les rassemblements de plus de 1000 personnes, puis de 100, la bourse s'effondre, les cours du pétrole chutent, et c'est toute l'économie mondiale qui ralentit, dessinant ainsi les contours d'une future récession. En confinant les gens chez eux, l'idée est de limiter la propagation du virus et d'empêcher un afflux massif de malades dans les hôpitaux pour soulager le système de santé. Ce dernier fonctionne à flux ultra-tendus, il est rachitique, en temps normal déjà à la limite, sur le point de rompre, et qu'un simple petit cailloux peut le faire exploser. En Italie, le système est tellement engorgé, que l'on choisi de soigner une victime en fonction de sa capacité à survivre.
Le virus est omniprésent dans les esprits et le langage de chacun. C'est une pandémie et M. Macron a donné le cap aux français : en prônant « l'union sacrée », il fait oublier la fragilité politique de son gouvernement, les polémiques sur la réforme des retraites et son 49-3, les violences policières, notamment faites sur les femmes il y a quelques jours, et la destruction orchestrée de l'hôpital et de la Sécurité Sociale par une diminution des subventions et la multiplication des exonérations fiscales. Presque une aubaine. Il faut rappeler que, il y a encore peu, l'ex-ministre de la santé, Agnés Buzyn, a supprimé des lits d'hôpitaux et que des médecins (plus de 1200) ont démissionné de l'hôpital public à cause de la politique désastreuse vis-à-vis des du service public menée par le gouvernement depuis son élection. Le cynisme est à la mesure de son hypocrisie dès lors que dans son discours il recommande des services publics qui s'extraient de la logique marchande, garanties par l’État, accessibles à tous et pour tous. L'ancien ministre des finances découvre ainsi l'intérêt du service hospitalier. C'est un peu la logique du pompier-pyromane. Je lisais hier soir une publication d'un chercheur du CNRS expliquant que cela fait plus d'une dizaine d'années que des programmes de recherche ont été lancés pour trouver des médicaments et vaccins contre ce type de virus, mais que l'argent public manque, que les politiques ne sont pas à l'écoute...
Alors oui ! Prenons les précautions possibles pour éviter la propagation du virus. Protégeons les personnes vulnérables en empêchant les conditions de transmission du virus, limitons l'engorgement des hôpitaux et la sur(sur)charge du personnel hospitalier, permettons à chacun d'avoir un soin de qualité ; mais ne soyons pas amnésiques, comme nous le sommes souvent : nous le faisons car nos gouvernements successifs et celui au pouvoir actuellement ont crée les conditions d'un système hospitalier n'étant pas capable de faire face à un événement d'une telle ampleur. Nous le faisons car nos élites politiques sont irresponsables ! Et avec le développement de virus lié au réchauffement climatique, et les risques de certaines maladies qui peuvent réémerger (comme la tuberculose), notre système de Santé devra avoir les ressources pour donner à chacun des soins de qualité.