Il y a des années je demandais à ma mère : maman : où y a-t-il encore la guerre ? Au Viet Nam me disait-elle, Oh là-bas ça fait 20 ans que ça dure.- Cela devait être vers 1975, et cet état de guerre qui ne finissait pas me paraissait étrange. C’était encore et toujours la guerre, après les deux autres- les grandes- dont j’entendais parler souvent et qui me paraissaient appartenir à un passé très ancien. Maintenant presque 50 ans après, c’est encore pire. Sans parler de l’Ukraine qui a été à moitié remplacée, on peut dire la même chose pour la guerre Israël Palestine. Mais là c'est encore mieux, ça fait 75 ans que ça dure et c’est donc encore plus surréaliste.
Toujours, j’ai entendu des commentaires pro-Israël, car mon père y était allé à plusieurs reprises et avait séjourné dans des Kibboutz dans les années 50 (3 fois). J’ai d’ailleurs récupéré des disques de musique traditionnelle qu’il avait rapportés de la bas, où l’on voit des musiciens qui portent des armes automatique en bandoulière sur fond de paysages du Neguev.
J’ai cru aux processus de paix et aux accords d’Oslo qui allaient enfin apporter une solution après que des dirigeants, qui avaient été des militaires, s’étaient finalement rendu compte que la solution ne pouvait être que politique, et que le militarisme s’il relevait d’une vision romantique d’un héroïsme dont tout un chacun aimerait se prévaloir, était une vision aussi antique que désuète et mortifère. J’ai cru que nous allions en finir avec les images d’ambulance et d’enfants, petits pantins désarticulés tout couverts de poussière, retirés des décombres et entourés de femmes qui pleurent et qui crient leur dou leur. Mais quand Rabbin a été assassiné je me suis dit –Caramba encore raté! On va en reprendre pour 20 ans. J’avais à l’époque un collègue qui avait les 2 nationalités françaises et israéliennes. Quand je lui ai dit - c’est horrible la mort de Rabbin cela va tout fiche par terre- il m’avait répondu : oh bof,oui oui c’est dur mais bon on verra. Je crois comprendre un peu mieux maintenant, d’où il parlait.
Il n’y a pas de fatalité à l’enchainement tragique des évènements qui se succèdent depuis toutes ces années. Si au bout de 75 ans on en est toujours au même point, voire pire c’est qu’il y a autre chose, il y a d’autres explications d’autres paramètres qui entrent en ligne de compte et qui ne sont pas intégrés dans l’analyse que l’on essaie de faire de cette situation qui parait inextricable. Il y a des choses qui ne sont pas dites ; il doit y avoir des alternatives qui ne sont pas imaginées, il doit y avoir des ambiguïtés et des paradoxes dissimulés qui ont eu des conséquences et dont on ne parle pas. Une seule cause ne produit pas qu’un seul effet et un effet peut des causes multiples.
L’explication biblique de la légitimité de tel ou tel groupe sur un espace aussi réduit ne résiste pas à l’analyse des faits. Si on remonte aux légendes initiales, les fils d’Isaac ne sont pas plus légitimes que ceux d’Ismaël pour revendiquer la préséance, et inversement. Rien ne ressemble plus à un israélien qu’un Arabe, un palestiniens, un libanais ou un jordanien qui d'après les légendes sont tous des descendant de Noé et de son fils Sem (d'où l'expression sémites) . Les systèmes religieux ne sont que des croyances qui malgré leur pratiques discutables, et différentes les unes de autres ne sont pas plus justifiables les unes que les autres au-delà des principes philosophiques humanistes qui eux seuls devraient prévaloir.
La question d’actualité: Le Hamas a fait comme l’état islamique. OK, ce sont des affreux dictateurs terroristes, et des combattants de la liberté qui assassinent des civils, des femmes et des enfants seront toujours très très mal vus; mais pourquoi après tous ces morts des 2 cotés c’est la nation Israël qui est critiquée partout par la majorité des peuples, mais soutenue par les dirigeants et les médias qu’ils contrôlent?
Est-ce parce que le 7 octobre est perçu comme si (1) c’était une Minorité qui se rebiffait contre une majorité ? Pas vraiment car il y a plus d’arabes que d’israéliens dans la région. (2) Est-ce que ce sont des colons qui payent pour tous les palestiniens tués depuis 10 ans ? Peut-être, car si Gaza a été évacuée la Cisjordanie est colonisée. (3) Est-ce que c’est le soutien de Netanyaou pour le Hamas contre le Fatah qui se retourne contre lui et tous les autres israéliens, ou bien y a-t-il (4) convergence des luttes entre les étudiants de Harvard, les habitants des banlieues parisiennes et des faubourgs de Chartres ou Montélimar? Difficile à dire, à étudier certainement, peu probable mais pas impossible. Globalement l’effet «underdog» l’emporte souvent dans l’opinion qui prend toujours partie pour le faible contre le fort ou supposé tel.
Il y a un peu de tout cela dans toutes les réactions que l’on entend depuis le 7 octobre.
Il y a encore une explication que l’on évite d’évoquer et que l’on peut facilement retrouver sur de nombreux sujets et qui fonctionne à tous les coups. Des lors que sont mis dans des deux côtés de la balance non pas des forces politiques inégales mais les individus: les gens. Ceux dont M. Macron parlait dans sa description des personnes que l’on rencontre dans les gares françaises à savoir ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien ou ceux qui sont tout et ceux qui ne sont rien. La première minorité contre la seconde majorité. 1% contre 99%. Cette dichotomie se retrouve dans tous les pays du monde d'EST en Ouest et du Nord au Sud. Pour schématiser ce serait comme si les 1% par l’intermédiaire des médias qu’ils contrôlent voulaient saturer l’espace de réflexion pour empêcher 99% de la population de dire ce qu’ils pensent en décrétant que trouver des explications serait équivalent à cautionner les massacres du 7 octobre. Contrairement à la plupart des commentateurs médiatiques, une majorité des 99% veulent s’interroger sur les origines de ces massacres et de cette guerre interminable. Les commentateurs ou politiciens qu’ils soient vociférant ou pleurnichant sont minoritaires dans la population mais ils sont une majorité effective qui occupe 80% de l’espace médiatique, alors que la majorité du monde réel des personnes se déplaçant dans l’espace public, exprime lui un point de vue antagoniste. Les premiers ont essayé en France d’empêcher les seconds de s’exprimer en essayant de restreindre la liberté de mouvement et d’expression, au nom de la défense de l’ordre public. L’argument principal étant de dire comme le faisait un ancien 1° ministre intérimaire hispanisant , qu’expliquer et comprendre était équivalent à excuser et justifier. Au-delà du contre sens trivial de cette position suspecte –que l’on pourrait accuser de ne pas vouloir anticiper les prochaines exactions pour surfer sur les prochains massacres- on observe une permanence de la désinformation et du mensonge politique comme élément d’analyse au service des intérêts d’une minorité. On constate donc qu’en réalité, ce sont essentiellement ceux qui ne sont pas les principaux bénéficiaires de notre système politico économique qui manifestent contre les bombardements israéliens, ils font plutôt partie des 99% que des 1%. Le matraquage médiatique instrumentalise ces évènements tragiques à des fins de politique interne en fustigeant tous ceux qui essaient de décrypter ces causes du désastre sans se limiter à l’exploitation de l’émotion légitime. Et en outre, on se doit de constater que ce n’est qu’une ultra minorité qui se réjouit des assassinats du 7 octobre.
De tout temps on trouve des gens qui se sont laissé aller hélas vers l’inhumanité et la barbarie Toutes les civilisations en ont connu, en plus ou moins grand nombre; et l’Europe s’est glorieusement illustrée dans cette perversion pendant plusieurs années au 20°s. L’inhumanité criminelle est donc une constante historique qui est toujours instrumentalisée et organisée par une minorité de bénéficiaires dirigeants, et exécutée par une seconde minorité qui sera toujours l’exécutrice des basses œuvres de la première au détriment des populations civiles qui essaient de vivre normalement. Les sbires du Hamas sont envoyés au massacre comme les idiots utiles de leur donneurs d’ordre directs ou indirects qui restent eux, bien installés dans leurs salons à Téhéran ou dans leurs hôtels à Doha, sans parler de ceux qui observent tout ce chaos depuis Djeddah, Dubaï , Abu-Dhabi Istanbul, Moscou ou Pékin en prétendant n’y être pour rien tout en étant au courant et à l’origine de tout. C’est la politique de la «Zizanie» généralisée comme dans Astérix uniquement pour que des politiciens ou des satrapes corrompus puissent se maintenir au pouvoir. L’objectif de tous ces dirigeants sera toujours et uniquement de se maintenir en place avec la complicité directe ou indirects des dirigeants et oligarques bien de chez nous, donneurs d’ordre de nos politiciens d’ici et d’ailleurs dont certains rêvent de faire partie de leur bande. C’est donc aussi cette impression étrange de ne jamais voir se dévoiler l’organisation derrière tous ces désastres, comme si l’on avait peur d’aller chercher les vrais responsables pour ne montrer du doigt que les instruments de cette machination.
N’en déplaise à nos commentateur patentés, le macronisme, version française du prétendu pragmatisme moderne est un des acteur complice de cette zizanie, comme un mix toxique de cynisme, de mensonge politique (on m’a élu sur mon programme), s’appuyant en connaissance de cause sur des théories économiques bidons qui ne marchent jamais nulle part (ruissellement pas exemple) avec comme caution l’efficacité supposée des Mc Kinsey ou du BCG et le concours intellectuel de la rhétorique dévoyée des faux philosophes médiatiques. Il y a hélas de nos jours beaucoup plus d’intérêt qui surnagent que d’idéologies politiques qui sont en voie d’évaporation dans des mouvements gazeux. Nous retrouvons aujourd’hui dans leur version locale ce même positionnement dans toutes les strates des organes de pouvoir au moyen orient avec les résultats déplorables et criminels que l’on observe depuis longtemps, avec encore plus d’horreur depuis le 7 octobre
S’il n’y a pas de fatalité à l’enchainement des évènements tragiques, il y a alors une logique stupide qui aboutit à ce que les démocraties tombent à chaque fois dans les pièges qui sont organisés par les groupes qui ont intérêt à la préservation du chaos et de la Zizanie. Quant à ceux qui reçoivent des obus sur la figure depuis des semaines et des années, ils seront sans doute heureux de savoir que ceux qui prétendent arrêter les armes ont préféré faire passer leur pseudo honneur intellectuel avant l’objectif de rassembler le plus grand nombre contre la guerre, et ce dès le 7octobre, même si cela devait passer par la cohabitation temporaire avec leur adversaires politiques. Résultat: l’opposition au tapis de bombes a été fragmentée et le général israélien qui traitait tous les palestiniens d’animaux a été repris dans les médias sans que personne ne s’en émeuve car toute l’attention était alors focalisée sur des points de vocabulaire.
Longue est la route pour remonter cette pente glissante vers le néant, et comme disait Alain Juppé cette pente est raide et le sac est lourd. Cela passera notamment par l’identification des bénéficiaires de ce système qui sont partout ceux qui organisent le chaos, car si les concepts sont abstraits il n’y a que les individus qui eux sont bien là, en place depuis longtemps et bien décidés à y rester. L’avantage est qu’ils sont minoritaires, mais ils détiennent les vrais rouages du pouvoir qui sont aujourd’hui les médias qui fabriquent l’opinion. Les techniques de manipulations sont connues, mais la théorie dit que l’on ne peut pas avoir toujours raison contre tout le monde.
C’est le choc des pouvoirs et des intérêts qui prime aujourd’hui, et il n’y a pas de guerre de religion ni de civilisation si ce n’est celle de la liberté contre la contrainte, de la démocratie contre la dictature, de l’égalité des droits contre la corruption des esprits, de la fraternité contre l’égoïsme, l’orgueil, la cupidité l’avidité et la colère. Ces travers la sont bien connus depuis les temps très anciens mais nos éditorialistes conservateurs chrétiens présumés n’ont plus le droit d’en parler car leurs patrons sont non seulement des faux patrons de presse et des faux journalistes mais aussi de faux chrétiens.
NB / Hypothèse: les mêmes causent produisent les mêmes effets, à chaque échéance électorales en Israël des «évènements» surviennent à Gaza et en Cisjordanie dont Netanyahou bénéfice dans les urnes. Et s’il en était de même aujourd’hui quand il est 10 fois accusé de corruption ? Et, s’il avait non seulement négligé la capacité de nuisance du Hamas, mais fait exprès de dégarnir le Sud pour laisser faire un massacre qu’il savait imminent, dont il pense être lui le bénéficiaire politique après l’émergence d’une union sacré sécuritaire. Poutine a fait la même chose en organisant des attentats en Russie. Ce serait bien horrible cynique et démoniaque mais c’est une hypothèse… Il doit bien y avoir moyen de la vérifier.