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Qui sommes-nous ? De simples habitant-es et associations des Alpes du Nord et du Sud qui nous opposons à la candidature des régions Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) pour l’organisation des Jeux Olympiques (JO) d'hiver en 2030. Contrairement à ce qu'en pensent nos élus régionaux, départementaux et locaux, nous sommes d'une grande diversité et nous venons de tous bords.
Pourquoi sommes-nous opposés à cette candidature ?
C'est une candidature faite dans l'urgence, décidée par nos présidents de régions sans consultation des citoyens.
D'autres que nous ont déjà refusé l'organisation des JO sur leur sol. En 2022 l'Espagne (Barcelone/Pyrénées) se retire de la course à l'organisation, en raison d'une forte opposition de citoyens qui ne veulent plus que l'argent public soit jeté par les fenêtres. La même année, Vancouver (Canada), qui organisa les JO d'hiver en 2010, s'est vue désavouée par la Province de Colombie-Britannique du fait des coûts exorbitants à engager. En 2023, Sapporo (Japon) renonce aussi. Les scandales de corruption entourant les JO de Tokyo 2020, une opinion lassée des dépenses exorbitantes et de l'inflation des coûts prévisionnels ont eu raison du projet. Salt Lake City (organisatrice en 2002) envisage de repousser sa candidature pour 2034 afin de ne pas concurrencer les JO 2028 de Los Angeles.
Face à cette déferlante d'abandons, le CIO, en quête d'une ville hôte, a dû revoir son agenda et raccourcir le délai d'attribution. La Suisse (qui abrite le CIO), après 48 candidatures infructueuses rejetées par référendum, la Suède, 8 fois candidate pour 8 échecs et pour finir, les Alpes françaises, ont vu là une opportunité pour se positionner.
Cette candidature dans l'urgence ne peut être que bâclée, surcoûts et dérives financières à la clé, alors que l'on vient de nous demander de travailler 2 années supplémentaires en repoussant l'âge de la retraite à 64 ans.
Le coût des JO d'hiver s’élève à plusieurs milliards. En cas d’annulation, le CIO demande aux états organisateurs de verser une garantie et de prendre en charge l’ensemble des surcoûts.
Les JO n'ont jamais été rentables. Beaucoup des infrastructures sportives ne seront plus utilisées, à cause de leur spécificité et de l'évolution prévisible des conditions climatiques après 2030. Tout cet argent aura été investi pour 15 jours d'événements sportifs.
Pourtant, au vu de l’importance de la dette de la région Paca (dont l’encours par habitant est très supérieur à celui des autres régions, selon la chambre régionale des comptes en mars 2020), cela semblerait un minimum – il ne suffit pas de dire que les JO seront « moins chers ». Notre capacité de désendettement s’alourdit : elle se situait en 2023 à 7 ans, contre 5,7 ans en 2022, selon le CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régional). Avis donné en octobre 2023. De combien ces JO vont-ils encore la grever, après le coût des compétitions marseillaises de 2024, non encore pris en compte ?
Nous nous opposons aussi à cette candidature pour les risques de clientélisme et de corruption qu'elle comporte. L'appel d'offre pour l'élaboration du dossier de pré-candidature (350 000 euros) lancé au printemps 2022 par Renaud Muselier, président de la région PACA a déjà fait l'objet d'un dépôt de plainte pour favoritisme et trafic d'influences. Cette plainte, déposée en août 2023, sera instruite par le Parquet National Financier.
Le président Muselier se comporte en despote et seul propriétaire de l'argent de nos impôts: Il a déclaré dans La Provence le 14 octobre 2023 que "si on a les Jeux, tout sera concentré sur les Jeux... Ceux qui n'en veulent pas n'auront rien". Nous savons que des appels téléphoniques ont été passés aux maires du 05 par des élus départementaux et régionaux afin de les contraindre à donner un avis favorable aux JO sous peine de perdre le soutien financier de la Région.
Par ailleurs, pouvons-nous faire confiance à nos élus sur la bonne gestion des dépenses publiques ? Prenons comme exemple désastreux, les centaines de millions déversés dans l'urgence, cette fois-ci justifiée, pour la reconstruction des vallées suite à la tempête Alex. Réhabilitation qui fait l'objet aujourd’hui d'un gel et d'une enquête du fait de travaux payés non réalisés ou d'ouvrages aberrants réalisés sans contrôle, comme ces parkings à bus construits au bord de la Vésubie. Ne devrait-on pas s'alarmer ?
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Faut-il rappeler les engagements de la France en matière de climat à l’horizon 2030 ? La température augmente 2 fois plus vite dans nos montagnes qu'ailleurs en France, et nous subissons chaque année les effets du changement climatique, que nous soyons agriculteurs, employés de station, guides, hébergeurs, etc.
Renaud Muselier nous parle de dameuses à hydrogène, de panneaux photovoltaïques dans les stations. Nous lui parlons des milliers de spectateurs qui viendront en avion et en voiture, et des centaines d'hectares de terres agricoles si précieuses qui vont mourir sous le béton comme pour les JO de Pékin. (il est vrai que ce n’est guère le souci de M. Wauquiez qui souhaite se retirer des engagements de zéro artificialisation nette) Sans parler de la ressource en eau détournée pour alimenter les canons à neige mettant en péril les métiers essentiels de nos montagnes. Cette eau provient de nos glaciers, et ils fondent à vue d'œil.
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Pour nos présidents de régions, les JO permettraient le développement d'infrastructures au bénéfice de tous, comme le train par exemple. Le train est une compétence des régions et depuis des années nos lignes se meurent : les guichets ferment, les prix des billets augmentent, le personnel diminue, les créneaux horaires disparaissent. Si nos régions voulaient que le train, transport d'avenir face au dérèglement climatique, se porte mieux, elles auraient pu investir massivement dans le ferroviaire, JO ou non, depuis longtemps. Des travaux d'une telle envergure ne pourront être achevés avant 2030.
Les JO vont provoquer une compétition entre stations de ski des Alpes. Les grandes stations avec une altitude et une exposition favorable à l'enneigement, déjà bien équipées, dont l'accès est facile et la fréquentation importante, seront privilégiées. Les plus petites, qui ont besoin d'appui et d'aide financière pour se réinventer, se diversifier, seront délaissées, ainsi que leurs populations.
La bascule dans les années 60 d’une économie vivrière vers un système économique basé sur le loisir et le tourisme a transformé le visage de nos montagnes. Ce système atteint aujourd'hui ses limites, environnementales et sociales : inflation des loyers et de l'immobilier, destruction des terres agricoles et des milieux naturels montagnards pour des projets immobiliers et de nouvelles infrastructures pour accueillir l'afflux toujours plus important de touristes, et cela au seul profit de 10% de la population, qui peut s'offrir des vacances au ski.
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L'avenir passe désormais par un tourisme raisonné. Continuer à miser sur l'industrie du ski et des grands événements est un mauvais calcul pour les générations futures car c'est miser notre avenir sur des activités vouées à disparaître. Pour maintenir l'attractivité de la montagne, il faut, au contraire, la préserver de la bétonisation, se soucier de sa pérennité et valoriser ses usages vertueux (agriculture, pastoralisme, artisanat, construction durable, etc.).
Les investissements colossaux prévus pour les JO doivent être réorientés. Nous pourrions même anticiper d’ores et déjà une année sans neige (car oui, cela arrivera) et commencer à constituer une caisse de solidarité climatique pour les habitant-e-s et les saisonniers qui se retrouveront en difficulté. Tout cela vaudrait bien mieux que d’entretenir à grands frais une piste de bobsleigh sous utilisée une fois les compétitions terminées.
Ne devrait-on pas assurer des logements décents aux saisonniers et aux habitants alors que 76% sont des passoires thermiques et 59% sont dédiés aux résidences secondaires ?
Ne devrait-on pas assurer des emplois pérennes plutôt que des CDD écourtés par manque de neige et relégués au chômage partiel ?
Nous ne pouvons pas sacrifier la survie de nos territoires aux ambitions politiques personnelles de nos présidents de région soutenus par le président de la République. Le CIO vend du prestige et de la renommée internationale, les acheter à n'importe quel prix ne peut répondre aux besoins des populations.
Face à l’opposition suscitée par cette candidature, M. Muselier a trouvé la parade : un sondage. Commandé à l’IFOP par la région Alpes-Côte d’Azur, il acterait à 73 % le soutien populaire aux JO d’hiver dans les Alpes du Sud (30% seulement s'intéressent au sujet). Le hic, la question posée aux sondés : « Êtes-vous pour ou contre des JO respectueux de l’environnement ? » Répondriez-vous Non, vous, à un sondage qui vous demanderait : « habiteriez vous sur Mars si la planète était fertile et respirable alors que la terre serait devenue invivable ? » Comme si les hypothèses énoncées étaient une réalité indiscutable. Probablement obtiendrions nous aussi ce pourcentage de pour et nous pourrions claironner haut et fort : « 73% des français sont pour habiter sur Mars »
Nous réclamons un référendum national concernant la candidature des Alpes françaises aux JO d'hiver 2030. Le CIO lui-même exhorte, par la voix de son vice-président John Coates, les pays candidats à le faire pour éviter un désistement au dernier moment.
Nous sommes tous engagés pour la défense de notre magnifique territoire que Renaud Muselier et Laurent Wauquiez veulent transformer en parc d'attractions. Nous défendons la beauté de nos "pays" et la possibilité pour tous d'y vivre. Nous invitons, tous les citoyens particulièrement ceux des Alpes, à s'opposer clairement à cette candidature, au gaspillage de l'argent public et à la catastrophe environnementale inévitable qu'elle implique.
Pour en savoir plus : https://no-jo.fr/
Pour signer la pétition : https://chng.it/5kN2Mf9DZ8