Suite à la parution le 5 mars 2014 sur www.lemonde.fr d'un article intitulé "À Roubaix, le médecin des roms suspendu d'activité", droit de réponse publié le 12 juin 2014 sur le site Internet du journal Le Monde, accessible à l'adresse suivante:
TEXTE INTÉGRAL DU DROIT DE REPONSE (publié le 12 juin 2014 juste à la suite de l'article)
L’article cite des propos qui mettent en cause ma pratique professionnelle. Le Dr Bernard Decanter, secrétaire général du conseil départemental du Nord de l’ordre des médecins, a été interrogé sur les motifs de ma suspension d’activité découlant d’un jugement rendu en 2013 de la section des assurances sociales du conseil national de l’ordre des médecins, et non pas par le tribunal des affaires de sécurité sociales, après un contrôle d’activité débuté en 2009 par la caisse primaire d’assurance maladie de Roubaix, suite au ciblage d’une cellule de la caisse nationale d’assurance maladie, une « activité supérieure à la moyenne du secteur ».
A mon très grand étonnement, les propos cités dans l’article insistent exclusivement sur les soins que je dispensais aux patients toxicomanes, alors qu’ils ne représentaient qu’une part minoritaire de mon activité, en proportion égale à la représentation de ces patients dans la population. Les pratiques irresponsables et dangereuses que ces propos m’attribuent sont toutes absentes du délibéré du jugement et ne figuraient pas dans la requête de la caisse primaire d’assurance maladie.
Mes ordonnances de traitements substitutifs aux opiacés, subutex et de méthadone, appelée « dérivés à base de morphine » dans l’article, ont été reprises une par une pendant le contrôle, sans y retrouver aucunes des anomalies citées. Leur vérification exhaustive a confirmé l’absence totale de prescriptions de durées anormales, de chevauchements de deux prescriptions avant la date prévue de renouvellement, ou encore de surdosages. L’absence d’anomalie est par ailleurs attestée par de nombreuses personnes proches du dossier. Les « pratiques dangereuses » reprochées dans le délibéré de mon jugement concernent l’association inconstante de tranquillisants de la famille des benzodiazépines avec les traitements substitutifs aux opiacés. Ce n’est pas une contre indication absolue mais elle n’est pas souhaitable, et pourtant prescrite dans des proportions très importantes, tous praticiens confondus.
Enfin, et contrairement aux propos cités, j’ai moi même décidé de délocaliser mon cabinet en centre ville de Roubaix, antérieurement à mon ciblage, dans le seul but de diminuer et réguler mon activité, et non pas les prescriptions de morphine, lesquelles étaient parfaitement régulières, mais sans aucun conseils ni sommations d’une CPAM qui n’a ensuite pas tenu compte de mon retour à un volume d’activité normal en conduisant une procédure qui a duré 5 ans. J’ai quitté le quartier dit difficile par manque d’associés volontaires et d’une structure adaptée pour y exercer dans les règles de l’art. Cela n’est plus possible, là où le « cabinet médical classique » est devenu totalement inadapté à une population rendue particulière, en conséquence première de la précarisation croissante qu’elle subit.
J’ai conscience, pour l’avoir vécue et moi-même gérée, qu’une suractivité est incompatible avec une qualité pérenne des soins attendus de la part d’un médecin de famille, et surtout, de la gestion administrative imposée par la réglementation actuelle de l’assurance maladie. Je n’ai tiré aucun intérêt ou bénéfice personnel des « anomalies » dont parle le jugement de la section des assurances sociales de l’ordre des médecins. Je n’ai nui à aucun patient. Je suis resté médecin et suis très fier de l’être encore.
Christophe Lamarre