Sous-tendant les évolutions, inquiétantes à bien des égards, de la gouvernance de notre pays, j’observe avec une préoccupation grandissante l’évolution parallèle du discours vers la banalisation de l’inacceptable - laissant penser que l’on nous prépare à prendre un futur révoltant pour une évolution inévitable.
Il est inacceptable de laisser se faire - sans rien remettre en cause de notre course folle - la détérioration climatique. Or on nous annonce, insidieusement une augmentation de près de quatre degré de la température en France avant la fin du siècle. Est-ce à dire que cette évolution est entérinée par ceux qui nous gouvernent ? Lorsque l’on voit les évènements climatiques à la saveur pré-apocalyptique se succéder partout dans le monde, pour moins d’un degré 1/2 de variation de température moyenne, cette petite phrase glissée dans un flot d’autres informations préoccupantes est glaçante. Qu’est-il fait pour agir suite à cette soit-disant “prise de conscience”, à ce faux “parler vrai?” ?
Il est inacceptable d'anticiper la catastrophe humaine annoncée des pays les plus fragiles en préparant activement un repli égoïste et sans pitié de nos pays - qui les ont surexploité, corrompus et fragilisés - par le discours de plus en plus violemment xénophobe et sécuritaire de ceux là même qui prétendent défendre les valeurs républicaines et humanistes. Que ferons -nous lorsque les migrants de la faim ou de la soif seront massacrés à nos frontières ?
Il est inacceptable de préparer le silence des peuples face à ce qui s’annonce par l’instauration rapidement progressive de la répression et de la peur, comme on a pu le voir ces derniers mois avec la multiplication des interdictions de manifester, l’accentuation jusqu’à l’intolérable de la répression policière, l’assimilation des politiques et des citoyens qui tentent de lutter contre ces évolutions à des terroristes, la tentative de museler les associations de droits de l’homme qui expriment leur profonde préoccupation, la mise sur écoute de militants écologistes, la dissolution d’associations militantes etc.
Les faits sont inquiétants, mais le discours lénifiant et parfois mensonger qui les accompagne l’est plus encore. L’emploi habile de ces paroles qui pénètre insidieusement nos esprits - comme le souligne l’excellente interview d’Edwy Plenel sur Blast (https://www.blast-info.fr/emissions/2023/extreme-droite-le-pire-arrive-par-les-mots-Vr0ZrW9SQZizWav6EhP9Bw) - nous prépare à accepter le pire. La violence n’est pas du côté de ceux qui luttent, elle est dans ces actes - ou ces non-actes - mais aussi dans ces mots.
Réveillons-nous ! Démontons collectivement ce discours ambiant ! Demain il sera trop tard et nous pleurerons notre planète et ses morts.
Les mots tuent- silencieusement