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L'AUTEUSE ou l'ôteuse ? je plais-ante ...

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Billet de blog 2 mars 2016

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ouille mon côlon

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

oui non mais quand je suis allée au scan faisant suite à la colono, je connaissais bien les IDE et leurs éternels refrains et des deux côtés du miroir - donc comme toubib et comme patiente - comme quoi elles travaillent trop/souffrent au travail sont exténuées mais toujours tellement au taquet etc. etc. et on reprend au début (et en revendiquant à flux tendu d'être des soignantes pour être mises dans le même paquet que les toubibs, et qu'on croie qu'elles soignent avant tout les gens) et je savais aussi qu'elles en passaient du temps au café et à tout reluquer pour pouvoir colporter des ragots mais là quand même je dois vous le dire mes cocos j'ai été sidérée-sciée-sur le cucul je le croyais pas c'était carrément incroyable mon côlon - à ce point-là j'aurais pas pu l'imaginer, vraiment je vous jure, quelle ambiance 

bon la secrétaire d'accueil qu'est pas contente parce que t'as lui pas emmené ton CV et que t'es pas d'humeur à papoter avec c'était couru d'avance - encore que celle-là était finalement très sympa elle a pas insisté pour me faire cracher de vive voix que c'était un cancer quand elle a vu que j'allais pas me mettre à babiller avec (si je vous rassure y a bien eu le petit jeu habituel moi-qui-connaît-les-locaux-as-my-pocket je prends soin de bien t'embrouiller en te disant pas clairement où c'est pour te voir te planter dans le choix de couloirs/de portes comme Kafka et que tu soies obligée de revenir humblement me demander, et ainsi pouvoir te faire sentir que tu me déranges dans mon importante tâche de tirer les vers mais du nez à celui plus malléable qui s'est présenté après toi

mais ne soyons pas rancunière comme dit précédemment après avoir deux mois espéré la colono, donc y avait rien, et passée l'occlusion de cause finalement médicale qui eût pu me faire également défuncter (comme l'ISA vous vous rappelez ?) si je n'eusse point été en capacité de me prescrire les remèdes appropriés, j'avais donc passé deux bons mois encore à me demander si ce scanner avec aussi un tube dans mon cucul était-ce bien raisonnable que j'y aille étant donné le peu de chance malgré mon anatomie torturée qu'il y ait finalement une lésion digne de ce nom (avec des pensées pour les ceusses qui sont sûrs d'en avoir, des saloperies du genre) 

mais bon comme je suis une fille méticuleuse et finalement obéissante comme on me l'avait prescrit j'y suis donc allée quand même 

pour une fois assez rassurée - comme les personnels aiment tant te le faire savoir après que tu soyes passée entre leurs pattes, ça colle pas pourtant puisqu'en général c'est bien leur dernier souci et aussi d'ailleurs leur dernier effet sur toi - ils sont rien moins que rassurants en effet, vous avez compris 

donc là pour le coup ça allait mais, enfin parvenue dans la salle d'attente, je m'assois et je sais pas, l'odeur de l'hosto, la couleur des murs, les affiches t'expliquant que les soignants sauvent des vies et exigeant que tu dois être patiente, un ensemble de choses, tu commences à te dire que t'es finalement pas là pour rigoler - et y avait un autre type avec moi, qui avait l'air à priori aussi accorte que myself mais également sur une espèce de pente descendante, calme mais tout égal de moins en moins enclin à sourire : de fort civil qu'il semblait à la base vous voyez, on aurait dit que quelque chose coinçait, et une certaine gêne s'installa entre nous

après une minute tranquillement assise avec lui j'ai compris : on entendait les rires des gorges déployées de l'équipe [infirmières + manipulateurs radios] mâtinés d'entrechoquages de tasses probables à café, c'était 8 heures, et à vue de nez je dirai à une distance de 20 mètres environ de là, invisibles évidemment mais si puissamment audibles - ce qui est nécessaire et suffisant pour t'empêcher, déjà, de lire tranquillement les photos des points de vue et images du monde, merde alors 

le mec était tout habillé et devait donc être arrivé peu avant moi, à l'heure, mais on a attendu ensemble qu'on me prenne pour m'entuber pour ce fameux scan de mon côlon avec un petit retard de bien trente minutes - eh ouais, le pauvre coco a lui aussi attendu tout ce temps, même si d'évidence en aussi bonne santé que moi avec notamment pas de signes déjà extérieurs par ex. de chimiothérapie ou d'autres traitements de la dernière chance - pour parler français, il ne semblait pas redouter de trop non plus l'examen 

non, ce qui fut pénible, ce fut d'entendre depuis mon entrée rafraîchie en ces lieux et pendant 30 TRENTE minutes ces rires éclatants et ces chocs de tasses, et je crois même que nous pûmes entendre quelques bribes de ces commérages si répandus et dans lesquels toutes mes activités hospitalières précédentes avaient baigné - de mon premier stage d'externe à mon précédent autre et encore assez récent enfilage par l'anus encadré d'un séjour en établissement également peu hospitalier pour rechercher la bête immonde qui eût pu me détruire définitivement, bref, longtemps, si ce n'est tout le temps, formant un fonds continu sur lequel tu surfes avec plus ou moins de bonheur 

donc en cette salle d'attente, d'assez détendus, encore d'apparences insérés dans la société civilisée et forts capables de formuler des formules de politesse voire même éventuellement de communiquer entre nous, ne redoutant pas visiblement ou peu ou très prou l'examen radiologique dont nous allions devenir les objets, nous sommes le mec et moi devenus cois, moroses et assez grisâtres de teints, sous cette avalanche continuelle de rires hurlés et de chocs de céramiques entre elles ou sur une table imaginée, assez lointains mais si proches car total envahissants et réverbérés par les cloisons 

à tel point que parvenue pour ma part dans la salle d'examen où on allait me faire des choses, quand le chef du sévice avec une allure de bon papa s'est pointé pour me demander assez aimablement à son goût comme à une gamine demeurée si j'avais bobo à mon petit ventre après qu'on m'aie infusé de l'air dedans par la petite sonde ou quelque chose comme ça je me suis entendue lui rétorquer en une méchante réplique mais en forme de oui, vilaine réprimande, qu'après tout on cherchait quand même avant tout un cancer, ce qui l'a un peu refroidi lui zaussi et je dois dire qu'il est redevenu tout à coup sérieux comme un vrai pape et illico presto s'est montré fort intelligible dans son expression et ce, même sans savoir que j'étais de la baraque, enfin, toubib - après il est devenu encore plus tout chou voire rondement sympathique, et c'est même le seul qui s'est montré intéressé par son boulot (à lui, sans nullement s'ingérer dans le mien supposé) et non par mon cancer (que donc j'ai pas l'heur d'avoir) ou/et par mon trou de balle 

je n'étais donc plus en occlusion incapable de bouffer depuis des jours mais le bide ayant triplé de volume, et donc un peu beaucoup dans le caca [et avec un des rigolos de SOS médecins temporairement sur ton dos qui veut te prescrire sans même pas l'ébauche d'un diagnostic - et ce, malgré mes diplomatiques mais audibles efforts pour qu'il l'entende - de ce bon vieux SpasfonΩ, excellent médoc par ailleurs et que j'aime beaucoup en général, mais pas là, car formellement contre-indiqué dans ce cas précis, le mien, pouvant éventuellement accélérer ton trépas en causant dilatation disons suraiguë de ton côlon, perforation septique par éclatement du boyau et donc vraisemblablement décès odorant & à grands bruits pour le compte, et te mentant également sans vergogne voire effrontément pour te dire que la prise de sang incomplète par lui prescrite a été lue par le chef du laboratoire himself mais que celui-ci ne l'ayant pas illlico et de go sur le champ rappelé dans l'urgence elle était bien évidemment normale, ce qui bien sûr se révéla faux, et archifaux, comme lui] [donc le mec, ayant vu de la lumière chez moi, était entré 😉] mais zau contraire depuis des mois OUF 😉😉 parfaitement asymptomatique, toutefois j'ai quand même eu une pensée pour tous les pauvres cocos ne l'étant pas et se voyant dans le meilleur des cas - car ce Monsieur, le big patron donc, s'est montré tout à fait correct voire plus que capable après ma réaction un peu vénère, rappelons-le, même avant l'annonce de mon honorable profession - interpellés comme des gogols attardés ET en proie à l'une ou l'autre des souffrances précédemment endurées ... je l'ai déjà dit, nous malades, nous voyons de la lumière, et nous entrons comme ça, pour (s') amuser 😉😉😉 ... 

→ et le mec (ou la nana) qui en a chié des caisses pour rouler jusque là comment il (fait pour) supporte(r) tout ça ? 😮 sans parler de le soutenir ...

oui non pour en revenir à moi et à ma forme olympique de départ ça m'avait juste rendue de mauvais poil et peut-être donc un peu vénère cette ambiance d'hilarité à distance arrivant en lames de fond jusque dans la salle d'attente et m'accompagnant partout, juste interrompue quand l'interne es radiologie fier comme tout voire un (petit) coq a enfoncé sa (petite) canule dans mon anus, geste exécuté derrière mon dos évidemment et que j'ai entendu accompagné donc enfin d'un silence de mort et de froissements fébriles derrière ce que j'ai découvert la vitre d'où on te surveille, quand on te rend enfin tes longues-vue, j'entends par là mes lunettes culs de bouteille (je serais tentée d'en tirer des déductions, vu le nombre de fois où dans les sévices de radio la nana qui t'accompagne dans le réduit hyperéclairé lui pour te déshabiller, ou plutôt non te montre de loin d'un geste dédaigneux la porte pour y entrer, arrive tout à coup plötzlich subitement pour te l'ouvrir à la volée quand t'es dedans et surtout aux trois quarts à oualpé

quand j'ai été rajustée et en ordre de marche pour rentrer dans mon chez moi ami et bien plus hospitalier, j'ai encore un peu attendu dehors, les rires ayant repris au maximum de décibels depuis que j'avais plus les fesses à l'air et enveloppaient à nouveau tout, et le mec de la salle d'attente qui avait partagé la montée de mauvaise humeur précédente étant passé aussi est venu me rejoindre ayant retrouvé un peu d'allant et du bon poil puisque partant aussi, pour m'informer que les trente minutes d'attente c'était parce qu'elles (les IDE ou les manips radio, y avait une majorité de rires féminins c'est vrai) avaient eu du mal à piquer le mec encore avant nous arrivé inopinément des services 

j'ai pas pu m'empêcher de laisser échapper que j'en avais marre d'entendre pendant les attentes à l'hosto une tonne de personnel se marrant voire s'esclaffant quasi en continu, comme là (j'ai bien sûr pas parlé du silence lourd de tension quand je fus sodomisée au vu de la vitre froide et anonyme) - incroyable le visage du mec s'est totalement éclairé à mes paroles, comme si on se connaissait depuis toujours, bons poteaux, et il a acquiescé aussi un nombre incroyable de fois, je vous jure mes cocos ... il faut dire que ce monsieur était un peu plus âgé que moi et à ce titre peut-être avait-il eu des expériences en la matière - ou alors par pure bonté d'âme ou même pour d'autres obscures raisons avait-il voulu me faire croire que ces gens se marraient pas mais avaient essayé de bosser à la place et trouvait sa conscience soulagée tout à coup de voir ce secret qui n'en était pas un, dévoilé - mais je sens que je m'égare un peu en suppositions ...

toujours est-il que tu peux pas t'empêcher, quand tu vois le contraste entre comme t'es soulagée et la chape de plomb visiblement tombée sur tous les autres arrivés dans la salle d'attente entretemps, semble-t'il encore beaucoup moins jouasses que nous deux à 8 heures du mat, certains même avec le visage presque comme de la cendre sombre (je ne pouvais évidemment pas savoir dans quelles proportions c'était du fait des éclats de rire tonitruants auxquels ils étaient soumis depuis le moment où j'étais entrée, soit une bonne demi-heure aussi, et/ou de celui de l'attente d'un résultat moins favorable que le mien), de te mettre un peu à la place de ces pauvres gens dans l'attente et d'imaginer endurer leur calvaire, toi qui t'en vas retrouver le calme du dehors, et tu essaies de cacher ta joie, quand même ... bêtement, vous voyez 

franchement, quand tu vois la situation du dehors, là du couloir, toi qui rentres soulagée et les autres qui attendent leurs mines sombres sous cette hilarité absolument énorme qui tombe sur nous comme une averse continuelle, comment dire, t'as un peu pitié ...

bon mes cocos adorés d'amour il est presque déjà quasi-minuit sur ce je vous lèche 😛

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