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Billet de blog 4 mars 2016

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salut cocos 🙂

vous savez les aminches, à propos de petits jeux, souvent les toubibs t'annoncent ce qui t'arrive donc comme ça assez supérieurs, des fois voire en se bidonnant plus ou moins, comme si c'était pas grave

moi donc j'ai fait à moment donné ces études disons un peu longuettes en me disant béotienne que j'étais peut-être assez et que je suis encore à c't'heure (et il est tôt) que ce que j'allais apprendre ça me servirait au moins à expliquer aux gens ce qui leur arriverait - je sais que vous, mes cocos chéris, vous me comprenez  

quand j'ai commencé moi-même à faire des trucs (des maladies) assez cognés voire carrément sérieux, du genre à hurler dans la nuit noire et à supplier pas très élégamment tes ancêtres de faire quelque chose pour toi, comme par ex. ces poussées d'insuffisance surrénale aiguë pas vraiment fugaces mais heureusement terminées maintenant, j'ai quand même été assez sciée de voir qu'en face niveau mes cons frères et sœurs qui en principe auraient dû ne pas être aussi démunis que moi à l'époque voire être les personnes idoines pour m'en sortir, il y ait aussi peu de répondant voire quelquefois carrément de la rigolade rondement menée comme cette interne aux urgences me traitant de, je re-cite "merde psy ", ou par téléphone la chef du sévice dédié, de "gastro " - je vous jure, ça fait bizarre quand t'as pas pu bouffer depuis des semaines 

(non mais j'arrête, vous allez croire que je suis obsédée par la bouffe, si je continue ...

plus sérieusement je me rappelle avoir demandé et fort civilement à cette chef pourquoi ils minimisaient comme ça (les toubibs) - simple question posée donc aussi naïvement et fraîchement qu'une gamine à peine sortie de l’œuf - je sais pas comment vous expliquer ça correctement cocos, mais j'essaie : disons que cela faisait à ce moment-là, quand j'ai pris mon ordi pour lui écrire, presque 5 semaines pleines que j'avais pas pu ingurgiter quelque chose sous forme solide, donc peut-être un peu à vif, et, exposant à cette chef par le menu les souffrances que j'endurais, pour donc juste avoir SVP les doses introuvables ailleurs du médoc pour en sortir, je me rappelle de l'instant quand, levant mon doigt du clavier je me suis rappelé en un éclair et en condensé toutes les péripéties récentes de l'époque, et aussi entre autres de ce toubib de SOS appelé à l'aide auprès duquel j'avais encore assez poliment aussi insisté pour qu'il me donne ces fameuses doses, au lieu de refaire ma déco intérieure, me traitant d'"hypomane " parce que ça l'avait énervé que je lui demande de bosser un peu - de ce télescopage est sorti ma question de si naïve apparence et non feinte

non mais je sais pas y a une espèce de distorsion qui t'apparaît évidente, quand tu te rappelles tout ce temps passé à lutter contre le diable i.e. les souffrances inouïes que te valent ce bête déficit en cortisol contre lesquelles t'as lutté pied à pied chaque minute de chaque jour pendant cette petite éternité de 5 semaines te disant seconde après seconde qu'il fallait rien lâcher (heureusement que je bossais pas, j'aurais pas donné cher de ma peau sinon, au fait), et que tu réalises la légèreté en face 

et c'est pas rassurant, cocos, ni pour moi ni pour vous d'ailleurs il faut bien l'avouer, que demandant si gentillement ces putains de doses à cette chef qui après tout est quasiment ma sœur, voire lui confiant en toute confiance l'étendue des dégâts, la nana finisse par me cracher certes les quantités à prendre aussi dans un courrier mais qui m'arriva fort tard, mais surtout me colle ensuite un paragraphe entier m'expliquant complaisamment et en long large et travers ayant bien compris ma question je le sens (mais pourquoi ils minimisent ?) que je présentais je cite de mémoire des difficultés psychologiques majeures voire que j'étais complètement tarée - ça c'est pas très gentil pour une con-sœur 

c'est-à-dire que si tu demandes intelligiblement à être soignée inévitablement je l'ai noté on te traite de tarée voire de conne, donc y a un problème je pense  

je pensais aussi ce matin en ouvrant un nœil donc tôt que moi ce que j'aimais en tant que toubib c'était expliquer aux gens ce qui se passait quand ils étaient malades, pour pouvoir leur faire comprendre l'utilité de tel ou tel traitement aussi - bon je note que souvent c'est là que le bât blesse, souvent t'as l'impression que t'es le messager sur lequel on tire à vue, ou plutôt quand on l'entend dire les choses (dans le cas des malades surtout quand ils vivent pas des situations désespérées, sinon en général et dans les cas de grandes urgences ils apprécient assez que tu te sortes les doigts du cucul) 

oui je sais cocos quand les toubibs te racontent des craques ça doit s'appeler non pas la force du destin (encore que ...) mais plutôt celle du déni, toutefois on reste sciés par la capacité qu'ont certains à pas voir plus loin que le bout de leur nez, comme cet urgentiste les bibelots sur mes étagères ou cette chef du sévice peut-être sa volonté de me faire comprendre qu'elle maîtrise mon métier de généraliste mieux que moi, puisqu'étant spécialiste, en voulant m'enseigner ce qu'est une gastro, et de se prendre pour une psychiatre aussi 

par ailleurs je me suis toujours méfiée des discours ésotériques, et bien que mes exemples soient assez mal choisis pour le coup, ça m'a toujours un peu défrisée que l'on emploie un langage pointu mais obtus pour soi-disant expliquer aux malades, et de toute façon j'aurais eu très honte de me gargariser devant eux comme ça - je pourrais pas, je pourrai jamais

je sais pas je trouve assez peu fair play, si c'est un jeu, que l'on recrache des termes médicaux que les gens peuvent pas piger pour dire qu'on les soigne, même si on dirait que beaucoup de gens aiment ça, peut-être en se sentant élevés à la qualité de celui ou celle qui leur balance des mots compliqués parce que " scientifiques " (même si ça peut vouloir rien dire, ou n'importe quoi

c'est vrai que d'expliquer ce qui se passe (ou du moins ce que moi j'avais compris de la situation médicalement parlant mais en langage donc compréhensible) en français j'ai souvent eu des réactions de colère, majoritairement de la part de gens que je connaissais pas avant et/ou en gardes d'urgence, donc pour des urgences où y a pas un risque vital immédiat et/ou si y a beaucoup de gens autour qui causent 

donc en fait si les médecins ont une image du malade, l'inverse est souvent vrai aussi : à priori tu dois faire doctoral ça passerait mieux 

souvent je me dis qu'il y a des gens qui s'ennuient quand même, ou qui ont du temps à perdre - en gros comme malade je voulais en sortir de préférence vite, et comme médecin je voulais vite en sortir les gens, y a quelque chose  

comme médecin je me suis toujours vue comme un outil, tu interroges examines les gens tu fais ta petite cuisine tout ça tout ça, mais ensuite tu dois leur servir à quelque chose en déjà leur traduisant ce que tu as trouvé, tout bêtement pour qu'ils puissent comprendre ce qui leur arrive, déjà, et puis se situer dans le schmilblick qui leur est tombé dessus et avoir même une action possible dessus si possible 

c'est comme pour la douleur, que je déteste et à cause de l'existence indéniable de laquelle j'ai lu en loucedé parallèlement au cursus commun le maximum de ce que je pouvais lire sur le sujet je vous jure, et officiellement suivi les enseignements du diplôme d'université de soins palliatifs qui en parlait enfin beaucoup, ainsi que ceux de la capacité (donc, du traitement de la douleur) c'est pas de l'autopromo c'est pour montrer que ça m'a vraiment obsédée tout le temps : en effet si la douleur c'est le maître-symptôme dans pas mal de cas, j'aime pas perso traiter avec des gens qui me sont inférieurs car amoindris parce qu'ils ont mal

 je sais pas je voulais pas vous parler de ça ce matin mes cocos, mais comme quoi on est pas maîtresse de tout

 il faut que je vous laisse j'ai du taf par ailleurs 

mais je vous fais de très gros bisous toujours 😉

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