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L'AUTEUSE ou l'ôteuse ? je plais-ante ...

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Billet de blog 5 mars 2016

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

quand je dis mes chers cocos 😉 que je déteste particulièrement avoir affaire à des malades diminués, notamment par la douleur, qui manque rarement de se manifester et comme par hasard quand on a encore moins besoin d'elle qu'en bonne santé la petite taquine-coquine, c'est vrai : mais c'est au sens où je pourrais pas faire semblant de rien voir devant donc un(e) malade plié(e) en douze ou de cette belle couleur grise cendrée voire tout simplement avec les traits tirés par des algies de quelque origine soient-elles, et me barrer le front marmoréen et le port altier avec ma trousse d'urgence en peau de croco dans mon petit cabinet ou bien le/la contempler posément débarrasser le plancher dudit, sachant que le mec ou la nana sera ensuite livré(e) à un combat solitaire contre des souffrances déjà physiques qui ne pourront manquer de l'avilir d'avantage

c'est marrant, mais là ça me rappelle mes bobos à moi quand j'étais jeune avant mes études, avec notamment cette ostéomyélite formant un abcès comme un panaris, mais gros comme un de mes petits poings sur le côté gauche de mon pied gauche, contractée dans les suites d'une intervention orthopédique au décours de laquelle un redon s'était inopinément barré formant une collection hématique s'étant surinfectée, et soignée au départ par une simple monothérapie de très courte durée (genre 5 jours) par pénicilline donc à large spectre, et comme je l'avais remarqué malgré mon jeune âge de l'époque mais sachant déjà lire une notice par une dose adaptée plutôt à un nouveau né (genre 125 mg 3 fois par jour) ce qui avait dû aider à bien faire flamber le processus - mais bon, c'est peut-être de ma faute, je les avais déjà énervés en leur signalant qu'il y avait du pus qui coulait un peu après l'opération

et puis ils en avaient peut-être marre de me voir tout le temps aussi, vu que la fracture inaugurale située pile sur un point de sustentation majeur du panard avait nécessité plus de 50 plâtres j'ai compté (donc de 6 semaines chaque) - ça avait cassé ils me plâtraient 6 semaines, ils enlevaient le plâtre, ça avait pas consolidé, ils remettaient un plâtre pour 45 jours, puis l'ôtaient, c'était toujours cassé, ils remettaient une botte plâtrée etc. etc. (dont beaucoup au début avec un bitoniau pour marcher avec, or la fracture était malencontreusement située juste au-dessus, quand je marchais avec - donc dessus, je leur avais bien dit, aussi, mais vous savez bien, quand on botte en touche, ça les énerve ...) [... de comment passer le temps de 18 à 21 ans]

donc ça a quand même fini par donner cet énorme abcès d'une belle couleur violacée avec aussi des reflets azuréens voire rougeâtres mâtinés de bon vieux jaune caca d'oie, et pour tout vous dire là tu hurles carrément de douleur, ce qui les effraie un tout petit peu - déjà les ambulanciers avait arrêté leur camion en plein soleil avec moi dedans déjà trempée de sueur avant pour aller prendre un pot, sans doute pour être un peu tranquille entre eux, ou peut-être bien à cause de l'odeur, parce qu'un interne étant passé dans ma chambre quelques jours plus tard arrachant brusquement le drap (mais j'étais en slip) sous lequel je ne pouvais absolument pas me déplacer et m'en mordais les lèvres m'a informée je cite que " c'était normal que j'aie attrapé une infection puisque je ne me lavais qu'une fois par an " (mais ça faisait des jours que je criais dans la piaule puisque jusque là personne n'était passé)

bref arrivée donc quand même aux urges après les minima de 2 pastis engrangés par les ambulanciers je me rappelle aussi l'interne desdites, le mec a vu l'abcès - on pouvait pas le louper, l'objet du délit, de bien 10 cm de diamètre sur donc le côté de mon petit pied - et là, rebelote, faisant un effort inouï pour cesser de hurler et aussi pour trouver assez de respiration pour articuler une phrase élégante, comme le mec était aussi énergique qu'un bloc de gélatine et me regardait moi toujours suante et la chose toujours palpitante d'un regard mi-bovin mi-amusé, assis tranquillement à côté de moi mais me surplombant supérieurement presque les pouces dans les bretelles comme deux ronds de flan, pour l'informer pitoyablement, ça a donné je cite de mémoire : " s'il vous plaît Monsieur, c'est un abcès, si vous pouviez ne pas appuyer dessus, je ne supporte même pas le contact du drap " - comme vous voyez mes cocos, ce fut particulièrement lamentable, et que croyez-vous qu'il advint, eh ben le mec, comme enfin encouragé à faire quelque chose et en plus par une chiarde qui y connaît mais que dalle, a saisi la balle au bond et hop ! a pris mon pied et l'a palpé-tordu soigneusement dans toutes les directions pour vérifier

mais quand même, ce qui est particulièrement rigolo c'est que les mecs ont attendu genre 5 jours mais au minimum 4 - donc 5 jours où j'ai essayé de pas m'épuiser bêtement à hurler de trop tout en me demandant stupidement au bout de combien de nuits sans dormir on pouvait mourir - que l'antibiogramme revienne positif, avec évidemment du staphylocoque bien doré, on s'y attendait, pour me mettre un antalgique (jusque là y avait dans la perf que de la pénicilline en monothérapie, la même que celle qui avait fait flamber toute cette histoire, à dose cette fois-ci quand même adulte parce 3 x125 mg dans la bouteille les IDE leur auraient demandé pourquoi - mais bon tout le monde sait que les chirurgiens savent pas trop ni comment prescrire grand chose)

→ c'est quand même bizarre comme raisonnement, non vous trouvez pas mes cocos ? 🙁

il fallait qu'ils attendent d'être sûrs qu'il y avait bien un microbe (je me demande s'ils ont pas recherché le sida avant tout pour être sûrs - ah non, y en avait pas à l'époque) dans le pus (que heureusement ils ont trouvé parce que ça coulait aussi) de cet abcès absolument énorme & maousse - trop gros, quoi - pour se dire que puisqu'au microscope c'était du staph c'était donc un abcès sentinelle d'une ostéomyélite et que donc j'avais mal, et me mettre enfin un antalgique (à tout hasard ?) (si jamais ?) (pour voir ?)

si c'est ça un raisonnement scientifique, des fois je les cons-prends pas (et ils ont de la merde dans les yeux, c'est pas possible)

donc après des nuits et des nuits sans sommeil et où j'ai fini par faire des efforts insensés pour ne plus crier (et presque encore une ado j'étais très timide, voyez), d'autant qu'à la fin on m'avait mise à côté d'un mourant que je voulais pas déranger dans ses activités, l'infirmière de nuit qui avait un mignon prénom en M. et qui venait de temps en temps me dire que c'était pas raisonnable de ne pas essayer d'en profiter pour dormir, a fini par injecter pas mignonne mais sur leurs ordres donc le cinquième jour un dérivé de la morphine genre Temgésic, voyez

évidemment la douleur s'en va d'un coup, incrédible le soulagement tu es d'un coup au paradis, d'autant qu'il y avait ce soir là un espèce de cureton qui travaillait au corps le mourant de la fenêtre, qui pouvait plus se défendre, et auquel du haut de mon 7ème ciel j'ai même souri d'une manière totalement angélique, puisque en extase après ce long tunnel sombre & obscur de douleurs surhumaines - malgré tout, l'autre sur le départ et moi loin de tout, le digne représentant du culte m'a souri en retour de son allure bonasse sans nullement profiter de la situation pour me violer sauvagement 

(ici je dois quand même vous dire cocos que ce crétin d'ordi aussi a perdu UNE PAGE entière de ce que j'avais écris si joliment car il a remis ses mises à jour à jour sans prévenir sans récupérer les données non enregistrées comme il le fait pourtant d'habitude - et là où j'allais m'arrêter de moi-même SOIT À UNE LIGNE DE LA FIN là où j'allais vous embrasser comme d'hab

(toujours en train de se plaindre celle-là)

(et toujours une histoire de contenant et de procédures à respecter, prioritaires sur le fond, passant avant le contenu ...)

ceci dit mes cocos, ce morphinique comme à peu près tout ceux de son espèce ayant une durée de vie approximative de 4 heures, administré à genre 20 par M., vers 21 en conséquence j'ai enfin pu écraser comme une bête, mais bizarrement je dois dire vers 23h30 accompagnée d'une copine elle est revenue mettre à sac notre armoire commune à moi et au toujours agonisant, je ne comprends pas pourquoi essayer de faire sa valise puisque encore pas mort, et d'ailleurs elles ont tout remis dedans après mais ayant fait soigneusement le maximum de bruit, même si le mec ne pouvait plus réagir beaucoup quand même - y a que moi qui me suis réveillée en sursaut et donc, en fin de dose, et je dois dire, fondant immédiatement en larmes (toujours malgré ma timidité naturelle à l'époque) sous l'emprise de la douleur instantanément revenue aussi

c'est ce moment qu'a choisi M. pour venir au pied de mon plumard et de mon panard m'informer me surplombant de toute sa hauteur que, je cite, " puisque l'antalgique ne marchait pas, on ne m'en mettrait plus "

comme vous voyez mes cocos, y en avait quand même une qui réfléchissait, dans la baraque

et de fait les toubibs arrivant dans le service le lendemain matin, préférant courageusement pas se mettre les infirmières à dos et avec un risque de représailles de ma part égal à 0, ont judicieusement stoppé la prescription, puisque c'est la seule ampoule du truc dont j'aie jamais profité

vous voyez cocos, c'est ce que je vous disais rapidement dès le début de mes interventions, on a quelquefois du mal à comprendre quelle gloire ils retirent de pas te soigner, un peu comme s'ils voulaient te montrer comme ils sont forts de pas s'inquiéter de ce qui t'arrive et que toi tu serais une sorte de chochotte qui viendrait les emmerder comme ça, parce que tu supporterais rien

en fait après, dans mes études, je sais pas si c'est parce que j'aurais pas oublié l'histoire, mais j'ai jamais moi pu supporter de voir quelqu'un avec des douleurs suraiguës ou même plus chroniques, ou même beaucoup moins graves ou évidentes, enfin pour moi, toujours - rappelez-vous, cocos, même avec un tout petit ongle incarné vous avez du mal à marcher, et si on peut faire quelque chose ...

et dans tous les hôpitaux où je suis passée je mettais toujours je le jure des antalgiques, ou je les prévoyais toujours - ce qui a le désavantage de te faire passer auprès de tes collègues et des IDE toi aussi même toubib (je sais, je parle que de moi) pour une sorte de chochotte qui supporte pas grand chose

sans même parler de prescrire de la morphine, qui fait toujours scandale, stupéfiant littéralement tes cons-frères et sœurs, et pousser des cris d'orfraie aux infirmières qui te font le coup des toxiques et des récriminations hystériques de devoir trouver et chercher la clé pour ouvrir l'armoire - dans ce dernier cas de figure (qui est pas bonne mais surtout accusatrice), même en ville les pharmacies te descendent en flèches auprès de la clientèle, sans même parler de ce qu'ils racontent aux clients directement, qu'ils vont mourir parce que tu leur as mis des médicaments trop forts (sans compter que c'est marqué STUPÉFIANT sur les boites)

il ne faut jamais te départir de ta hauteur et t'as pas le droit de te ranger du côté des malades,

c'est tout,

et ça devient vite inconfortable pour toi aussi

bon ici, mes cocos, je dois vous laisser donc, à cause que j'ai du taf par ailleurs et je m'excuse si la fin est un peu bâclée (mais je reviendrai), avec cette informatique qui fait des fois n'importe quoi et sans prévenir non plus

mais je vous embrasse mes chers cocos très chaleureusement toujours 🙂

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