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L'AUTEUSE ou l'ôteuse ? je plais-ante ...

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Billet de blog 9 mars 2016

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laisse tes mains sur tes hanches

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salut cocos 🙂 

puisque hier je vous parlais de cet été radieux passé en gériatrie avant de me lancer dans mes études à par exemple charrier avec mes muscles des pots à pipi dans les couloirs et sinon en général me faire charrier par l'équipe soignante

la chaîne alimentaire se décompose en effet comme suit : tout en bas et complètement écrasé le malade, qui n'a jamais voix au chapitre et dont la raison d'être est apparaît-il de permettre en toute impunité et couverts par leurs corps et protocoles aux soi-disants professionnels dits de santé d'exister, qui perd son humanité - pourrit effectivement - rapidement et tout au long du vrai parcours de santé qu'il va endurer, car n'étant pas censé conserver sa dignité humaine ni si possible son intégrité physique sous les voies de fait & insultes couramment pratiquées que l'établissement autorise (ah oui ! à propos de se désintégrer, c'est vrai qu'on peut dire qu'encore au-dessous y a les trépassés, avec qui, comme on le voit de temps en temps dans les journaux, des IDE vont jusqu'à poser pour des selfies ou se livrer à d'autres agaceries mais alors loin des photographes, pour le compte le seul cas de - tristes - figures où tout est effectivement encore plus permis, j'en causerai peut-être), ensuite les remplaçantes jeunes et jolies voire carrément mimi comme tout comme j'étais, ensuite les remplaçants de tous poils jeunes puissants et mâles, pas vus cet été-là - y avait que moi, ensuite les vraies et vrais ASH, ainsi de suite jusqu'au haut de l'édifice, avec les AS, puis les IDE puis les toubibs - y a les externes puis les internes puis les assistants puis les chefs de clinique et que sais-je encore, et divisés encore en spécialités, donc ça va des externes jusqu'au grand patron qui se croit au top ... mais attention ! il existe une hiérarchie parallèle moins évidente au premier abord, on va pas dire obscure mais elle dit pas son nom, qui a la prééminence effective sur tout soignant - qu'il soit petite ASH remplaçante ou grand chef de clinique - composée d'une foultitude de cadres & de gestionnaires fondus de régulations plus ou moins existants-plus ou moins valides ou validées, le haut du pavé étant tenu par le Dirlo qui a la prééminence sur tout et tout le monde quels que soient sa pathologie et son QI, et dont la parole est alors là d'or massif

en effet, parmi le troupeau des dits soignants, aussi hargneux soient-ils et se montrant si puissants & souverains devant le malade amoindri espérant anxieusement & contre toute évidence leur aide, nul ne contestera jamais l'autorité naturelle de tout ce qui se présentera comme de près ou de loin l'administration, un peu comme tous ces grandes gueules que vous connaissez qui vous emmerdent vous, mais se couchant comme des petits garçons pris la main dans le pot de confiture devant n'importe qui portant casquette par exemple de policier, même si c'est seulement le mec de la sécurité, ou celui de la fourrière animale (qui d'ailleurs se voit déjà commissaire divisionnaire pour mieux régner sur les bêtes) - les gens ont peur, tout simplement, et s'écrasent 

l'autorité naturelle à l'hosto est représentée/personnifiée la plupart du temps (les toubibs étant comme vous le savez des intellectuels) et quotidiennement par ces cadres infirmiers(ières) qui se trimballent un peu partout dans les couloirs et les services, de vraies commères - d'ailleurs ils/elles sont sélectionné(e)s en fait sur des dissertations bateau un peu comme le sont les rédacs de français à l'école où tu dois écrire que tu aimes bien ton papa et ta maman et les promenades le dimanche en barque avec, ou dans la campagne fleurie et odorante (c'est encore mieux si tu signes avec ton sang) - ça je le sais parce que interne plus tard dans un hôpital à la campagne, justement, j'en connaissais une de cadre qui était encore assez sympa quand elle était IDE, quoique bébête et la plupart du temps faux-cul sous des apparences se voulant bonasses et pas du tout douée pour les soins, la parfaite recrue pour devenir surveillante du se(r)vice

elle a donc passé le concours, elle l'a raté une première fois parce qu'elle s'était plantée dans ladite dissert. cucul sur ses " motivations ", dont le coeff. est bien plus lourd que pour noter les connaissances en soins infirmiers (où donc elle était pas douée non plus) : la seconde fois, elle a bien marqué que c'était papa qui conduisait la voiture et que maman s'occupait de la bouffe, elle l'a eu, est alors devenue (Notre) Cadre Infirmière et parfaitement idiote, et on l'avait tout le temps sur le dos pour vérifier que tout était conforme - elle pigeait pas plus ce qui arrivait aux malades et ce qu'on faisait, et elle sortait autant de conneries qu'avant, mais là on devait lui obéir et faire comme elle disait -

oui je sais mes cocos,

 ce sont là des choses qui se disent pas, mais enfin tout le monde voyait, tout le monde savait, et du reste tout le monde le pensait, peut-être même elle, mais l'effet IMPULSE du titre fait que tout le monde la ferme et se plie immédiatement en courbettes redondantes pour se confondre en assurances d'obéissance apeurée éternelle

mais pour revenir à nos moutons, et à quand je bossais l'été comme ASH remplaçante-débutante - soit une espèce de femme de ménage toutes mains en fait - dans ce pavillon idyllique loin du centre de la ville comme je vous l'ai déjà montré et gériatrique, pour pouvoir bouffer (donc raté puisque j'ai été payée qu'à la fin, allez savoir pourquoi), m'occuper et avoir une idée du " milieu " avant de commencer médecine (raté aussi, puisqu'à la fin de mes 4 mois de boulot et donc de vacances des autres enfin revenus pour faire ce qui était normalement le leur j'avais quasiment plus d'idées, revenue je dirai presque de tout en si peu de temps), à part les deux mégères inaugurales dont je vous ai parlé hier m'emmenant avec elles à la toilette et si fières de me montrer ce qu'elles faisaient des petits vieux, de la bouillie, j'ai été très frappée par le Grand Patron aussi, qui était de fait un des grands mandarins de la fac, comme les grands d'Espagne (mais l'antithèse vivante de De Funès), et qui ne manquait jamais de te rappeler qui il était  

on pouvait pas le louper il était partout - je sais pas comment il faisait - à la tête de la visite suivi à une distance de sécurité par tous ses sous-fifres médicaux et paras- tremblants & de tous leurs membres, dans les chambres, aux réunions de se(r)vice(s) et staffs divers, dans son bureau, mais également dans les couloirs et dès très tôt, dans le bureau de la surveillante qui en gériatrie était un jeune mec à priori assez sympa, en tout cas plus abordable dans notre sens que le big boss (ah oui !!! vous, vous savez bien que les cadres infirmiers on les appelle aussi bien sûr des surveillants, comme dans les prisons, c'est tellement évident que je l'avais presque oublié), donc le big patron lui par contre impossible de l'aborder, il tentait plutôt tout le temps de nous saborder, et il se trouvait partout omniprésent jusque dans le bureau des infirmières, à l'office et au café, mais aussi juste derrière ton dos quand tu le voyais plus

en plus je suis désolée, mais il avait une bonne tête de nazi - je m'excuse encore de réveiller sur le papier de vieux souvenirs ou des clichés dégueulasses - enfin, il faisait un peu peur vous voyez 😮

bref je tombais souvent voire tout le temps dessus, je comprenais pas, d'autant que moi, je représentais vraiment rien d'important ni même d'importune, seulement une sorte de sous-technicienne de surface débutante en immersion forcée en eaux troubles, et en plus remplaçante, donc fugace pour ces grands pontes (et je rappelle avec bonheur toute jeunette, y compris dans le métier

je me rappelle un dimanche vers la fin de mon séjour d'été là-dedans, il était genre 17 heures, pour une fois je traînais moi aussi un peu dans les couloirs (l'aprème y avait pas de toilettes pour se défouler longuement sur les grabataires), c'était de plus assez calme y avait personne et j'étais justement en train de me demander où il était, même me disant que pour une fois et le dimanche il devait pas être dans le coin, un peu surprise aussi de pouvoir marcher sans but précis et rien dans les mains depuis quelques minutes, depuis genre trois mois et demi qu'on me demandait incessamment par exemple de charrier ces pots à pipis de 15 litres d'un bout à l'autre du service pour que les IDE puissent noter dans leurs grilles d'évaluations qu'on les avait pesés (les litres, bien sûr, pas le pot), quand tout à coup plötzlich une grosse paluche venue de je sais pas et n'importe où s'abat sur moi et mon épaule, me faisant presque rentrer sous terre de quelques coudées sous la pression 

évidemment je me retourne pour me retrouver presque nez à nez à 30 centimètres près du propriétaire de cette main, soit le vieux nazi (ouaip ! il était déjà assez âgé à l'époque, sous son crâne taillé à ras d'une brosse rigide, et de couleur acier) qui me sourit de tous ses yeux scrutateurs bleus acier aussi et de même, cerclés du même métal, sans le retirer mais le faisant coulisser sur mon acromion quand je lui fais face, cet appendice qui me pèse d'une façon lourdement soi-disant paternelle - oui, le geste se voulait sympa de sa part, et non pas un lourd reproche parce que par exemple, je déambulais avec rien dans les mains depuis plus de quelques minutes donc dans un de ses territoires de prédilection 

le mec me dit alors d'une voix plus suave que son apparence : " puisque vous êtes là, Mademoiselle, vous pourriez peut-être aller débrancher ce malade  [montrant une porte de son autre main] qui vient de décéder ", qu'est-ce que vous croyez j'allais pas lui dire qu'il se trompait et que j'étais pas infirmière débutante comme ma nonchalance présente si peu que ce fut tendait peut-être à le prouver, au lieu de simple ouvrière - petite fourmi destinée toute sa vie que à charrier des trucs insignifiants, ce qui explique peut-être finalement le nombre de fois dont je vous ai pas parlé qu'il m'est tombé dessus : il voulait peut-être finalement par des gestes pointus encore m'élever, raté avec le poids de cette main sur mon épaule 

bref pour une fois il me voit traîner moi et une occase de m'apprendre mon métier, qu'il connaît pas, et d'ailleurs il a tout faux, comme vous vous savez 

et donc je vais da kapo et de ce pas dans cette chambre où gît le récent défuncté que je ne connaissais absolument pas ni d'avant ni d'ailleurs, il a dû venir ici pour y mourir vite, l'heureux homme 😇, moi aussi trop heureuse de me dégager de l'emprise et de la patte du chef - je dois dire j'insiste que encore très jeune et sans aucun statut j'ai été très intriguée de la confrontation d'avec ce monsieur, je parle du décédé, je n'avais été proche de morts physiques que très peu avant, et que issus de ma famille proche  

je dois dire aussi, je ne sais pas si c'est naturel, que j'ai pas eu peur de lui par contre ou tout ce qu'on peut imaginer, mais je vous avoue ici, devant vous, lui avoir très peu respectueusement saisi la main (encore !) pour la toucher, et lui avoir plusieurs fois ouvert la bouche pour la refermer puisqu'il ne parlait plus - on veut toujours être un peu sûr que c'est bien vrai et pas une mauvaise blague, non, quelque chose comme ça, non ? ... vous constatez cette fois-ci de vous-mêmes combien j'étais jeune 🙁

après je l'ai effectivement débranché, là je dois dire que ça a été un peu de la boucherie malgré tout mon soin apporté à l'opération, parce que vous avez compris que je ne savais pas comment faire, mais enfin j'y suis arrivée, et après ça a fini heureusement par arriver l'autre " collègue " vraiment infirmière enfin diplômée m'expliquant que je devais en plus vider l'armoire et tout mettre ses affaires dans un sac-poubelle, ce qui m'a cette fois-ci réellement choquée pour de vrai - mais comme elle allait visiblement jamais le faire, je m'y suis résignée mais à grande peine

le grand patron, physiquement aussi, me faisait pas si peur que ça finalement, je veux dire puisque sachant cette fois où il était, probablement derrière la porte, et il m'a effectivement pas loupée quand je suis ressortie avec le sac, il a de go stoppé ma course 

encore il a reposé sa lourde sur mon épaule, et toujours d'un geste se montrant paternaliste et appuyé que je crois ressentir encore s'appesantissant et s'attardant sur moi, me jugeant en plus de donc toute sa hauteur, et il a recommencé son char et à me charrier avec un discours paraissant onctueux voire mielleux rondement comme si j'étais tout à coup plötzlich devenue maintenant la gogolle du se(r)vice, du genre : " vous savez, Mademoiselle, c'est terrible, c'est vraiiiiiiiment très très très choquant pour les familles que l'on mette les affaires de leurs proches décédés dans des sacs-poubelles " moi j'étais d'accord, et je voulais même très bien je me rappelle m'en retourner tout remettre et en ordre SVP  dans l'armoire, mais figurez-vous mes chers cocos qu'il a persisté avec toujours sa paluche m'enfonçant la clavicule dans le bassin et continué, toujours doucereux de paroles, mais plus fermement aussi : " mais vous savez, Mademoiselle, on fait comme ça, c'est l'administration qui l'a décidé, alors continuez, faites ce que vous avez à faire " ou " ce que vous devez faire ", je sais plus bien ça date un peu - et là, OUF 😀 il a ENFIN repris sa grosse paluche BEEERK 😠, et disparu HOP d'un coup dans les profondeurs du couloir 😛

donc comme ça pendant tout l'été t'as un mec souvent au départ invisible qui te tombe dessus de partout, et qui terrifie tous tes supérieurs 

soignants

sans exceptions (puisque tous étaient mes supérieurs), au point que tous donc s'écrasent mollement devant lui qui contrôle toujours tout ce qui serait d'ordre médical - tout en venant et tenant à parallèlement si souvent t'expliquer surtout son immense humanité envers les malades surtout gériatriques puisque Le Chef de la Gériatrie, et là tout à coup plötzlich il me fonçait dessus pour me tenir la jambe en me donnant sous-entendue une tâche plus qu'ingrate, voire tout à fait indigne mais pour les malades une fois morts et donc surtout pour leurs familles, tout en m'exposant que c'était pas bien, bien que lui il le savait - je sais, on dit : il le susse -

mais pouvait rien y faire

, et de plus avait rien à y faire (même s'il savait, donc) - enfin bref, pour un Grand Patron auquel tous et éventuellement moi devaient se soumettre, il se posait un peu là, non, ne vous trouvez pas ? 

sur ce mes cocos, je dois absolument vous laisser j'ai plein de retard dans plein de trucs à faire, mais je vous fais plein de bisous 😳

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