mes billets précédents sur ceux qui se prennent pour des Grands Docteurs, ça m'a fait repenser à quand je faisais des remplacements de généralistes à la campagne et autres gardes d'urgences 24h/24, y compris à noël, y compris sur des secteurs de 100 km2 (nombre de médecins sachant que l'un(e) d'entre eux/elles avait une remplaçante, s'étant aussi barré(e)s, de préférences, loin de là - évidemment sans prévenir ... de bonne guerre, quoi) → bref, il me semble que c'était dans une nuit de samedi à un dimanche, j'ai été appelée par la caserne de pompiers du coin, enfin appelée, on pourrait dire « mandée » sur les lieux - ce qui est pas courant - illico, via le ton de voix hyper gras du pompier de base, au milieu d'aboiements et de phonèmes mal identifiables, ne parlons pas de [me] donner le bilan voire [même] une vague idée de l'urgence par téléphone, le type étant [même] pas trop capable en sus d'expliquer déjà rapidement où se trouvait ladite caserne/de dire où il habitait
... donc le temps que je mette à arriver, ils avaient quand même fini par consprendre que j'étais une nana - quand j'ai poussée la porte du bâtiment noyé en pleine zone industrielle et quasi de la même taille qu'un Kiabi™ (ça devait être un des fleurons de la Mairie locale), je me suis retrouvée devant ... une agglomération de sapeurs visiblement sans aucunes inquiétudes, me tournant ostensiblement le dos, massés dans le coin de quasi une pièce nue, les mecs collés à un écran TV en hauteur qui passait à l'époque une VHS d'un [quelconque] match de foot, mais destiné sans nuls doutes à impressionner grandement la « petite » nana ignare que j'étais → par contre, du coin de mon nœil j'ai aperçu une masse sombre sur le côté à terre, tournant la tête j'ai vu un amoncèlement de grosses couvertures ... ayant, ma foi, beaucoup d'expériences, toutes ratées je dois dire avec les pompiers en général, je me suis rondement précipitée dans ce coin-là et dessus : il s'agissait en faits d'un jeune homme genre de 18 ans en coma éthylique, que les hommes du feu avaient ligoté à plat dos et le plus serré possible sur un brancard posé donc à terre, et pour faire bonne mesure, qui avaient entassé dessus on aurait dit tout le stock dispo de couvertures les plus épaisses pour l'étouffer encore plus efficacement (s'il n'avait pas déjà vomi dans ses bronches ... avec une détresse respiratoire et des lésions pulmonaires irréversibles par dessus le coma métabolique et neurologique)
fallait pas compter sur moi pour faire la mignonne bien c.nne suppliant d'une voix chevrotante d'anxiété les Grands Sauveteurs, du feu et d'autres, dans l'espoir fou qu'Ils daignent me donner des coups mais de mains pour désincarcérer le jeune impuissant des liens style kinbaku-pas bi [de] dégénéré[s] qu'Ils s'étaient acharnés à enchaîner tout autour de son corps et du brancard, j'ai donc crié assez fort et de façon très peu amène (peu « féminine », à leurs grands dégoûts), pour couvrir aussi les hurlements sportifs enthousiastes provenant du poste de TV dont le son était évidemment à fond, donc de manières criardes pour tenter de les stimuler quand même pour ce faire → pas la peine, ces Héros se sont resserrés les Uns contre les Autres de manières encore plus intimes afin de me prouver leurs intérêts exclusifs pour le[ur] mâle sport de baballe ... heureusement, dans ma trousse d'urgence de 15 kgs que je tenais ferme (d'habitudes, souvent bousculée de préférence dans des fossés sur des lieux d'accidents - là, j'avais le champ heureusement libre), j'avais aussi une paire de ciseaux et même des scalpels chirurgicaux (un investissement valable pour le coup, pour moi qui avais peu de fric pourtant) et j'ai réussi finalement à découper toutes les ligatures, et donc, à mettre le jeune sur le côté, donc en PLS - la position que ces braves gars avaient donc plus que soigneusement évitée de l'y mettre
il faut dire aussi que le [Grand] Capitaine des pompiers avait pris soin pour Sa part, profitant de la grandeur des bâtiments, d'aller S'isoler loin de cette scène, j'ai eu quelque mal à Le dénicher : Il était dans Son bureau lointain, faisant semblant de Se con/centrer sur des travaux d'écriture → à cette époque pas de portables, et donc l'Homme occupé, me jetant à peine(s) un regard (méprisant) et de toute Sa hauteur, a refusé mâlement d'appeler le SAMU (et encore plus de me laisser appeler icelui, gardant le combiné sous Sa grosse paluche virile), et m'a confié ou plutôt, craché dessus qu' « Il ne salirait pas Ses camions tout neufs pour quelque chose comme ça » où à peu près, faisant par contre fièrement un geste circulaire destiné à me faire admirer Sa collection de Grands et rouges véhicules soigneusement alignés comme en expo, derrière la vitre d'où Il les surveillait (eux) comme Ses petits ... le - Grand - Homme avait tout juste appelé une ambulance → notant pour ma part que le gros bourrin était tout prêt à me jeter ad vitam pas aeternam mais surtout à la tête d'autres arguments tout aussi sensibles, je lui ai demandé assez froidement (malgré une colère brûlante) : « Et si ça avait été Votre fils ? » avant de me tirer fissa en sens inverse pour aller, au moins, poser une perfusion au jeune homme avant que l'ambulance arrive, ce qu'elle a fait assez vite, heureusement pour lui (quand au Grand Sapeur de mes deux, comme d'hab j'ai eu le temps de voir passer derrière ses orbites un très bref éclair de con/préhension, du genre : « ah oui, zut, ça aurait pu être Mon - digne - rejeton qui aurait pu faire un coma éthylique et être torturé ad libido par des abrutis similaires ... mais bon - non ! ça n'arrivera jamais, ce n'est pas possible ! » leurs prises de con/sciences étant en général très brèves, c'est d'autant pas la/les peine(s) de s'attarder en nez fait, que leurs priorités sont de te faire la/les « leçon(s) », en plus - et donc, qu'on a [beaucoup] du boulot ... ) (le jeune s'en est sorti)