ah salut mes cocos d'amour que j'aime đ
merde ce matin je dois passer Ă la pharmacie  đ€Â je les supporte pas  đ  - des vendeuses qui veulent se faire passer dĂ©jĂ pour la pharmacienne et ensuite  pour changer pour des toubibs, et la pharmacienne qui dĂ©livre des conseils Ă la con, c'est blanc bonnet & bonnet blanc mais c'est surtout bonnet d'Ăąne  đ â non mais merde pourquoi t'as toujours des gens qui se mĂȘlent de tes oignons ?
une fois je vais chercher des trucs chez elles pour prĂ©parer ma potion magique coolos chez moi, j'attends seule dans l'officine qu'elles veuillent bien arrĂȘter de se bidonner ensemble Ă propos de mon ordonnance dans l'arriĂšre-boutique et me ramener mes cochonneries, boutique c'est bien le mot de circonstance  đ€, y a une dame assez ĂągĂ©e genre 70 ans qui entre - bon la pharmacienne herself in personne se prĂ©cipite super en forme (je me demande encore ce qu'il y avait de si fendard sur mon ordonnance) et fond sur la dame comme un bloc de caramel le sourire figĂ© sur sa façade en claironnant Ă la cantonade - mais y avait que moi sinon - je cite : " ah bonjour Madame Machine, comment va, pas trop fatiguĂ©e avec votre cancer ? ", texto ; vous voyez, L'EMPATHIE INVERSE, la nana qui veut que tu intĂšgres qu'elle est une grande professionnelle et sympa avec ça đ
 non mais les nanas c'est pareil, pareil que les secrĂ©taires, que pas mal d'IDE et mĂȘme de toubibs aussi, ELLES S'EMMERDENT
 oh il faut que je vous parle d'un docu Ă la gloire du samu ouah cocos ils te montraient de ces toubibs autosatisfaits Ă tortiller du cucul dans leurs petits pyjamas immaculĂ©s au pli bien repassĂ© [ça je comprendrai jamais - moi quand je me tapais les SMUR et aux urgences aussi j'Ă©tais toujours dĂ©gueu, LA HONTE DE L'ĂQUIPE đ, j'ai dans un placard une blouse de quand j'Ă©tais assistante dans mon dernier hosto, aprĂšs je crois bien 3-4 lavages elle est toujours crade, avec encore des taches, de sang, de je sais pas quoi d'autre, et mĂȘme des dĂ©chirures] ; franchement je peux pas les encadrer moi ces mecs, avec ces sourires toujours en demie-lune inĂ©branlables comme s'ils passaient leur temps Ă se marrer aussi, et puis les discours aussi, toujours aussi fiers d'eux-mĂȘmes : on a de l'empathie, on est les meilleurs, oui ĂȘtre mĂ©decin c'est difficile mais qu'est-ce qu'on est bons, oui on voit des choses terribles (chez les autres ...) mais on est habituĂ©s, oui la mort on la cĂŽtoie et tous les jours mais on la supporte trĂšs bien (chez les autres ...) đ etc. etc.
 sans charre, je crois que ça s'appelle un manque de dĂ©cence, un truc comme ça, non ? đąÂ ou d'un truc qu'on appelle de la pudeur đ, je sais pas, kĂšs vous en pensez les cocos ? đ
dans ce docu je me rappelle trĂšs bien (hĂ©las đą), mĂȘme si j'ai dĂ» Ă©teindre trĂšs vite tellement ils m'Ă©nervaient đ , y avait un petit gamin qui s'Ă©tait fait renverser par une bagnole đą, le pauvre gosse il avait une main qui ressemblait Ă une saucisse bouillie, beuĂąrk đ , et Ă le voir lui, Ă voir sa mine sidĂ©rĂ©e grisĂątre comme du papier mĂąchĂ© on entendait presque le bruit mĂ©tallique du choc (enfin non, je sais pas pourquoi ça m'a fait penser à ça, la voiture avait rien) et on sentait presque l'odeur de cramĂ© des moteurs complĂštement bousillĂ©s (au final je crois que c'est parce que j'ai Ă©tĂ© sur les lieux de beaucoup d'accidents) - ouais en tout cas le gamin Ă©tait en Ă©tat de choc, il tenait sa main pendante avec l'air de pas tout Ă fait rĂ©aliser, peut-ĂȘtre qu'il avait pas encore mal, mais y a eu le mec du samu qui s'est ramenĂ© en fanfare avec son Ă©quipe de pompiers rigolards dĂ©jĂ , non mais tu vois bien le tableau : d'un cĂŽtĂ© le pauvre gosse avec sa main dĂ©labrĂ©e assis sur la chaussĂ©e et de l'autre la bande de joyeux loustics qui rappliquent avec le son des rires Ă gorges dĂ©ployĂ©es et la lumiĂšre bleue des cerveaux pour bien montrer que c'est eux les rois, le mĂ©decin un gras du bide de la cinquantaine dĂ©boule de son estafette en Ă©changeant encore des vannes avec les nanas qui restent assises dedans, peut-ĂȘtre Ă parler chiffons, c'Ă©taient des infirmiĂšres  đ ; bon le petit gamin heureusement paraissait trop choquĂ© pour remarquer tout ça mais on sait pas, toujours est-il que le petit gros se prĂ©cipite sur le gamin mais on voit bien que c'est pas pour l'aider, comme la pharmacienne plus haut il lui jette d'une voix gaillarde et avec plein de rires de satisfaction dedans : " alors ??? c'est la voiture qui t'a tapĂ©, ou c'est toi qui a tapĂ© la voiture ? ", je cite texto, j'ai pas oubliĂ© mĂȘme si c'Ă©tait y a environ un an, voire peut-ĂȘtre plus - le petit gamin lui il a visiblement rien pigĂ©, bon il avait pas l'Ăąge de travailler dans le milieu mĂ©dical non plus, comme disent les secrĂ©taires par exemple đÂ
NON MAIS SANS CHARRE C'EST PAS POSSIB' IL FAUT TOUT LEUR EXPLIQUER AUX MECS : tu vois un gamin dans cet Ă©tat, la France, dĂ©jĂ tu te prĂ©cipites pas sur lui avec cet air gourmand  đ la bave aux lĂšvres et le fameux sourire lunaire dĂ©couvrant toutes tes quenottes comme si tu allais le croquer tout cru (ou tout bouilli ...), ensuite peut-ĂȘtre tu lui dis quand mĂȘme que t'es le toubib - parce que lĂ quand mĂȘme on se pose la question de qui est cet abruti - et puis je sais pas tu commences par lui demander s'il a trĂšs mal et tout de suite vite l'informer que tu as, oui au 21Ăšme siĂšcle en France, de quoi lui enlever ça (la douleur, et pas la main comme se sont probable amusĂ©s les pompiers Ă le lui annoncer plus tard en se gondolant cf. un de mes billets prĂ©cĂ©dents*), et puis moi je pense que trĂšs vite il faut lui dire aussi qu'on doit l'emmener Ă l'hosto et qu'on prĂ©vient ses parents dans la foulĂ©e, plutĂŽt que de rester plantĂ© lĂ les pouces dans les bretelles avec toujours ce sourire Ă la con sur la face Ă attendre des fĂ©licitations pour ĂȘtre si intelligent đ
* aha, vous voyez que si je parle de ce qui se passe dans la tĂ©lĂ©, j'en perds pas une pour me faire de l'autopub đ€, aussiÂ
vous allez me trouver conne cocos, mais mĂȘme de foutre Ă poil les gens sur la chaussĂ©e  đ sous les nĆils des badauds esbaudis pour leur enfoncer des gros cathlons pour les perfuser aprĂšs un accident, comme j'ai vu faire aussi juste avant d'Ă©teindre l'Ă©cran, moi perso ça me gĂȘne beaucoup, alors j'ose pas imaginer pour les accidentĂ©s eux-mĂȘmes-themselves đą
non mais je vous rassure cocos le petit gamin aprĂšs il a encore eu droit Ă tout : avec sa mine d'Ă©crabouillé đ, on l'a encore trimballĂ© de gauche Ă droite au milieu des pompiers hilares dans leurs gros sabots, pour bien leur montrer Ă eux que c'Ă©tait grave quand mĂȘme, et puis encore aprĂšs le gros toubib en a rajoutĂ© une grosse couche en lui expliquant qu'on allait dĂ©placer un gros hĂ©lico pour lui, oui pour le tout petit garçon qu'il Ă©tait, et toujours avec son large sourire carnassier de travers sur sa gueule je l'ai entendu l'informer en long, large & travers que tous les autres gamins emmenĂ©s en hĂ©lico avaient eu les chocottes du gros hĂ©lico justement, voire demandaient leur mĂšre đ
aprĂšs aussi y a eu un passage oĂč enfin il allait lui mettre des antalgiques, dans son gros hĂ©lico, sans lui dire oĂč il l'emmenait d'ailleurs, et lĂ je l'ai entendu se bidonner encore voire quasiment hurler de rire đąÂ en lui " expliquant " encore qu'il allait voir des Ă©lĂ©phants roses, avec les connasses d'infirmiĂšres en admiration Ă ses cĂŽtĂ©s Ă rien branler, mĂȘme pas lui ; le gamin lui dĂ©jĂ dans un peu dans le pĂątĂ© semblait rien piger et on le comprend, enfin j'espĂšre parce que un petit gamin comprend pas forcĂ©ment les subtilitĂ©s des effets secondaires des opiacĂ©s (d'ailleurs quand t'as une Ă©norme douleur, souvent lesdits effets secondaires, notamment de la morphine, sont carrĂ©ment comme absorbĂ©s par elle, tu ressens juste le contraste d'avec la douleur d'avant, et forcĂ©ment, tu es un peu au paradis, et ça, on dirait que ça les dĂ©frise toujours autant - disons que moi, j'aurais juste dit au gamin qu'il allait plus avoir mal et ça m'aurait largement suffi)
bon je crois que j'ai fini par Ă©teindre mon Ă©cran plat parce qu'il y avait dĂ©cidĂ©ment trop de platitudes dedans đą, et surtout quand le patron de ce samu et professeur en mĂ©decine de son Ă©tat (la France) aussi, INCRĂDIBLE Ă SON ENCORE JEUNE ĂGE [plus vieux que le petit gamin quand mĂȘme] MAIS QU'EST-CE QU'IL DEVAIT ĂTRE BON ! si jeune et dĂ©jĂ un Grand Professeur donc đź, est venu nous annoncer que lui aussi, qu'on voyait un peu avant demander Ă un mec terrassĂ© en train de faire son infarctus s'il avait du stress dans son boulot et quel boulot faisait-il t'il, tout en prenant grand soin de pas lui donner le diagnostic ni mĂȘme la moindre indication de, mais en faisant triomphalement semblant de savoir en quoi consistait ce mĂ©tier, et surtout lou ravi de dire que oui, il y avait trĂšs probablement du stress (comme ça en plus, si tu tombes malade, c'est de ta faute), avait BEAUCOUP D'EMPATHIE himself-lui aussi, mais aussi une vie privĂ©e parfaitement đ rĂ©ussie, radieuse & si harmonieuse avec une Ă©pouse superbe & lui tenant son intĂ©rieur Ă la perfection, et des enfants aimants, parce qu'il le valait bien đ â ouais, du coup, c'Ă©tait sans doute trop de bonheur, j'ai Ă©teint la tĂ©lé đą
sur ce mes cocos ce matin il faut vraiment que je vous laisse, j'ai donc pharmacie - on a vraiment que ça Ă foutre, d'aller amuser des imbĂ©ciles heureuses đ
mais je reviendrai đ - et en attendant je vous fais des milliards de bisous trĂšs doux đłÂ et remplis d'amour đ