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L'atome au crible du bénéfice-risque.
Origine: ressource minière, avec tout ce que l'extractivisme implique.
Compétence: un très petit nombre de personnes maîtrise cette technologie. Le niveau de connaissances nécessaires est très élevé. C'est le royaume des experts. Centralisation : l'atome implique une organisation très pyramidale et hiérarchisée, dont le citoyen est exclu.
Sécurité : royaume du secret, des informations classées sensibles, où la sécurité mise en place est maximale.
Sociale : jamais une telle technologie n'avait suscité autant d'oppositions. L'ultra sécurité génère une hyper surveillance, du contrôle social mais aussi policier. Investissement: seules les grandes puissances possèdent une telle industrie, et encore ont-elles du mal à la contrôler, surtout dans le temps long.
Coût: une fois intégrés tous les coûts, y compris l'extraction, la non-gestion des déchets et l'a-chiffrage du démantèlement, le kw/h nucléaire est très cher.
Risque industriel: le plus élevé du monde. Les avaries ont des conséquences potentiellement internationales.
Gestion des déchets: les déchets atomiques sont les plus dangereux au monde, non gérés à ce jour et à la durée de vie incroyablement longue.
Bilan carbone : investissement, entretien, déchets et extraction compris, le kw/h produit est loin d'être décarboné.
Aucun bénéfice. Il est donc irrationnel de continuer dans cette direction et pourtant!
Comprendre alors les raisons de l'entêtement.
–le centralisme: la gouvernance de la France repose sur un système pyramidal. Le nucléaire s'agence merveilleusement bien à notre système politique. Les grands corps de l'état sont à l'aise dans ce mode de fonctionnement. Le passage par les urnes étant la seule contrainte qui pourraient les ralentir mais ils savent la contourner. Enfin, la force d'inertie de l'administration est telle que même si le train va dans le mur, on ne change pas le cap.
–Le pouvoir des experts: dans ce contexte de centralisation, experts et conseillers sont très présents et puissants. L'atome, divinisé, est servi par des prêtres à la parole sacralisée. Les egos surdimensionnés ont là un terrain propice à leur expansion. Il y a les brillants très peu nombreux et la masse des ternes. Vous et moi, les ternes, sommes de piètres interlocuteurs,les brillants pensent à leur place, avec le sentiment prétentieux de faire le bien publique.
–L'illusion scientifique : il y a une croyance immature et juvénile dans la science et la technique qui va de pair avec le mythe du progrès. L'incapacité à savoir gérer les déchets nucléaires et surtout la réponse donnée à ce constat d'impuissance: «d'autres, après nous sauront trouver les bonnes solutions» est renversante de puérilité. Ce scientisme est d'autant plus fort qu'il s’intègre dans des structurations pyramidales qui le confortent et le renforcent.
–L'entre soi: entre l'humiliation de l'échec, la crainte du déclassement, le risque d'être rejeté par sa communauté, il est difficile de dire non et de faire marche arrière, la fuite en avant est souvent la seule alternative. Rares sont les femmes ou les hommes politiques qui ont su faire preuve d'humilité et reconnaître leurs erreurs. Il est difficile de prendre le risque d'être un paria, un Jacques De Bollardière, un Jean Moulin. Appartenir à une caste se traduit souvent par le renoncement de son libre arbitre, une auto-censure, un conformisme, et un renforcement des liens de cohésion pour ne pas risquer le désamour. C'est vrai dans une équipe sportive comme pour nos élites qui pataugent dans l'entre soi. Dans le cénacle du pouvoir, on courtise. On côtoie les autres grands du monde, on pense agir sur l'histoire; c'est une grande valse, difficile de résister à cette musique envoûtante, de ne pas tomber dans des rêves de puissance, et de croire en l'égalité.
–Nationalisme cocardien: on a le parc nucléaire le plus gros du monde... Cet hubris, cet orgueil national vient de loin, merci Louis XIV, merci Napoléon. Sans faire de l'essentialisme nucléaire, et prétendre qu'il fait partie de nos gènes, ce n'est pas un hasard si cette technologie est si adulée par notre personnel gouvernant. Nous sommes la vitrine mondiale du nucléaire. Le côté conquête de l'ouest à la française.
–Profits juteux: le nucléaire est une industrie lourde, très lourde, avec de gros investissements, très gros. Il y a beaucoup d'argent en jeux, la mariée est très très belle, très riche, il y a donc beaucoup de prétendants. Ce qui suscite les appétits. Le poids économique d'un tel mastodonte pèse énormément dans la balance des décisions. Il n'y a pas de renoncement possible, il y a trop d'intérêt en jeux, trop d'argent; arrêt ou marche arrière, ne sont pas des options. Un enfant de 12 ans conclurait logiquement à l'arrêt des programmes nucléaires ; cela n'empêche pas de grands adultes de s'enliser dans l'erreur...
Olivier DAVIGO, habitant de la Creuse