
Agrandissement : Illustration 1


Agrandissement : Illustration 2

La prolongation de la durée de vie des réacteurs me semble une très mauvaise idée pour les raisons suivantes :
1 - la nécessaire sobriété à laquelle nous devrions nous astreindre sans délai pour préserver nos possibilités de vie sur terre. Je vous invite à étudier le scénario NégaWatt 2022 qui projette, sans pour autant revenir à la bougie, une réduction de 50% de nos consommations d’énergie finale à l’horizon 2050. NégaWatt dénonce l’objectif « consommer ce que l’on produit », qui a généralisé l’aberration du chauffage électrique. Le raisonnement inverse « produire ce que l’on consomme », conduit naturellement à limiter nos consommations. Mais il ne devrait pas aboutir au développement de transports individuels motorisés, sous le faux prétexte de moindres atteintes à l’environnement (cf rapport ADEME de novembre 2013 intégrant le cycle de vie des véhicules et article plus récent et complet sur https://reporterre.net/Non-la-voiture-electrique-n-est-pas-ecologique?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne .
La démarche NégaWatt fait référence aux 17 ODD (Objectifs de Développement Durable) portés à l’ONU, avec l’idée de réintroduire les gens, et non les profits, au centre du développement. Avec moins de force car résultant d’une approche moins globale, trois des six récents scénarii RTE envisagent également l’arrêt du nucléaire.
2 - l'impossible refroidissement des centrales en périodes de sécheresse, avec de graves étiages déjà amorcés, précurseurs du tarissement inéluctable de nos cours d'eau, y compris le Rhône promis à devenir un « oued » dans quelques dizaines d’années.
3 - le réchauffement de ces derniers, dégradant leur qualité et détruisant la biodiversité qu'ils portent (devant le congrès de l’UICN à Marseille le 3 septembre 2021 Monsieur MACRON déclarait : « Il y a urgence à faire comprendre que la bataille pour le climat est jumelle de la bataille pour la biodiversité. Nous avons du retard sur la biodiversité, il faut le rattraper ».
4 - les déchets radioactifs, ingérables par nature et fardeau inextricable pour les générations futures. L’imbroglio du projet CIGEO d’enfouissement à Bure est emblématique de toute la filière : sûreté non démontrée, procédures et contrôles biaisés, mensonges, désinformation, retards, malfaçons, impacts majeurs sur l'environnement et en particulier sur l'eau, mémoire du stockage sur des milliers d’années et coûts impossibles à anticiper, dispositifs policiers et judiciaires de harcèlement des populations irréguliers, dénoncés par la Ligue des droits de l’homme ...
5 - les accidents nucléaires de grande ampleur, devenant inéluctables et qui transformeront nos territoires en enfers. Connaissez-vous la loi de Poisson ? une loi statistique selon laquelle un événement presque impossible (une catastrophe nucléaire) devient quasi certain avec la répétition des possibilités (d’accidents) dans la durée. Ceci encore plus sûrement du fait de la cupidité et de toutes les faillibilités de l’homme.
6 - la course aux armements nucléaires induite, dans laquelle toute l'humanité ne peut que perdre. « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil » déclarait Monsieur MACRON le 8 décembre 2020 à Le Creusot. Pourquoi ne pas engager des négociations avec tous les pays concernés, dotés ou non, pour une abolition généralisée des armes nucléaires et radioactives sous un contrôle mutuel international strict et efficace ? On respecterait ainsi l’article 6 du Traité de Non Prolifération, qui nous y engage depuis 1992 et pour lequel rien n’a été fait.
7 - Enfin c'est une impasse financière vers laquelle nous allons à coup sûr, avec ces technologies dangereuses, aléatoires, et irréalistes face aux délais que nous impose l'urgence climatique, et alors que d'autres solutions efficaces pourraient avoir des effets quasi immédiats, efficaces, économiques, sûrs et moins dangereux (cf scénario NégaWatt 2022).
Aujourd’hui, des jeunes ont plus peur de la vie que de la mort et renoncent à procréer dans le monde qui leur est dessiné pour demain. Selon le bulletin des savants atomistes, nous sommes à 100 secondes de l’apocalypse, c'est-à-dire dans le couloir de la mort !
Voici donc, Monsieur le Commissaire enquêteur, sans exhaustivité, quelques raisons majeures de donner un avis défavorable à ce projet de prolonger la durée de vie de réacteurs nucléaires, auxquels il vaudrait mieux renoncer totalement dans les meilleurs délais, avant une catastrophe dont vous pourriez porter une part de responsabilité.
François Michiels., habitant du Rhône