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Un de ces baby-boomers tant décriés.. L'important est ailleurs. Dire d'où politiquement on parle. Quelque part entre Marx, Bakounine, Murray Bookchin et Wendy Brown mais aussi Ursula LeGuin et Jackson Browne.

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Billet de blog 2 mai 2016

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Sanders-Clinton; Clinton-Sanders

Faut-il choisir entre les deux et pourquoi ?

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Clinton - Sanders


Les élections présidentielles primaires aux Etats-Unis d'Amérique sont devenues un des feuilletons de ce semestre. La primaire du Parti Républicain dominée par la figure polémique du bateleur Donald Trump domine la scène. Il est bien temps de s'intéresser à l'autre côté, à la primaire du Parti Démocrate que nous avons tendance à méconnaître car nous connaissons en général assez mal les spécificités du contexte et d'autre part nous réagissons en première main de manière affective.
La fin de l'épisode est proche et les jeux semblent faits pour le choix des candidats mais les effets induits par la campagne des primaires sur le paysage politique devraient encore se développer. On lit un peu partout que le paysage politique du pays glisse à gauche depuis quelques années. Quelques sondages  semblent le confirmer. Cela nous laisse devant la question peut-être plus importante : comprendre ce que signifie la campagne de Bernie Sanders devenu le sénateur le plus populaire du pays et d'estimer les conséquences qu'elle pourrait avoir.

Choisir entre les deux candidats ?


Nous sommes toujours tentés de choisir un candidat comme notre champion. Nous avons bien le droit d'avoir une opinion sur ce qui se passe chez les autres mais en tant que français soutenir l'un ou l'autre n'est simplement pas une question. D'ailleurs pour ma part malgré les sollicitations incessantes, plusieurs courriels par jour, je me refuse à soutenir financièrement l'un ou l'autre et me contente de donner un peu à quelques journaux  ("Mother Jones" ou "The Nation"). mais malgré tout peut-être que la gauche de gauche, comme dirait quelqu'un, aurait intérêt à s'interroger que ce qui se passe là-bas.

Clinton est-elle si catastrophique ?
Sanders est-il crédible en président qui ne se brise pas sur les écueils de la réalité ?
Et plus encore comment peut-on construire un avenir sur une gauche réactivée par la campagne de Sanders ? Un avenir de gouvernement ? De mouvement? Les deux ?
L'embarras a saisi les principaux organes de la presse de gauche aux États-Unis d'Amérique. Mother Jones se réfugie dans son indépendance et son statut d'organisation à but non-lucratif pour ne supporter aucun des deux. Ceci ne l'empêche pas de faire en Octobre une couverture éloquente avec Sanders statufié sur le Mont Rushmore avec ses collègues présidents accompagnée du titre "Un sénateur socialiste du Vermont aux cheveux en bataille peut-il changer la politique pour de bon ?".  The Nation ne s'encombre pas de ces pudeurs au nom de la nécessaire révolution politique impulsée par Bernie Sanders.
Alors comment évaluer les deux candidats sans tomber dans la facilité de nos réactions instinctives formatées par nos idiosyncrasies nationales ?
Pour ma part j'ai porté trois regards distincts sur le passé avec l'histoire des candidats, le présent avec la campagne et les programmes, le futur avec une tentative de projection en avant. Et j'ai trouvé en chemin l'aide opportune d'un connaisseur.

Quels enjeux ?

Le premier enjeu évidemment est de nous faire le petit plaisir infantile de soutenir un candidat qui nous plaise. Mais comme on le développe un peu plus loin laisser la victoire aux Républicains pourrait signifier une catastrophe en termes de régression sociale dans les domaines de la protection sociale (annulation de l'"Obamacare"), des droits des femmes (législations sur le viol et sur l'avortement),  des droits de la jeunesse (la dette étudiante totale atteint les 1200 milliards de dollars), du système légal lui-même (verrouillage de la Cour Suprême par un président républicain) entre autres. Les conditions de la victoire du candidats Démocrate, quel qu'il soit, peuvent être la clé qui sacrifie ou pas une génération.

Le passé par nature pose moins de problèmes.


Bernie Sanders présente le CV quasi parfait de l'homme politique de gauche, présent sans interruption depuis l'époque des Droits Civiques, années 1960 et grand réveil politique du pays. Né à Brooklynn d'une famille d'immigrés juifs polonais l'étudiant Sanders rejoint le mouvement étudiant.  Après être passé par plusieurs petits partis de gauche il fait sa carrière comme indépendant avant de s'affilier au Parti Démocrate en 2015 afin de participer aux primaires de la présidentielle. En 1980 Bernie Sanders, originaire de New-York s'installe dans l'état du Vermont qui possède une longue tradition de politique progressiste : premier état à donner le droit de vote aux femmes, un de premiers à légaliser le mariage pour tous et l'objet d'une immigration massive de la jeunesse en rupture des années 1960 qui lui donne l'image dun pays de "hippies". Il devient maire de Burlington, petite ville de l'état et s'identifie comme "socialiste", qualificatif très discriminant dans sa position. Il a l'expérience de Washington ayant été élu à la Chambre des Représentants (député) puis sénateur du Vermont. On retient de ses votes de parlementaire qu'il a approuvé avec quelques précautions oratoires l'intervention en Afghanistan mais refusé de soutenir la guerre en Irak. Juif non religieux, Bernie Sanders a vécu dans un kibboutz en Israël dans les années 1960. Il est décrit par Noam Chomsky comme un "NewDealer" en référence aux politiques économiques de la période  Roosevelt. Auteurs de livres et de documentaires Bernie Sanders a aussi commis un disque de chansons de luttes qui ne restera pas dans les annales musicales (pour info et pour l'anecdote la plus belle version de "We shall overcome" est ici). Le  patrimoine de Bernie Sanders est estimé à 330 000 dollars.
En comparaison la carrière d'Hillary Clinton qui a fréquenté assez tôt les hautes sphères du pouvoir a de quoi impressionner. Fille d'un petit industriel de Chicago elle penche d'abord du côté de sa famille conservatrice et fait même la campagne du très réactionnaire Barry Goldwater en 1964. Elle suit ensuite la même trajectoire que John Lindsay dans les années 1960 du Parti Républicain vers les Démocrates. La question raciale semble avoir été importante dans son changement. Les études de sciences politiques et de droit la conduise à travailler dans un cabinet d'avocats après avoir travaillé sur les droits des enfants. Bien qu'elle ait à in moment travaillé dans un service d’assistance juridique bénévole Elle fréquente dès le début les hautes sphères de la vie politique et participe à des campagnes électorales. Elle s'installe en Arkansas en 1974 et épouse Bill Clinton. Pour faciliter la carrière politique de son mari elle abandonne son nom de jeune fille.  Avec l'élection de Bill à la présidence en 1992 elle passe deux mandats comme  première dame impliquée dans les affaires de l'état. En particulier elle joue un rôle effectif dans la tentative de construction d'un système d'assurances santé durant le premier mandat présidentiel de son mari. Cette tentative n'aboutit pas mais contribue à son image. Durant la présidence de Georges W. Bush elle est élue et réélue sénatrice de New-York avant de tenter sa chance aux primaires de 2008. Elle devient Secrétaire d'état (ministre des affaires étrangères) du premier mandat de Barack Obama. Son vote pour la guerre en Irak de Georges Bush lui a donné une image de "faucon" interventionniste en matière de politique internationale, confirmée par ses prises de position constantes. Bien qu'elle se soit peu exprimé sur les questions économiques on l'associe aux décisions de son mari, en particulier sur les accords de libre-échange comme le "TAFTA" (accord de libre-échange Canada-Mexique-Etats-Unis d'Amérique). Son patrimoine est estimé à 21,5 millions de dollars.

Se dessinent deux profils bien typés :

  • D'une part un intellectuel juif issu de la petite bourgeoisie lancé dans l'aventure politique par conviction socialiste,
  • D'autre part une juriste bourgeoise penchant à gauche dans sa jeunesse mais avide de monter aussi haut que possible dans l'échelle sociale.

Les programmes des deux candidats.


Les sites web des deux candidats (Sanders, Clinton) sont assez bavards et pas faciles à décrypter. Pour comparer mieux vaut chercher ici ou ici ou . Dans la phase actuelle il leur est parfois  délicat de s'engager trop précisément et ils doivent penser à la campagne à venir et aux électeurs à ne pas effrayer. Par ailleurs tenter une comparaison exhaustive des programmes est une impossible gageure vu le foisonnement des professions de foi et leur évolution au fil de la campagne.

Quelques différences visibles.


En matière sociale la plus importante différence réside dans la proposition de Sanders d'un système d'assurance maladie généralisé (dit "single payer system") proche du nôtre alors que Clinton préconise l'extension de l'Obamacare, système reposant sur les assureurs privés qui ont l'obligation d'accepter tous les demandeurs. L'assurance santé pour les enfants passée en 1997 sous Bill Clinton fournit le modèle cette extension et une base crédible pour les électeurs car existante et non étatique.
Les deux candidats soutiennent la proposition de salaire minimum à 15 dollars. Jugée extravagante il y a peu cette mesure est rentrée dans le programme du Parti Démocrate et avec le soutien des gouverneurs Cuomo (New-York) et Brown (Californie). Elle est devenue proposition officielle dans les deux états mais reste un objectif de lutte dans l'ensemble du  pays. Le président n'a d'ailleurs pas les mains libres sur ce genre de choses qui se jouent dans les états et sur le terrain syndical.
Economique. L'approche fiscale préconisée par Sanders vise typiquement à imposer les plus hauts revenus de manière à dégager les revenus pour financer les programmes sociaux. Ses propositions jugées irréalistes par certains commentateurs économiques, y compris parfois classés à gauche, sont chiffrées à environ 8 points de PIB d'augmentation globale des impôts.

Sur la finance Sanders préconise de relancer la législation du Glass-Steagall Act avec deux objectifs : casser les trop grandes banques ("too big too fail = too big to exist") et séparer les activités de crédit et d'investissement (la réforme bancaire que nous n'avons pas su faire en Europe). Hillary Clinton n'envisage pas la séparation et parle de régulation. Ici la proximité si souvent décriée entre les Clinton et la grande finance ne peut pas se cacher.

Sanders propose un plan de gratuité des études supérieures financé en partie par une taxe sur les activités financières spéculatives. Il est suivi par Clinton mais avec un financement qui fait appel aux assurances privées. Les deux propositions méritent discussion (financement et pérennité) mais l'ampleur du problème en fait une bombe à retardement. La dette étudiante cumulée a dépassé 1200 milliards de dollars l'année dernière. Elle fait partie des dettes insoutenables à terme mais il s'agit bien d'une dette strictement interne qui ne peut pas facilement s'exporter.

J'ai été un peu étonné de constater l'importance dans certaines  discussions d'un sujet à peu près complètement absent de nos campagnes électorales : l'équipement du territoire. La taille du pays, la répartition des responsabilités entre états et pouvoir fédéral et la dégradation du parc peuvent justifier cet intérêt. Cette dégradation s'est incarnée dans la récente crise de l'eau potable à Flint. L'écart entre les propositions des candidats et les besoins chiffrés  dans le document de référence (Le rapport de la société des ingénieurs en génie civil publié en 2013) laisse prévoir des problèmes majeurs à venir. Le rapport détaille les besoins pour maintenir les infrastructures du pays en état à au moins 3,6 millions de millions de dollars avant 2020, dont mille milliards pour l'eau potable, 21 milliards pour les barrages, 736 milliards pour le réseau électrique ou 391 milliards pour les écoles. Clinton a proposé de consacrer 275 milliards sur 5 ans à ce poste contre mille pour Sanders. Ni l'une ni l'autre des propositions ne traite le problème de fond, problème politique car ces financements relèvent en bonne partie du Congrès qui pour l'instant est solidement Républicain et s'oppose par principe à un président Démocrate.  Il y a peu de chances pour ce sujet plutôt technique vienne au jour dans la campagne électorale et pourtant la crise de  Flint en a montré l'urgence.

Politique internationale et défense : Sans surprise et dans la continuité de son action  comme Secrétaire d’État Clinton propose de maintenir une présence militaire au cas par cas alors que Sanders est par principe contre toute intervention. Les principes directeurs par ailleurs sont très proches. A propos du Moyen-Orient les positions sont similaires (support de la solution à 2 états) mais Sanders est en général vu comme plus favorable à Israël du fait de son origine et son passé. Sa candidature a d'ailleurs été annoncée dans des journaux de la communauté juive jusqu'en Israël.  Le succès relatif de Sanders dans les états industriels du Nord (la "Rust Belt") a en général été attribué à son opposition aux accords de libre-échange sont personne n'ignore le rôle dans  la perte des emplois industriels locaux

Questions de société : On constate peu de différence de principe sur les droits des femmes Sanders étant dans l'ensemble plus audacieux. La présence de plus en plus importante de Jane, l'épouse de Bernie dans la campagne et dans les médias signale la féminisation des opérations, en particulier quand Donald Trump appuie de plus en plus sur ce point. Concernant la question des armes Sanders a la réputation d'être moins hostile que Clinton à la liberté de possession et d'utilisation des armes du fait de positions antérieures pour interdire aux victimes de poursuivre les fabricants d'armes. Il a ajouté l'interdiction de l'usage privé domestique des armes guerre à sa plate-forme. La peine de mort, sujet critique dans le pays où aucun candidat n'ose sérieusement se déclarer abolitionniste, permet à Sanders de marquer sa différence en se proclamant personnellement opposé par principe.

Ecologie : Le super oléoduc Keystone destiné à convoyer les pétroles du Canada (Alberta) vers  les États-Unis d'Amérique a été un violent sujet de polémique avant la décision d'Obama de l'annuler (sans doute aidé par l'élection de Justin Trudeau). Les deux candidats se sont dès le début de la campagne déclarés opposés à Keystone. Sur la lutte contre le réchauffement climatique Clinton a fixé à  33 % l'objectif de la part des énergies renouvelables. Sanders propose de taxer toutes les énergies fossiles et d'éliminer le nucléaire (19 % du mix énergétique à l'heure actuelle). Les deux candidats proposent des plans ambitieux d'équipement solaire. Sanders est plus ambitieux en surface photovoltaïque à installer mais les chiffres n'engagent pas beaucoup dans la phase actuelle. Les développements récents st décisifs en Californie valident ces choix et pourraient accélérer le processus. Sur les gaz de schistes et la fracturation hydraulique Sanders préconise une interdiction complète et Clinton une interdiction partielle et modulée suivant les états, l'évaluation des risques et le niveau d'avancement des travaux.


Devant toutes ces données mon penchant de gauche me menait vers Bernie  mais j'étais un peu en peine d'analyse concrète alors j'ai trouvé un peu d'aide.

Merci Tom Hayden.

J'ai trouvé cette aide chez Tom Hayden, un homme que je respecte depuis que je connais son existence. Militant historique de la gauche étudiante des années 1960. Il passe pour être l'auteur principal du manifeste de Port-Huron. Ce texte a servi de plate-forme à la nouvelle gauche de l'époque. Tom, 74 ans au compteur comme Bernie Sanders, est toujours là, infatigable lutteur des combats démocratiques et écologiques, anecdotiquement ex-mari de Jane Fonda. Il a publié sur "The Nation" un article qui explique : "Je soutenais Bernie Sanders mais j'ai changé d'avis".

Tom commence par rendre hommage à la campagne de Sanders, "la plus impressionnante campagne indépendante de l'histoire" qui réveille la culture politique congelée du pays et peut prendre le relais des mouvements altermondialistes ("Occupy") qu'il est nécessaire de dépasser pour sauver la génération qui vient. Il connait deux Hillary, celle qu'il a vu  manifester sur le campus de Yale autrefois et l'autre qui au même moment préférait le système aux barricades. Si elle a évolué sous la pression des événements elle n'a pas autant changé que le Parti Démocrate.

L'assurance santé est sans doute le point le plus visible du programme de Sanders, celui qui représente la rupture la plus nette avec l'opinion dominante. On peut remarquer que dans les résultats quotidiennement publiés de satisfaction d'Obama les résultats sont plutôt positifs et en progrès. Si ce résultat en fin de mandat est en général jugé comme très positif on ne peut manquer d'observer le détail. Un point est à peu près systématiquement noté négativement : la politique d'assurance santé. Ceci est généralement commenté comme une désapprobation de la mise en place de l'Obamacare, le système d'assurance santé optionnel mis en place récemment sans que l'on sache si cela concerne le principe ou les modalités de mise en place. Le succès  (20 millions d'assurés malgré les difficultés de démarrage) laisse supposer qu'a minima les moins favorisés, ceux qui ont adhéré,  sont plutôt favorables. La proposition de Sanders, plus intéressante sur le fond à nos yeux, pose des problèmes peut-être insurmontables de réalisation. En particulier il nécessite une durée de mise en place sur au moins deux mandats présidentiels et trois élections parlementaires et donc autant de risques de capoter en cours ou de ne pas survivre aux batailles de procédure. L'adopter mettrait sans doute en danger la protection actuellement acquise par une partie de la population et ne serait pas comprise des électeurs.

Parmi les thèmes écologiques le plus critique actuellement est la fracturation hydraulique qui a déjà défiguré une bonne partie des Appalaches et fait l'objet de vives polémiques dans les états de New-York et de Californie.  Le mouvement a gagné du terrain en Californie, l'état de Tom Hayden où il peut suivre les événements de près. Il craint que le jusqu'au boutisme apocalyptique des partisans de Sanders qui prennent à la lettre  le mot d'ordre d'interdiction totale ne soit contre-productif, échoue à rallier de nouveaux partisans aux énergies propres et même les en éloigne.Je ne suis pas certain de le suivre sur ce point mais je ne connais pas bien la situation. Il met en avant les discussions en cours de législations locales au niveau des états capables de faire significativement avancer la situation et d'améliorer concrètement la situation de milliers de personnes. Il suggère que plutôt de viser à l'établissement de règles fédérales improbables du fait du Congrès les candidats devraient s'accorder pour soutenir ces initiatives locales et donc avancer à petits pas.

Je comprends  parfaitement le second argument de Tom. La campagne de Bernie Sanders a vécu jusqu'à présent à l'abri de la campagne des Républicains trop occupés à s'écharper entre eux. S'il devient candidat officiel du Parti Démocrate les attaques sans merci, financées par tout l'argent noir de la planète Républicaine vont déferler en avalanche avec une violence à laquelle le mouvement autour de la campagne Sanders n'est pas organisée pour résister à court terme.L'effet en cascade sur les parlementaires Démocrates qui cherchent leur réélection sera désastreux et la campagne unifiée qui serait nécessaire éclatera chacun jouant sa propre carte  à sauve qui peut.

L'élection d'un président Démocrate est une nécessaire pour préserver l'avenir mais pas suffisante. Un renforcement Démocrate au moins au Sénat devrait la compléter. L'évolution du contenu de la campagne Clinton a montré la perméabilité à la  pression de celle de Bernie Sanders et de sa force. L'évolution vers la gauche du Parti Démocrate se confirme avec par exemple la primaire sénatoriale du Maryland ou même le candidat de l'establishment du parti, Chris Van Hollen, présente un profil presque aussi progressiste que la candidate réputée de gauche, Donna Edwards, qui avait pour elle d'être noire et femme. Certains voient mêmes des signes de transformation quasi organique du parti vers un mouvement.

Comme Tom Hayden je pense que la bonne position doit faire l'effort d'un peu de complexité : voter Hillary, encourager Sanders à continuer aussi longtemps que possible sa campagne sans faiblir sur ses positions afin d'être en position d'obtenir le meilleur résultat au Sénat et au Congrès et de construire un mouvement qui ensuite aidera le pouvoir à ne pas perdre la boussole.Il reste à négocier pour Bernie Sanders et le mouvement qui le soutien le plus difficile : la transition vers un mouvement durable, au-delà d'une campagne électorale des primaires, dans un premier temps en campagne unie pour l'élection elle-même, puis ensuite dans la durée. Voici qu'un vieux slogan me revient : "l'union est un combat".

Peut-être la leçon vaut-elle un peu pour nous à cette grande différence que nous n'avons pas de candidat à pousser puisqu'il n'y a plus en France de parti (de gauche)  capable de présenter une alternative crédible?  Ou bien notre dynamique européenne est-elle inverse ?

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