Voilà qui ressemble à un spectacle soigneusement mis en scène. Dans un contexte de crise dans lequel la Russie n'en finit pas de jouer les premiers rôles, bien secondée par les pas vraiment démocrates turcs ou ukrainiens il fallait bien que le dirigeants des Etats-Unis d'Amérique tentent de reprendre la main dans le cirque médiatique mondial. Cela a commencé par les fuites bien orchestrées de la possible, maintenant confirmée, visite de Nancy Pelosi à Taiwan. Ne pouvant paraître rester en retrait Joe Biden a pu opportunément trouver le second d'Oussama ben Laden à assassiner. Cela nous a valu cet étonnant spectacle d'Anthony Blinken, un des plus militaristes ministre des affaires étrangères en train de jouer les pacificateurs au sein même du gouvernement de son pays.
Approchant moi-même des soixante-quinze ans je suis sans doute mal placé pour critiquer les octogénaires (ou presque) qui dirige le pays de la plus grosse armée du monde mais comment ne pas avoir remarquer la démarche peu assurée de Biden au micro de la Maison-Blanche ou la stature de Pelosi sur le tarmac de Taipeh?
Si l'âge n'est pas en soi le problème la génération politique peut être la source de l'incompréhension d'une caste dirigeante sans imagination qui ne se sait répondre à la menace de l'agression chinoise que par la surenchère militariste. La crise russe en Ukraine, la guerre, en d'ailleurs tomée à point nommé pour justifier l'inflation des budgets militaires qui va peser encore plus sur les conditions de vie des citoyens ordinaires.
Cette caste complètement formée et formattée par la guerre froide et un anticommuniste archaïque qui n'a pus aucune raison n'a décidément rien appris des trente dernières années. Elle est toujours incapable de comprendre que le traitement de choc néolibéral infligé à la Russie et à toute l'Europe de l'est par contre-coup après la chute du mur de Berlin constituait un crime contre les populations européennes.
Le binôme Poutine Xi-Ji-Ping forme avec la direction des Etats-Unis d'Amérique un duo infernal qui semble incapable d'imaginer d'autre sortie de crise que celle de l'escalade dans l'affrontement. Contrairement aux espoirs exprimés ici ou là de la renaissance d'une troisième force sous la forme d'un nouveau mouvement des non-alignés comme dans les années 1950 l'espace n'existe plus pour que ce développe cette voie. Même si la perspective du communisme stalinien était une illusion elle pouvait apparaître comme une possibilité crédible d'autonomie des peuples dans les nations nouvellement indépendantes. Il n'y a plus aujourd'hui que le choix de la soumission plus ou moins immédiate à l'un ou l'autre des blocs dominants. L'un, le bloc occidental auquel nous appartenons semble manifestement sur le déclin et traine derrière lui un passé infamant de domination et d'exploitation des plus faibles. L'autre ne semble offrir que la violence comme arme de développement.
Quand entamerons-nous le débat sur les moyens de sortir de ce dilemme?