Ce billet du blog de Yanis Varoufakis (qui se trouve redondant avec des publications précédentes de lui, de James Galbraith et quelques autres pas toujours aussi politiquement marqués) décrit clairement la situation actuelle de l'affrontement au sein de la direction européenne.
L'austérité imposée à la Grèce doit se comprendre comme un coup de billard à plusieurs bandes. Les cibles de Shauble ne se trouvent pas à Athènes, ou de manière secondaire, mais bien à Rome et surtout à Paris. De même que la bombe d'Hiroshima ne visait pas le Japon dont la capitulation était déjà acquise en Juillet 1945 mais bien les soviétiques la menace vise au premier chef la France. Elle dit : "vous choisissez entre l'austérité et l'équilibre budgétaire immédiat ou la sortie de l'euro". François Hollande peut se pavaner comme le sauveur de l'unité européenne. Il n'a pas relevé le gant et donc virtuellement accepté de passer sous les fourches caudines de l'ordo-libéralisme allemand.
Lancer le débat sur l'euro et la politique européenne devient donc vital pour nous. La cure d'austérité qui nous est promise entrainera un long cortège de souffrances, de misère sociale insupportable. La pusillanimité n'a plus lieu d'être. Si nous cédons à la peur de soulever des questions difficiles, de remettre en question la marche en avant de l'intégration européenne -au moins la manière dont elle est menée, mais poser des limites apriori au débat le condamne à l'échec-, de prendre le risque de mêler nos voix à celles des la droite plus ou moins extrême -FN, Debout la France et autres- nous acceptons d'avance les conséquences.
Le bilan de ces années de crises en termes d''évolution des opinions peut sembler bien sombre. Un vent de droite souffle avec constance en particulier en matière de politique économique. Je ne partage pas toujours le pessimisme ambiant sur ce point. La crise grecque a montré que la chose économique commence à passer dans le débat public. Cette évolution dure depuis quelques années déjà, plus ou moins depuis la crise de 2008. Elle nous contraint à sortir des vieux réflexes qui nous empêchent de penser de manière créative. En bref être de gauche signifiait en matière économique soit faire confiance aux camarades qui savaient, soit ressortir des formules marxiennes ou keynésiennes toutes faites. Il nous appartient aujourd'hui de casser ces modèles -au demeurant peu fidèles à Marx et Keynes dans la méthode et les principes- pour apporter le débat au grand jour et inventer de nouvelles pistes qui devront se confronter à la pratique.