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Un de ces baby-boomers tant décriés.. L'important est ailleurs. Dire d'où politiquement on parle. Quelque part entre Marx, Bakounine, Murray Bookchin et Wendy Brown mais aussi Ursula LeGuin et Jackson Browne.

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Billet de blog 5 mars 2023

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Clochemerle en Macronie.

Dans certains endroits la famille des autorités a plus de droits que d'autres.

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Je participe à un groupe Union Populaire de Seine et Marne dans une ville de moins de 10000 habitants à la limite entre la zone urbaine et de la zone rurale. Nous avons déposé le 1er Mars une déclaration de manifestation pour le matin du 7 Mars à 10 heures en préparation de la manifestation parisienne.

Une précédente manifestation contre la réforme des retraites qui a regroupé 70 personnes a été organisée le 11 Février, un succès dans cette petite ville de Seine et Marne qui n'avait guère connu ce genre de chose depuis longtemps. Le seul souvenir que j'en ai remonte à environ 3 ans : une manifestation de professeurs et de parents d'élèves contre les réformes Blanquer. Cette manifestation du 11/02 s'est déroulée largement sans respecter les contraintes légales: des changements de parcours inopinés, un encadrement à peu près inexistant et une improvisation à peu près complète. Les responsables des forces de l'ordre nous ont dit qu'elle avait mobilisé plus d'une dizaine de fonctionnaires et que ces conditions auraient justifié la mise en garde à vue immédiate des organisateurs. Cette manifestation a parcouru la ville de long en large sur plusieurs kilomètres sans incident et n'a donné lieu à aucune suite malgré les conditions manifestement illégales de son organisation et de son déroulement. Le détail qui change tout est qu'elle résultait d'une initiative personnelle du fils du maire macroniste.

Depuis le dépôt initial de la déclaration pour la nouvelle manifestation du 7 Mars nous nous heurtons à une obstruction systématique sur le sens duquel on ne peut que s'interroger. Alors que l'article L211-2 du Code de la Sécurité Intérieure spécifie explicitement : "L'autorité qui reçoit la déclaration en délivre immédiatement un récépissé." nous n'avons jamais reçu de récépissé avant le Samedi 4. La demande avait bien été exprimée à l'employée qui a reçue la demande (et l'a notée sur un post-it accolé au dossier). 

Deux jours après le dépôt de la déclaration nous avons reçu successivement un appel des Renseignements Territoriaux et de la Police Municipale.

Le premier témoigne que la demande avait bien été transmise dans le délai de 24 heures spécifié par l'article L211-4.

Le second appel nous demandait de négocier un autre parcours pour des raisons de sécurité. Nous  avons donc pris rendez-vous pour discuter d'une alternative cartographiée par nos soins et discuter des conditions d'encadrement. Nous sommes alors entrés dans une dynamique insensée.  Chacune de nos proposition se heurtait à de nouvelles exigences de raccourcissement du parcours et de meilleur encadrement. Il est apparu dès le début que le souhait de la mairie était de nous cantonner au parcours le plus court possible et le plus invisible, dans des endroits isolés. Nos propositions (4 dans la journée du Vendredi 3) se sont vues refusées l'une après l'autre pour des raisons de sécurité parfois plus que discutables comme l'encombrement d'une rue où arrivent des camions dans un établissement industriel. La rue aurait été bloqué 10 minutes au plus et il y passe moins d'un camion par heure. Le prix de la démocratie, du droit de manifester est donc inférieur à celui de 10 minutes d'immobilisation d'un camion de fromage. Le parcours "autorisable" se réduisait comme une peau de chagrin au fil de la journée. Par exemple la possibilité de rejoindre la gare par un chemin assez malaisé proposée initialement par la mairie en début de journée avait disparue quelques heures plus tard. Et la volonté de limiter la longueur du parcours nous a même été rapportée par une des personnes avec qui nous avons parlé.

Au final,  deux observations.

1-Nous sommes heurtés à une obstination de nous cantonner sur un parcours insignifiant en longueur et en visibilité, une sorte de "ghetto  pour protestataires" intangible. Si ce sont les autorités qui décident des parcours de manière arbitraire et autoritaire que devient le droit de manifester? Peut-être pourrions-nous aussi offrir au maire un stylo afin qu'il écrive nos slogans.

2-Nous sommes confrontés à un système clair de "deux poids deux mesures". Le fils du maire peut organiser sur le même sujet une manifestation dans des conditions manifestement illégales sans conséquences mais un collectif de citoyens d'opposition ne peut même pas prétendre manifester de manière décente et légale. Cette fois c'est Clochemerle.

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