Les résultats de la primaire de mardi 5 avril méritent un peu plus de développement que le seul énoncé des noms des vainqueurs de chaque camp.
La participation s'est mieux équilibrée (Démocrates : 1 001 925; Républicains : 1 097 384) dans un état qui a élu et réelu comme gouveneur un républicain particulièrement réactionnaire (Scott Walker).
Se tenait le même jour l'élection d'un juge de la Cour Suprême de l'état. La protégée de Scott Walker, Rebecca Bradley, l'a nettement emporté contre une candidate dont les qualifications juridiques sont nettement supérieures. Bradley doit toute sa carière dans l'appareil judiciaire à Scott Walker et a manifesté fermement des positions extrêmes en matière de droits des femmes. La différence pourrait bien venir de la quantité d'argent (2 millions de dollars au moins contre 400 000) venue la soutenir. La majeure partie de cet argent a été dépensé en publicité négative contre son adversaire. La législation qui depuis quelques années autorise pratiquement sans contrôle le financement des campagnes politiques devient très préoccupante. Cette situation devrait se répéter dans d'autres états au-delà des primaires et des élections aux postes réputés politiques. Le rôle joué dans la vie publique par les juges, ceux des Cours Suprêmes d'état ou fédérale en particulier, rappelle l'importance politique de ces élections parallèles.
L'importance de l'argent cristallise d'ailleurs l'affrontement entre Hillary Clinton et Bernie Sanders. Celui-ci ne manque pas une occasion de noter les réunions de levée de fonds auprès des riches donateurs auxquelles participe Clinton. A l'opposé l'équippe de campagne de Sanders ne cesse (plusieurs fois par jour parfois) de demander aux supposés sympathisants de cotiser pour au moins 3 $ afin marquer la différence.
La victoire de Sanders semble avoir déclenché un changement d'attitude de la campagne de Clinton. Outre le mouvement d'humeur manifesté en public par la candidate on peut lire de plus en plus de critiques de Sanders par des médias pro-démocrate jusque là relativement neutres, comme ici. Jusqu 'à préent le bas niveau d'agressivité entre les deux camps permettait d'espérer une assez facile campagne pour l'élection proprement dite. Il serait dommageable que les choses se révèlent aller plus loin qu'une simple tentative d'intimidation. La campagne de Clinton aura grand besoin du dynamisme et de la jeunesse des troupes de supporters mobilisés par Sanders. Cette attitude belliqueuse de le campagne Clinton est d'autant plus difficile à comprendre que les résultats même du Wisconsin condamnent Sanders à la défaite car il n'a pas gagné avec la marge suffisante. En effet pour l'emporter il a besoin de gagner toutes les primaires à venir et avec des marges importantes (ici une projection qui tente de le montrer). Les sondages, assez fiables ces dernières semaines, et la composition démographique (ethnies et âges) des prochains états à voter laissent prévoir plusieurs victoires de Clinton (New-York, Pennsylvanie, Californie) qui lui donneront un avantage définitif.
Du côté républicain la défaite de Donald Trump entretient le possibilité d'une convention négociée dans laquelle aucun n'arrive avec une majorité de délégués verrouillée. L'hypothèse Paul Ryan que j'évoquais récemment reste en suspens mais devra outrepasser des obstacles importants :
-le respect de règles de la convention qui imposent en principe que le candidat désigné ait participé aux primaires et gagé dans au moins 8 état
-le désordre qu'introduirait dans le parti et dans son électorat une telle opération.
Par ailleurs Paul Ryan semble encore dans l'expectative, pas prêt à assumer les risques. Rien ne prouve d'ailleurs, et pas la campagne de 2012 comme second de Mitt Romney, qu'il soit l'homme de campagne dont les républicains auront besoin après le tumulte trumpien. Il reste à voir les résultats de Trump dans les prochains états. Si sa relative chute se poursuit le plus probable candidat reste Ted Cruz dont la nomination poserait le moins de problèmes au parti. Tout a déjà par ailleurs été dit sur les différences entre les deux candidats qui sont à peu près comme la peste et le choléra.