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Un de ces baby-boomers tant décriés.. L'important est ailleurs. Dire d'où politiquement on parle. Quelque part entre Marx, Bakounine, Murray Bookchin et Wendy Brown mais aussi Ursula LeGuin et Jackson Browne.

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Billet de blog 6 juin 2016

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Brexit, that is the question, or not ?

Le débat du Royaume-Uni sur le référendum devenu débat sur la sortie de l'Union remet en lumière des questions fondamentales à la fois en Grande-Bretagne et dans toute l'Europe. L'organisation du Royaume est en question comme elle ne l'a jamais été. Une nouvelle occasion de reprendre la main pour une Europe démocratique se présente.

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A l’occasion du référendum britannique sur l'appartenance à l'Union Européenne le débat prend des tours parfois inattendus. On attendait une parade des populistes de UKIP. Ils sont en retrait. Le terme Brexit est partout accréditant l'idée que c'est bien de la sortie qu'il est question. Une des contributions les plus remarquables vient d'Anthony Barnett qui publie semaine après semaine, chapitre après chapitre, un livre intitulé "Blimey, it could be Brexit!" sur le site openDemocracy. Le résultat est passionnant, à la fois une lecture de l'histoire récente du Royaume-Uni qui nous apprend beaucoup à nous français, une réflexion de longue haleine sur les institutions (Constitution) britanniques et une relance du débat européen

Le Royaume-Uni, histoire récente.

Anthony Barnett m'a rappelé une chose que je ne soupçonnais même plus et que les français ont tendance à oublier. Le Royaume-Uni jusqu'à Margaret Thatcher était de fait une nation social-démocrate, y compris sous les gouvernements conservateurs. Merci à Keynes et Beveridge.L'offensive Thatcherienne qui détruit d'un même mouvement à la fois l'essentiel de l'indutrie britannique et l'infrastructure syndicale (en partie adossée à cette industrie) met fin à cette période. Thatcher aura deux lignées d'héritiers, ceux qui s'affrontent aujourd'hui sur le référendum. Barnett désigne le clan Cameron-Osborme sous le nom de "Blairites" car ils sont les directs successeurs de Tony Bmlair qu'ils reconnaissent clairement comme leur maître. Ils représent ce qu'il appelle le "corporate populisme", une philosophie de gouvernement calqué sur la gestion d'entreprise. Le clan Johnson-Gove, les "Brexiters" étant taxés de "national populisme". L'attelage Johnson-Gove étant par ailleurs assez étrange. Je ne connais pas Gove qui passe pour un politicien avisé supérieurement intelligent alorsr que l'on connait le personnage Boris Johnson. Un formule résume assez bien l'ensemble. Cameron ne croit à rien, Osborne pas plus. Johnson ne croit qu'en lui et Gove en Rupert Murdoch. Voilà le quartet qui est en train de jouer au dés l'avenir du pays. Sur les pronostics assez mouvants du résultat du référendum je fais toujours confiance à NCP un des rares sites qui parle intelligemment de sondages et a été le seul à prédire la victoire des conservateurs l'année dernière. La prévision la plus intéressante ne concerne pas les pourcentages des deux camps mais la probabilité de victoire de l'un ou de l'autre. Pour l'instant la barre est largement en faveur de "Remain" la probabilité étant montée à 22% pour le "Leave" dans les derniers jours contre 78% de probabilité pour "Remain"  dans un contexte de volatilité importante des sondages. Pour le détail et les méthodes de calcul voir le site. mes études de statistiques datent de quarante-cinq ans. Je ne comprends pas toujours tout.

Le Royaume-Uni, institutions et organisation.

Anthony Barnett est un combattant de longue date pour une réforme des institutions du pays avec le groupe Charter88. Il souligne dans ce travail que l'état actuel du Royaume, en plus des imperfections historiques de ses institutions historiques, ne correspond pas aux exigences d'une démocratie moderne. La question nationale dans un royaume composé de quatre territoire inégaux en superficie, en ressources, en maturité politique : l'Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles, et l'Irlande du Nord donne aujourd'hui cette situation ubuesque dans laquelle la nation centrale, supposée dominante, l'Angleterre, est la seule à ne pas avoir de parlement.  L’Écosse en a un, largement autonome et en voie d'autonomisation encore plus importante après les concessions accordées avant le référendum de 2014. Le pays de Galles et l'Irlande du Nprd ont des assemblées un gouvernement local. L'Irlande du Nord rejoindra probablement la République d'Irlande à plus ou moins long terme. Le parlement de Westminster est celui du Royaume-Uni où siègent des élus des quatre nations. Le système électoral, majorité simple à un tour, ne peut plus fonctionner de manière à représenter correctement les opinions quand on sort du bipartisme historique. Ces questions vitales pour la démocratie et la stabilité à long terme du pays ne sont pas effleurées par aucun des grands leaders politiques. Derrière le référendum sur la question européenne que Cameron a cru malin de promettre pour mater les eurosceptiques de son camp se cache en fait bien d'autres questions.

Le débat européen.

Sur le débat européen Anthony Barnett soutient la position du maintien dans l'Union tout en réclamant des réformes des institutions telles qu'elles ne me semblent en aucun cas acceptables dans le cadre des institutions actuelles. Je ne suis pas électeurs britannique. Il ne m'appartiens pas de me prononcer sur le bon vote du 23 Juin. L'accent mis à juste titre par Anthony Barnett sur la démocratie, quoi que désigne ce mot que nous utilisons si souvent sans le définir avec précision, permet de relancer le débat sur cette Europe au centre de tous les problèmes politiques et économiques du moment. Je pense que parmi les tâches auxquelles doit s'atteler la gauche en Europe une des plus prioritaire consiste à construire ce qui manque depuis le début, en espace de débat politique européen, condition obligatoire à la reconstruction démocratique de l'Europe quand nous aurons détruit cette Union et sa clef de voute l'Euro. Cet espace qui nous permettrait par exemple de penser à élire un parlement européen qui ait un peu de caractère démocratique. Le Parlement Européen actuel n'est que l'addition d'équipes nationales élues dans des cadres nationaux avec des référents politiques et culturels nationaux et en général sur la base de débats purement nationaux. openDemocracy est un des rares outils actuels permettant de travailler à la construction du débat européen.

Lisez-donc "Blimey, it could be Brexit!". Une bonne leçon d'Histoire et de politique. 

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