Je souhaite la défaite de l'équipe de France de football le dimanche 18 décembre, pas la victoire de l'Argentine qui m'indiffère mais bien la défaite de cette équipe dont la fonction essentielle est devenue de nous faire oublier la réalité.
Le déferlement du tsunami chauvin n'a pas attendu la finale pour se déployer. Peut-être que certains, prudents, ont préféré ne pas prendre le risque de la possible déception ultime pour se lâcher quand même et exprimer le maximum de bruit et de fureur.
Ce bruit permet de ne plus entendre la voix des exploités du Qatar, de ceux qui ont vu et continuent de voir leurs droits piétinés. L'entreprise de blanchiment a été fameusement lancé par le capitaine de l'équipe qui s'est couvert de honte en dédouanant le pays avec sa fameuse phrase sur "le respect". Il y a donc lieu selon lui de respecter le pouvoir des émirs à pétrodollars et pas les ouvriers népalais ou les femmes de chambre philippines. Bravo.
Il a été suivi par le patron, le petit marquis de l'Elysée, qui n'a pas hésité à s'offrir deux aller-retours Paris-Doha en cinq jours et au passage féliciter les autorités qataries de leur organisation, c'est-à-dire de la mise en quasi-esclavage de milliers de travailleurs et de la mort de centaines d'entre eux.
Où est passé ce que nous appelons sport dans cette histoire? Qu'y-a-t-il de commun entre ce cirque de milliardaires sur lequel dégouline l'argent des télévisions et des équipementiers et le match du week-end quand les gamins se gèlent sous les yeux de parents attentifs?
Je me souviens de la communion naïve de 1998 autour du symbole "bleu-blanc-beur". Qu'avons-nous fait depuis pour que la fureur raciste et xénophobe l'ait emporté et que l'envie d'être ensemble soit à ce point tarie?
