Une offensive en panne, mais un soutien à la Russie plus fort que nous ne voulons bien nous le dire.
L'invasion de l'Ukraine patine. Tout le monde l'a vu. Tout le monde le dit. Tout le monde l'écrit. Et s'en réjouit plus ou moins dans nos contrées. On a donc écrit tout et même plus sur cet échec apparent du plan du Grand Timonier Russe pour faire revenir par la force le rejeton ukrainien dans le giron de Mère Russie.
Et tous nos commentateurs bien-pensant et satisfaits d'eux-mêmes n'en finissent pas de proclamer que "Poutine à perdu la bataille politique, la guerre de l'opinion" en attendant que l'accumulation des morts ukrainiens lui fasse perdre la guerre militaire.
Ces gens savent-ils seulement compter? Nous avons eu l'occasion de mesurer le soutien à l'offensive russe lors du vote à l'Assemblée Générale des Nations Unies de la résolution condamnat l'invasion. Si le résultat de 140 contre une poignée de pays pouvait paraître sans appel il ne faut pas oublier que les abstentions valaient approbation, peut-être sur un mode mineur, de la Russie. Et une bonne partie des refus de vote également (voir le Maroc qui ne pouvait guère mettre en danger son rapprochement avec l'Espagne sur le Sahara ou sa relation avec le parrain français). La Russie et ses plus remarqués soutiens, l'Inde et la Chine comptent à eux trois près de la moitié de l'humanité (2,9 milliards). Si nous comptons les pays d'Afrique qui couvrent d'ailleurs une majeure partie du continent, le Pakistan, le Vietnam, L'Iran et l'Irak il y bien une majorité de la population mondiale du côté de Poutine. Cette arithmétique n'a évidemment guère de sens mais nos réactions habituelles consistant à voir la situation de notre point de vue n'en ont pas plus. La couverture de l'Afrique par la Russie est apparue pleinement lors de ce vote totalemet satisfaisant pout Poutine qui a commencé là à engranger les dividendes de son action passée.
L'offensive russe en panne.
S'il semble manifeste que l'offensive russe n'a pas pu fonctionner comme prévue et reste en plan, comme figée dans la fin de l'hiver continental dans les plaines d'Ukraine il n'y a peut-être pas là de quoi se réjouir trop vite.
Les causes de l'échec relatif des troupes russes sont assez connues. Le système économique oligarchique qui s'est constitué à partir de la présidence Eltsine (et duquel les conseillers occidentaux qui ont participé à la grande braderie de tout ce qui avait une valeur sont en bonne partie responsables) met toute organisation à la merci de la corruption. La désorganisation des chaines logistiques de l'armée russe s'en suivent probablement.
La concentration absolue du pouvoir entre les mains d'un chef suprême a pour conséquence l'élimination des compétences avancées dans les premiers cercles du pouvoir. Ce vide autour du cher présente le risque de plongée dans l'abime puisque les "adultes" ont tous quitté la salle et les freins à l'aventure suicidaire sont des plus ténus.
Une armée sans capacité stratégique.
Le champ d'action récent de l'armée russe s'est trouvé concentré en Syrie. Sans que l'on sache précisément comment le commandement effectif était réparti entre les forces de Bachar Al-Assad et les généraux russes il est probable que ces derniers se sont trouvés largement aux commandes car ils détenaient les commandes. La pratique généralisée des bombardements indifférenciées de zones résidentielles civiles afin de terroriser et faire fuir les populations sans égards aux destructions opérées a bien un air de déjà vu. Et joue ans doute le rôle de doctrine de combat pour un état-major russe qui n'a pas connu d'autre école.
Une autre issue que l'Apocalypse?
Un Vladimir Poutine, et sa clique militaire, politique et économique, acculé dans le coin du ring et mis, temporairement sans doute, au ban des nations n'aura pas d'autre issue que la destruction généralisée de ce territoire qu'ikl a pourtant proclamé vouloir libérer. Après tout puisque l'Ukraine est la Russie pourquoi ne pourrait-il la détruire s'il le veut? Il est chez lui.