Eleveurs

Nous sommes revenus hier du Sud-Quercy (nord de Montauban) vers l'  Île de France. Toutes les radios  nous annonçaient l'apocalypse sous forme de manifestations d'éleveurs sur l'autoroute A20. Nous n'avons été ralentis que par des voitures en panne et pas l'ombre d'un agriculteur en colère. J'ai donc eu le temps de me demander comment je réagirais devant membre de la FNSEA me présentant un tract. La sympathie manifestée parait-il selon les sondages par les français à l'égard de ces pauvres gens qui ne peuvent plus vivre de leur travail me semble mériter un peu de réflexion.
La gauche a toujours de grandes difficultés pour se situer vis-à-vis des mouvements d'agriculteurs. Quand de plus ils se présentent en victimes maltraitées, mal payées par les méchants de la grande distribution l’affaire semble réglée, pliée. Plus rien à voir. Tout le monde soutient David contre Goliath. Il est vrai que le discours des dirigeants agricoles a substantiellement changé. Alors que nous étions habitués à une quête aux aides diverses, européennes depuis la mise en œuvre de la politique agricole commune, on nous sert aujourd'hui un couplet qui sonne comme un écho lointain du discours sarkozyste sur le travail.

Et voilà bien où le bat blesse. La FNSEA a depuis belle lurette adopté une posture qui fait d'elle le second parti de la droite française après le MEDEF. Jamais je n'ai entendu ces gens mettre en question le modèle économique, l'omniscience du marché, etc ... Il me semble bien illogique qu'ils se plaignent des prix d'achat de leurs produits. Après tout s'ils étaient cohérents avec leurs convictions ils devraient simplement admettre que ces prix sont justes par nature. La seule alternative consistantes ne serait pas de se retourner contre les autorités pour pleurer après les subventions mais  bien de chercher les voies de contournement ou de subversion des mécanismes économiques existants.