Cinquante ans d'extrême-gauche ne m'ont pas prédisposé à féliciter les "forces de l'ordre". La journée de Samedi souvent décrite par les médias comme une catastrophe a pourtant montré une maîtrise de la part de la police qui seule peut expliquer que le bilan ne soit pas plus grave.
Depuis la catastrophe de Charonne le pouvoir en France est toujours hanté par le risque inhérent à la démocratie que représente le droit de manifester. L'encadrement policier des manifestation fait peser à chaque occasion le risque de panique ou de débordement susceptible de provoquer des morts dont la responsabilité retombe toujours sur les autorités. Dans les années 1970 une organisation d'extrême-gauche avait même republié une brochure de maintien de l'ordre expliquant la nécessité de toujours laisser une voie de repli pour les manifestants afin d'éviter les bousculades meurtrières, première cause des décès. Avec l'avènement de Giscard les techniques d'encadrement de manifestation se sont à nouveau durci, les forces de police serrant de plus près les manifestants.
La manifestation de Samedi des gilets jaunes a pris de court un pouvoir assez manifestement tétanisé par la peur. Macron terré dans son palais devenu la Cité Interdite de Paris ne pouvait se permettre que les événements dégénère en affrontements trop violents ou durables et surtout en morts de personnes.
La concentration des manifestants sur les Champs-Elysées, contrairement à ce que laissent penser la plupart des commentaires, n'est pas une défaite pour le pouvoir, au contraire. Cet emplacement est un des plus faciles à contrôler dans Paris, ouvert, doté de dégagements nombreux et larges, connu de beaucoup. La durée des affrontements était sans doute le prix à payer pour le maintien à une relativement basse intensité de la confrontation qui visiblement est restée maîtrisée par le commandement tout au long de la journée.
La difficulté était sans conteste accrue par l'inexpérience d'un grand nombre de participants et l'absence d'une structure de service d'ordre dans la manifestation.
Qui l'eut cru qu'un jour j'écrirais : Bravo les flics.