Nous savons tous que l'enjeu du débat de ce soit entre Clinton et Trump dans la situation actuelle de flou des sondages et de tensions raciales, politiques, sociales dans la société.
Le retournement tactique de Trump qui depuis la mi-Août procède de manière infiniment plus tactique qu'auparavant semble lui avoir profité. Il n'a pas vraiment changé le contenu de son discours mais la manière, en apparence plus policée. Ce changement a été mis en général au compte de la nouvelle directrice de campagne Kellyanne Conway, spécialiste Républicaine des sondages et des campagnes électorales. Elle ne doit pas cacher l'action d'un homme de l'ombre, vieil ami de Trump et vieux routier de la politique : Roger Ailes. Il a défrayé la chroniques au début de l'été quand une présentatrice de Fox News l'a accusée de harcèlement sexuel. Les choses n'ont pas trainées. Ailes a été viré de la chaine phare de la droite qu'il avait pourtant créée et portée vers le succès commercial.
Mais qui est donc Monsieur Ailes ?
The New Republic a publié un article assez complet sur l'individu. Il entre dans l'arène politique en 1967 avec Richard Nixon qu'il entraine au débat. Son premier titre de gloire est l'élection de Mictch McConnell à qui il permet de gagner un siège de sénateur au Kentucky contre un sortant Démocrate qu'il attaque pour ses discours grassement payés -Madame et Monsieur Clinton une idée ?-. McConnell est toujours là, chef de ma majorité Républicaine au Sénat. A partir de ce moment Ailes est réputé comme celui qui sait frapper au cœur ses adversaires, "l'Hemingway des consultants".
L'année 1984 est aussi celle de la réélection de Ronald Reagan. J'étais en Californie au moment de la convention Républicaine et je m'en souviens assez précisément. Il passe pour avoir été l'inspirateur de la fameuse petite phrase de Reagan sur son âge et l'inexpérience de son opposant.
On retrouve le bonhomme en 1988 derrière Bush père et son affrontement avec le présentateur vedette Dan Rather et la métamorphose de Bush, bourgeois blanc hautain du Connecticut en personnage populaire, adroit, juste assez agressif sans oublier d'être charmeur . Une de ses signatures est la petite phrase qui permet de gagner un débat, assez tranchante pour ne pas laisser de réelle capacité de réplique. Ne pas se laisser aller à l'agressivité contre son adversaire sans hésiter à entrer en conflit avec les animateurs des débats (modérateurs), lâcher une attaque mordante bien rythmée font partie de ses techniques caractéristiques.
Donald Trump a ainsi anticipé en attaquant le modérateur du débat de ce soir comme Démocrate alors qu'il est enregistré comme électeur Républicain depuis 2003. La pression mise sur le modérateur sera un facteur déterminant des débat, pas seulement celui de ce soir. Si les modérateurs ne sont pas capables de mettre en évidence les mensonges ou contradictions l'opinion sera marquée par l'assurance des candidats plus que par le contenu des échanges.
On peut également s'attendre à des provocations de la part de Trump sur la santé de son adversaire ou sur la vie privée des Clinton comme la menace de faire venir sur le plateau une ancienne maitresse de Bill le montre.
L'équipe Clinton et la candidate seront-ils capables déjouer tous les pièges du couple infernal Trump-Ailes ?