La "crise du lait"

Nous  sommes actuellement  témoins de la  dernière répétition d'une pantomime qui m'a lassé depuis longtemps. J'ai grandi dans un village sans aucun commerce où la passage du camion du laitier avec ses bidons de lait entrechoqués était une des rares distractions quotidiennes. Le prestige du chauffeur du camion était suffisant pour que l'un de mes frères dise vouloir faire ce métier quand il serait grand. Toutes les fermes de ce village de Brie abritaient leur troupeau. J'allais tous les soirs chercher le lait à la ferme voisine dans ma "boite à lait", réduction du bidon du fameux camion.

L'industrialisation de l'agriculture a depuis éradiqué les vaches briardes. Le hasard a fait que j'habite aujourd'hui dans la seule commune de Seine et Marne qui produise encore du Brie de Meaux et que le lait ne se trouve que dans les magasins sous la forme quasi solide de briques en carton. L'agriculture de mon pays de naissance est  complètement maintenant complètement organisée sur un modèle industriel dominé par la finance.

Le syndicalisme agricole a suivi. En près de cinquante ans de vie adulte je n'ai jamais entendu  l'organisme omnipotent du syndicalisme agricole, la FNSEA, dire un seul mot critique contre le fonctionnement du marché qui plonge aujourd'hui les producteurs de lait dans le désespoir. Il finissent toujours par appeler au secours cet état honni de leurs représentants politiques. La fin de carrière normale d'un dirigeant de la FNSEA se trouve normalement dans les instances dirigeantes de la droite du pays et même au gouvernent pour négocier avec Bruxelles la meilleure manière de faire passer les mauvais coups. Avez-vous jamais entendu un dirigeant de la FNSEA prôner une solution de proximité et de solidarité ?

Avant la Confédération paysanne existait un groupe bien nommé : Paysans-Travailleurs. Cette dénomination disait mieux que toute autre l'identité qui existe entre gens qui vivent de leur travail. A nous tous d'y revenir.