Ne nous mentons pas. Nous sommes nombreux parmi les militants du Nouveau Front Populaire à avoir anticipé ce qui arrive aujourd'hui : la mise sur orbite de la candidature du fils Glucksman comme présidentiable et potentiel leader de ce qui jusqu'à présent pouvait se constituer comme une gauche de gauche.
Devons-nous nous étonner que ce soit Libération qui tire le premier coup de la salve par laquelle les élites de la bourgeoisie chic commencent à détruire le Nouveau Front Populaire, acquit décisif de la séquence politique de Juin-Juillet?
Le lancement de l'objet politique nommé Macron par François Hollande remonte à une dizaine d'années maintenant. On nous a présenté une caricature, figurine de mode faisant profession de mépriser le peuple (l'incident du costard en Midi-Pyrénées). Nous connaissons trop bien la suite de l'histoire. Les attaques répétées contre le vivre ensemble, contre nos conditions de vie, la répression de moins en moins limitée de toute forme de protestation en particulier contre les atteintes à la vie de la planète. Le résultat pitoyable de l'exercice macronien s'étale aux yeux du monde entier. Proclamant sa capacité à nous apporter la prospérité tout en barrant la route aux tentations de l'extrême-droite le petit marquis à résussi à nous enfoncer dans la crise et à amener le Rassemblement National au pied du pouvoir. Ayant tout raté, disqualifié, inaudible, il ne peut plus que tenter de faire illusion le temps qu'il reste à son poste. Les rodomontades à la tribune des Nations-Unies n'y changeront rien. Le monde entier a compris le ridicule du personnage qui représente le pays.
Mais le néolibéralisme, comme la nature dit-on, a horreur du vide. Le pantin s'agite encore sur l'avant-scène qu'un autre se présente, copie conforme. Le fils d'André Gluckman n'a pas ménagé les efforts pour soigner son image. Conseiller d'un président géorgien qui n'a jamais caché ses positions néolibérales, atlantistes et rétrogrades il n'a jamais brillé par ses propositions progressistes. En créant Place Publique avec Claire Nouvian et Thomas Porcher il se donne une image de progrès en contradication complète avec toute sa carrière antérieure. Il faudra peu de temps pour qu'il cède à l'attrait du plat de lentille de la tête de liste PS aux élections européennes de 2019 et saborde le projet au profit de sa carrière personnelle. La promesse de Place Publique dans le désert politique français d'un mouvement de style nouveau, ancré sur le terrain et profondément attaché à la défense de la vie tranchait dans le paysage. Le dynamisme écologiste de Claire Nouvian et la compétence économique de Thomas Porcher ne laissaient que peu de place à l'arrivisme du troisième larron. Serait-ce là la raison du sabotage d'un projet qui pouvait séduire?
Le plus inquiétant de cette histoire est que cela ait été simplement possible. Le vide sidérant (et sidéral) de notre personnel politique alternatif joue un rôle. L'obstination sans recul de Jean-Luc Mélenchon à prétendre être la seule alternative mobilise stérilement derrière lui une partie importante des forces militantes disponibles à gauche dans un combat sans issue. La création de la NUPES en 2022 et celle du NFP cette année ont confirmé que la construction d'un mouvement populaire uni passe bien avant la sélection du personnel politicien.
La question posée aujourd'hui n'est pas de chercher un candidat pour 2027 mais, comme tous mes contacts de cet été l'ont confirmé, de construire ce Nouveau Front Populaire enfanté un peu par hasard, d'en faire la force qui parle aux gens partout, recueille la parole populaire et la relaie.
Au boulot.