Comme vous, j'ai mal dormi, je me suis levé très tôt et j'ai écrit, je ne sais faire que çà pour calmer ma douleur.
Je voulais garder ce texte maladroit, mais sincère, pour moi et puis je me suis dit que peut-être il fallait le partager...Car nous ne sommes pas seuls face à l’innommable, nous sommes peut-être plus nombreux que nous ne le pensons.
L’être humain a une faculté à ignorer la réalité ou les leçons de ses erreurs qui me sidère. De plus, son tempérament le porte plutôt à imiter l’autruche que le tigre.
A force de se jeter un monstre dans les jambes, pour faire trébucher l’adversaire ou affaiblir le partenaire dont la position fait encore de l’ombre, notre classe de professionnels de la politique va, elle aussi, comme l’ensemble des citoyens de cette europe libérale, se retrouver au chômage.
A force de conflits d’intérêts, de compromissions de tous bords, ils se sont décrédibilisés.
A force de mensonges et d’aveuglement, le plus fameux étant la désignation de l’ennemi que l’on arme : la finance, le plus funeste, l’incompréhension et l’ignorance de cette forme nouvelle de fascisme qu’est le djihadisme, le plus lourd de conséquence, l’armement et la compromission avec des pays où, même le mot liberté, n’a aucune correspondance.
La guerre comme exutoire à la défaite.
Mais c’est quoi cette défaite, au juste ?
Défaite d’un système : le libéralisme mondialisé qui est pourtant présenté comme la seule forme d’économie possible « there is no other way » !
Défaite et dévoiement de nos valeurs ?
Parce que « nos valeurs », je n’aime pas ce mot, il signifierait qu’ailleurs dans le monde soit il n’y a pas de valeurs soit ces valeurs n’appartiennent qu’à notre monde occidental à l’exclusion des autres, mais je n’en trouve pas de plus évocateur, parce que nos valeurs donc, sont belles.
Liberté égalité fraternité.
Que ces mots sont doux et leur force immense.
Mais si Liberté se comprend comme liberté d’entreprendre, si égalité s’entend égalité par zone géographique, mais pas universelle, sauf si fraternité, c’est « on est tous frères, mais attention, en tenant compte de la couleur ».
Parce qu’alors, qu’aurons-nous gagné à revendre ces valeurs.
On a jeté aux orties tout ce qu’on avait bâti au sortir de la deuxième guerre mondiale, système social, État, chargé de réguler, d’empêcher les excès du capital, primauté du social sur l’économie, la recherche le bonheur du plus grand nombre, la réconciliation des peuples.
Défaite d’une classe de professionnels qui se croient membres d’une profession protégée ?
De cooptation en rente à vie, de responsabilités lucratives en compromission qu’avez-vous fait de l’idéal républicain ?
Coluche disait « c’est pas compliqué la politique, tu fais un an de droit et tout le reste de travers »
Je crains qu’il n’ait raison.
Aujourd’hui, je ne pleure pas la défaite des partis politiques, non.
Mais hier je pleurais l’abandon de nos idéaux, je savais que cela nous condamnait, je savais au fond, qu’il était déjà trop tard.
Il faudrait remonter au début des années 80, où les extrêmes servaient encore d’épouvantails, qu’ils soient de gauche avec les Brigades Rouges ou Action directe, ou de droite, le Front National déjà.
Mais ne regardons que 2002, où tous, comme un seul homme nous avons voté pour la négation de cette peste montante. Qu’en fît celui que nous portâmes triomphalement à la Présidence ?
Mais le pire, le point de non-retour, fut atteint après 2012 où un discours nous fît croire qu’une alternative était possible.
« Mon ennemi c’est la finance »
Cette haute trahison a jeté notre pays aux mains de ceux qui nient toutes nos valeurs avec ostentation mais sans changer d’orientation.
Le mal est fait, les professionnels de la profession désavoués.
Élection, piège à cons…
L’état de siège faute d’Etat au nom du peuple, l’état de siège, comme pour valider l’abandon de nos valeurs, pour mieux nous faire taire, nous diviser, nous bâillonner.
Alors oui, « there is no other way ».
La lutte, mais la lutte au quotidien, seul contre le pouvoir, fourmi contre l’écrasement, hors des partis qui trahissent au gré de leurs intérêts.
Entrons en résistance.