Comme Mediapart nous le rappelle, retrouver l'unité syndicale constitue une victoire, d'autant plus remarquable que cela ne s'était plus produit depuis longtemps ! Réussir une mobilisation d'une telle ampleur, qui aurait pu le prédire ? Enfin, obtenir l'adhésion d'une bonne majorité de la population, voilà encore un fait qui a de quoi nous rendre confiants et optimistes.
Malheureusement cet acquis risque d'être vite dilapidé par l'obstination à poursuivre la grève durant les vacances de Noël.
Que peuvent espérer les grévistes en poursuivant leur mouvement durant cette période ?
Le gouvernement ne va pas se réunir durant la trêve des confiseurs, il le fera d'autant moins que le nombre des grévistes aura diminué pendant les fêtes, tous les syndicats n'appelant pas à la poursuite du mouvement.
Du côté de l'opinion, il est vraisemblable que son soutien aux grévistes ne sera plus aussi bienveillant, la gêne occasionnée par la grève risquant de devenir plus pesante, rendant compliquées ou impossibles les réunions entre les membres géographiquement dispersés d'une même famille.
Un nouvel appel à manifester a été lancé pour le 4 janvier, cela signifie que le mouvement n'est pas interrompu, qu'une suite est déjà prévue. Alors pourquoi refuser de respecter la trêve de Noël, pourquoi refuser de prendre une pause avant de repartir ? Qu'y a-t-il à gagner dans cette obstination ?
Le gouvernement a été très malin, il a annoncé sa réforme des retraites en fin d'année, peu de temps avant Noël, il n'a pas attendu le début de l'année 2020. Il savait ce qu'il faisait. Sans doute ne s'attendait-il pas à une mobilisation et un soutien de cette ampleur.
Il n'empêche, la période choisie pour lancer l'annonce est déjà un piège tendu. Le piège se resserre lorsque au lieu de consolider l'unité syndicale, chacun repart de son côté.
Si cet acharnement conduit aux conséquences qu'il est difficile de ne pas prédire : perte de l'unité syndicale, recul du soutien aux grévistes au sein de l'opinion publique et au bout de la route, réforme des retraites rapidement imposée par le gouvernement, il faudra de nouveau beaucoup de temps et d'énergie pour remonter la pente, si tant est qu'elle puisse être remontée.