Dominique Bouchery

Abonné·e de Mediapart

12 Billets

1 Éditions

Billet de blog 4 avril 2013

Dominique Bouchery

Abonné·e de Mediapart

François, j'ai envie de te secouer comme un prunier

Dominique Bouchery

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

François, j’ai envie de te secouer comme un prunier. Je me permets de te tutoyer, parce qu’autrefois, dans la gauche, on faisait comme ça. Je sais que la gauche n’est plus pour toi qu’une étiquette utile, mais pour te dire ça, François, je ne peux pas faire autrement. Tu imagines, « Vous, président de la République… » Ridicule. Pourtant, c’est en tant que président que je t’écris. Parce que là, maintenant, et même il faudrait pas traîner, tu as une occasion, quasi miraculeuse, d’être vraiment le président du changement.

Tiens, un parallèle, qui a ses limites, mais quand même. George W. Bush, au début, était, comme toi, un président falot, un président pédalo. Et puis, moins d’un an après l’élection, un miracle : le 11 septembre. Et voilà notre Bush Junior qui devient capitaine de guerre, héros de l’Amérique forte et juste, pour le pire plutôt que le meilleur, mais quand même, réélu sans tricher.

Eh ben toi, pareil. Dix mois après l’élection, un miracle : Cahuzac. Tu le vois pas, le coup ? Au début, c’est pas facile. Il faut dire un truc genre « Ah crotte, je m’étais pas rendu compte jusqu’où on était arrivés trop loin », c’est délicat, tu vas un peu passer pour un con, il faut soigner la rhétorique, mais tu vas y arriver, François, ça tu sais faire. Après, c’est le boulevard. Tu deviens champion de la moralisation de la République (tu vois, les mots viennent tout seuls !). Le sursaut, François, le sursaut ! Tu bouscules ta majorité : le cumul des mandats, au tapis ! Tu te farcis les riches : les paradis fiscaux, à l’assaut ! La réforme fiscale, la grande, la vraie, tu la boucles à la hussarde ! A toute question, une seule réponse : Cahuzac ! Ta popularité remonte à donf ! Tu redresses la barre, non plus du pédalo, mais d’une fringante frégate qui régate sa mère ! Et là, porté par l’adhésion, fort de l’affection, allez, on y va, de l’Amour de tout un peuple, tu sais ce que tu fais ? Tu appelles Angela. Un rien condescendant, juste pour l’impressionner un peu, tu y vas franco : « Angie, ma poule, l’indépendance de la BCE, il faut que tu l’admettes, c’est grave has been. » Et voilà. Applaudissements vifs et prolongés. Une autre, une autre ! Bis ! C’est beau, non ?

Sinon, François, tu sais ce qui t’attend. Un nom dans la liste. Vincent Auriol. Armand Fallières. Même pas Félix Faure, qui a su in extremis entrer dans l’Histoire par le petit escalier.

C’est toi qui vois. Tu fais comme tu sens.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.