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Billet de blog 6 mai 2013

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Entre manif, pétition et sondage.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En prenant connaissance des chiffres annoncés de la manif d'hier, me viennent quelques réflexions. D'abord, bien que je lise ça et là le contraire, je pense que les chiffres sont importants. Il y a bien sûr la présence de tel ou tel, comme celle d'Eva Joly, à remarquer. Il y a le contenu des prises de parole, l'humeur générale de la manifestation. Mais ce qui compte, à la fin, c'est le nombre. Une manif de 30000, c'est du pipi de chat. Une de 180 000, ça fait "pas pourri", d'accord, et alors? C'est quoi 180 000 personnes ? Certainement pas de quoi déstabiliser un gouvernement, encore moins un régime. Pour que l'action ait un sens, un poids, il faudrait dépasser significativement le nombre d'électeurs Front de gauche de la présidentielle, donner le sentiment que si la présidentielle se rejouait aujourd'hui, le résultat pourrait être sensiblement différent. Je sais bien qu'on ne déplace pas quatre (ou six) millions de personnes. Mais je crains sérieusement qu'à défaut, l'action type "manif" soit à peu près vaine. Ca fait causer, un peu, et puis c'est tout. La pétition, par ailleurs, pourrait être un moyen de rassembler beaucoup plus de monde. Mais ça ne marche pas. Pourquoi, je ne sais pas, mais malgré l'immense levier que constitue Internet, toutes les pétitions allant dans ce sens que j'aie vu passer (et que j'ai signées et diffusées) n'ont recueilli que quelques milliers de signatures. Qu'on organise localement des réunions, comme à Martigues le mois dernier, est essentiel : il faut sensibiliser, diffuser, mobiliser. Mais sous sommes toujours à la recherche d'une action ponctuelle forte, capable de faire ressortir une tendance profonde, et qui soit de nature à faire bouger quelque chose hors période électorale; et qui puisse, dans le même temps, nous renseigner nous-mêmes sur l'état de l'opnion. Quel est le niveau du mécontentement dans la société française, et en Europe ? Quelle proportion des mécontents peut se retrouver dans un rassemblement à gauche du social-libéralisme ? Quel est le niveau de crédit des propositions du Front de gauche ?

Je me demandais si, quelque part entre manif, pétition et sondage, on ne pourrait pas imaginer la chose suivante : A côté de l'organisation d'une manif comme celle d'hier, un peu partout, pourquoi pas dans chaque commune, chaque quartier, les militants locaux des organisations politiques concernées installent, sur les places, une table, un parasol (ou pluie, selon), un texte résumant les revendications, et des feuilles de présence. A l'heure dite, disons 13h30, heure de la manif d'hier, les gens qui le souhaitent viennent donner leur nom, leur signature, et s'associent ainsi à la manif. On peut même faire de ce moment quelque chose de festif, pourquoi pas ? Tout ceci demande un travail de terrain important en amont, mais pas très différent de celui que nécessite une manif classique. 

On désamorce la guerre des chiffres, on se compte de façon plus précise et plus exhaustive, et tout le monde sait, nous inclus, si nous sommes quelques centaines de milliers ou un ou plusieurs millions. Au fond, c'est le noeud de la question, non ? Quels que soient les objectifs et les chemins envisagés, révolution citoyenne, par les urnes, révolution dans la rue, aménagement ou changement de régime, sortie ou non de l'Europe et de l'euro, rien ne peut se passer si nous ne sommes pas, non seulement nombreux, mais très nombreux.

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