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Billet de blog 20 février 2013

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Lettre ouverte à Gérard Filoche

Cher Gérard Filoche,J’admire le travail inlassable que vous fournissez, depuis des années, en faveur de l’amélioration des droits des salariés, et de l’application réelle de ces droits. Vos propositions sur l'avant-projet de loi (http://www.filoche.net/) transposant l'ANI en sont un exemple de plus. Cependant, si on se penche sur la circonstance, une anomalie apparaît : cet avant-projet de loi, que vous amendez si radicalement, est certes la transposition d’un « accord » inspiré par le Medef. Mais cette fois, il n’a pas été rédigé par leur amis de l’UMP, mais par vos amis, ceux du Parti socialiste.

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Cher Gérard Filoche,

J’admire le travail inlassable que vous fournissez, depuis des années, en faveur de l’amélioration des droits des salariés, et de l’application réelle de ces droits. Vos propositions sur l'avant-projet de loi (http://www.filoche.net/) transposant l'ANI en sont un exemple de plus. Cependant, si on se penche sur la circonstance, une anomalie apparaît : cet avant-projet de loi, que vous amendez si radicalement, est certes la transposition d’un « accord » inspiré par le Medef. Mais cette fois, il n’a pas été rédigé par leur amis de l’UMP, mais par vos amis, ceux du Parti socialiste. Vous voici en opposition frontale, sur le sujet qui constitue le cœur de votre action politique, avec votre propre parti, celui dans lequel vous militez pour faire advenir le contraire de ce que créera cette loi.

Mais je ne vous apprends rien, vous n’ignorez pas que vous êtes minoritaire au Parti socialiste, le dernier congrès l’a d’ailleurs confirmé. Vous pensez, du moins je le suppose, que votre voix aura plus de poids à l’intérieur du PS qu’au-dehors, que peut-être vos camarades ne voudront pas, ou n’oseront pas, s’éloigner à ce point de ce qui reste encore de socialisme dans ce parti. Vous pensez peut-être que si vous n’étiez plus là, plus rien ne freinerait la dérive libérale d’un Parti socialiste dont seul le nom rappellerait qu’il fut un jour de gauche. J’aimerais que vous ayez raison, mais je ne le crois pas. J’en veux pour preuve l’expérience douloureuse de la gauche plurielle sous Jospin, où Dominique Voynet, ministre de l’environnement, n’a rien pu faire dans ce domaine, où les communistes n’ont pu peser en rien sur la politique économique, quand ils ne se retrouvaient pas à participer activement aux privatisations. Autre exemple plus actuel, la participation d’EELV au gouvernement Ayrault. Pèsent-ils ? Leur présence au gouvernement infléchit-elle le moins du monde la politique de celui-ci dans le sens de leurs convictions, sur la question nucléaire par exemple ? Je ne le vois pas.

Je pose donc la question clairement : ne serait-il pas plus efficace, plus juste politiquement, de prendre acte de l’impossibilité de faire bouger le PS, et de le quitter pour vous joindre au Front de gauche ? Comme le disait avec assez d’élégance Edgar Faure, « Il faut savoir changer de parti quand on ne veut pas changer d’opinion » ! La dynamique du Front de gauche, qui a survécu à l’élection présidentielle, me semble à moi mieux à même de faire bouger les choses, que ce soit au pouvoir ou dans l’opposition. Il paraît aujourd’hui nécessaire de rassembler toutes les forces qui militent pour une autre société. La structure du Front de gauche, qui n’est pas un parti mais une alliance d’organisations, permet je crois que des sensibilités diverses y coexistent et travaillent ensemble à élaborer les bases d’une politique de gauche, pour aujourd’hui et pour demain.

Alors, cher Gérard Filoche, le moment n’est-il pas venu ? Sautez le pas ! Je crois que nous serons nombreux à nous en réjouir.

Très cordialement,

Dominique Bouchery, musicien généraliste bas-alpin.

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