La justice, ce n’est pas comme la charité : bien ordonnée, elle ne commence pas par soi-même. Ainsi, hier matin, pouvait-on lire que Fidel Castro, se joignant au concert des nations, demandait aux FARC de relâcher leurs otages. Ainsi, il y a un mois, Poutine tançait-il Nicolas Sarkozy à propos des prisons françaises : n’auriez pas des problèmes, de ce côté-là ?
Fidel, il sait ce que c’est, garder des prisonniers dont au total on ne sait que faire. Il traîne le problème depuis des décennies. Frère aux commandes, arrêt maladie, n’empêche, il lui reste encore 58 dissidents sur les bras, en ce moment même.
Le jour où Vladimir Poutine lâchait sa remarque – fondée, au demeurant - au président français, quatre prisonniers fraîchement jugés et amenés dans une prison du nord de la Russie sont morts. Ils avaient protesté contre les conditions de détention dès leur arrivée, ce qui leur a valu une solide correction. Ils ont été isolés, un par cellule, des médecins on dûment constaté qu’ils avaient été battus, on a refermé. Seuls les gardiens avaient accès à eux. Quelques heures plus tard, on les a retrouvés morts, tous les quatre. Qu’est-ce qui a bien pu se passer? Depuis un mois, les autorités tentent en vain de percer ce mystère à la Agatha Christie.
Vladimir Poutine et Fidel Castro sont-ils fondés à donner des conseils, qui dans le domaine carcéral, qui dans la bonne gestion des prisonniers ? La réponse est oui. On parle bien de ce que l’on connaît bien. Comme aimait à le souligner Vidocq, c’est avec les truands qu’on fait les meilleurs policiers.
Ainsi George Bush, lorsqu’il s’emporte contre l’Iran, un pays où l’on emprisonne sur simple délation, où l’on attend longtemps son jugement par des tribunaux spéciaux, a parfaitement raison et tout Guantanamo applaudit.
On devrait généraliser le principe. L’étendre à tous les domaines. Dans le registre du pire, les droits de l’homme et la justice sont des secteurs encombrés. Des compétences se perdent. Des timides ne s’expriment pas. Loukachenko, le président biélorusse, en voilà un qui sait assurer une stabilité politique bétonnée depuis 1994, et bien plus si l’on inclut la période stalinienne dont il relève tout naturellement. D’ailleurs, Loukachenko a conseillé Hugo Chavez. Et Hugo Chavez, tiens, il est sûrement incollable sur les disques durs, à l’heure actuelle. En cas de difficulté, Silvio Berlusconi pourrait utilement cornaquer Sarkozy pour le démantèlement de la télévision publique, et ses compétences ne s’arrêtent pas là, il en connaît un bout sur l’administration du monde judiciaire.
Certains gardent leurs savoirs faire, bien à tort : ainsi le Canada qui produit énormément d’amiante, exporté en quasi-totalité vers les pays en voie de développement, devrait traduire à leur intention les nombreux sites qu’il consacre au désamiantage. La Chine, qui est allée très loin dans le risque environnemental majeur avec la construction du barrage des Trois Gorges, fait figure de maître dans le domaine de l’hydro-électricité. Nazarbaïev, au Kazakhstan , qui a choisi un endroit aussi glacé en hiver que brûlant en été, et battu par le vent en toute saison pour construire sa nouvelle capitale, est tout indiqué pour le développement urbain. La Birmanie est un as, pour les catastrophes naturelles et la bonne réception de l’aide humanitaire.
La Corée du nord, pire pays pour les journalistes selon RSF, a impeccablement prévenu la crise de la presse : plusieurs titres, plusieurs rédacteurs en chef, un seul article.
Et la France, dans tout ça ? Justement. Immigration, retraites, couverture sociale, santé, éducation, justice, communication, c’est encore modeste, mais nous nous élançons vers les sommets.