Video: caténaires arrachés en gare Montparnasse, le 6 septembre 2008
C’était le 6 septembre, en gare de Poitiers, sur un quai noir de monde, un haut parleur nasillait : le TGV à destination de Paris, eh bien, nous n’étions pas assurés de le voir arriver de sitôt. Les gens on râlé, une femme avec poussette occupée a interrogé à voix haute, et je fais quoi, moi, un monsieur en écharpe moelleuse, mèche à l’avenant, a dit posément que la veille c’était bien pire, des milliers de voyageurs en carafe, des heures de retard, à cause des caténaires.
« Quel conteneurs ? », a demandé un innocent.
L’homme chic a ajouté qu’il fallait récupérer rapidement les formulaires de remboursement SNCF, parce que la veille, en gare Montparnasse, on n’en trouvait plus, le service clientèle avait fermé.
« Vous pensez bien que revenir ensuite, faire la queue, on laisse tomber… »
Affable, il proposa d’en rapporter une brassée, et s’en fut ; en contrepartie nous montions la garde auprès de sa valise à roulettes. Il distribua les enveloppes, montrant à qui voulait l’article de la Nouvelle république sur le chaos horaire de la veille.
A bord du train enfin arrivé, un contrôleur héroïque s’employait à calmer les esprits, au gré des ralentissements divers qui muaient le TGV en omnibus capricieux ».Ah oui, soupirait-il, ça vient des caténaires, on n’y peut rien, faut réparer, c’est vrai qu’il y en a qui sont vieux, il faudrait les changer… »
« Les prix augmentent mais on radine sur l’entretien », fit observer quelqu’un, acerbe, et la moitié du wagon renchérit.
Nadia, ma copine, remplissait en marmonnant la fameuse enveloppe « SNCF Régularité », et pourquoi veulent-ils savoir si c’est un voyage privé, hein ?
Moi je restai calme. La dernière fois, quand un sanglier d’extrême-gauche avait percuté de plein fouet le TGV, avec freinage brutal, panne de six heures et transfert acrobatique d’un TGV l’autre digne d’un film catastrophe – allez passer une valise bourrée de livres sur une échelle métallique – j’avais reçu, plus tard, une lettre m’informant que seuls les retards directement imputables la SNCF pouvaient faire l’objet d’un remboursement. Le sanglier relevait du hasard de la vie.
Bref nous arrivâmes enfin, Nadia eut l’occasion de noircir sa « dernière case utile » : en gare d’arrivée, accueil, distribution d’enveloppes ? Réponse, non.
Et puis, j’ai complètement oublié de la poster, mon enveloppe du 6 septembre.
Je n’y ai repensé qu’à propos des arrestations , ces derniers jours, de présumés saboteurs de caténaires, qui auraient agi les 26 octobre et 3 novembre derniers.
L’effet d’annonce aura devancé, et comment, la réalité de l’enquête.
Bien trop tôt pour commenter, vu de l’extérieur.
En plus, ces suspects ne sont pas aidants : a-t’on déjà vu des activistes négliger toute revendication ?
Trop tôt. Nulle part, il n’est plus fait mention des incidents identiques du mois de septembre. Le PDG de la SNCF, néanmoins a tenu à préciser qu’aucun cheminot n’était dans le coup ( depuis la Résistance, il est rare, d’ailleurs, qu’ils démolissent les lignes).
Nadia, elle, a reçu une première réponse du Service clientèle. Sa demande suit son cours, il lui est rappelé toutefois que si la SNCF n’est pas à l’origine de l’incident…
Les trains étaient en retard, les terroristes arrivent à point nommé, côté remboursements massifs.