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Billet de blog 19 avril 2008

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Comme on se rencontre, Germaine

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A l’instant je lis que Germaine Tillion vient de mourir, et certaines morts vous rapprochent de la vôtre, le manque immédiat sans doute. Il y a des héros par accident, des héros trop vite disparus, des héros très décevants, finalement. Et il y a des personnes, dont le courage, la constance intelligente, ou l’intelligente constance, sont comme des balises, des repères.

Ce qu’il faut oser faire, contre la majorité, en dépit du danger.

Ce qui ne peut être accepté, en dépit de cette même majorité.

Germaine Tillion était de ces rares personnes. Elle n’était pas un modèle à copier, elle était un peu comme un phare : ici l’écueil, choisis ta route.

Qu’il s’agisse du nazisme, ou de la guerre d’Algérie.

Nous savions qu’elle était immobile, l’âge venant, fatiguée, disait-elle, qu’elle limitait les commentaires. Alors, puisqu’elle parlait si peu, on rappelait ce réseau du Musée de l’homme, la résistance, et son démantèlement. Sa déportation.

Musée de l’Homme, s’en souvenir.

Par un étrange rapprochement informatif, la mort de Germaine Tillion jouxte une information sur le retrait – ou, plus intelligemment , l’accompagnement, mais bon, c’est dit sur mediapart – de l’exposition photographique d’André Zucca. Belles photos, l’Occupation comme un rêve, sponsorisée par l’Allemagne nazie. Les juifs en lisière, les résistants gommés, Paris sera toujours Paris, document impeccable, sûrement véridique en partie, fors l’essentiel.

Disons que c’est sa dernière victoire.

Disons, surtout, que cent ans ou pas, elle était tellement nécessaire.