Lettre ouverte à Monsieur lE Député Vincent BRU
Monsieur le Député,
Je me permets de m’adresser à vous pour vous poser une question à laquelle je ne prétends pourtant pas m’attendre à une réponse tangible.
La question : Maire d’une commune, Professeur d’Université et par conséquent observateur supposément informé de l’état de notre société, qu’est-ce qui vous a amené à vous embarquer dans la galère de Monsieur Macron ?
L’opposition déterminée des classes populaires à la loi El Khomri démontrait leur dessillement face à la politique de détricotage des acquis du Conseil National de la Résistance (CNR) menée par tous les gouvernements depuis le “tournant de la rigueur” de Monsieur Mitterrand en 1983 (continuum politique permettant à Madame Le Pen de plaisanter sur l’UMPS). La démarche constante de UMPS (il faut bien en admettre sa réalité) était de présenter les « réformes nécessaires » comme des améliorations, alors que l’effet réel en était généralement la régression des conditions de travail/vie. Si bien que la seule mention « réforme » sonnait aux oreilles des classes populaires « arnaque ».
Que pouvait-on constater déjà en 2016 ? L’effondrement de l’industrie et de la balance du commerce, plombées par un Euro surévalué pour nous, alors que l’économie allemande, dopée par un Euro sous-évalué pour elle, affiche un excédent de 8/10% du pib ; Services publics sous-financés (intentionnellement ?) ; le pouvoir d’achat en régression (Emmanuel TODD dévoile la manipulation de l’indice INSEE pour essayer de faire croire le contraire, notamment en ce qui concerne le traitement du coût du logement) ; la Justice clochardisée ; l’Éducation nationale en débandade, génératrice de ségrégation sociale massive, avec un corps enseignant socialement déclassé et sous rémunéré ; les hôpitaux condamnés à la politique des flux tendus, comme si l’administration des soins pouvait se comparer à une chaîne de montage automobile : gonflement des effectifs administratifs, avec la mission de “rentabiliser” les hôpitaux, et « en même temps » réduction drastique du nombre de lits et des effectifs de soignants sous-rémunérés et surmenés.
Quelles préconisations faisaient les « élites » ? Améliorer la compétitivité française (face à l’économie allemande) handicapée, prétendaient-elles, par la rigidité du Code du travail. Le leader du Modem n’alla-t-il pas jusqu’à exhiber à la télé, quelques mois avant la campagne présidentielle, le « pavé » du code français en le comparant à la modeste brochure de ce qu’il présentait comme le code du travail helvétique ! sauf que c’était un bobard : le « pavé » contenait effectivement le Code du travail français, mais aussi les commentaires circonstanciés ainsi que la jurisprudence, tandis que la « brochure » helvétique n’était que l’annuaire des conventions collectives suisses (ayant toutes force de loi) !? Autre bobard répété à satiété : les prélèvements obligatoires s’élèveraient à 56-57% du PIB. La réalité est 22% !
Bref la responsabilité du décrochage de l’économie française était la faute des travailleurs : charges salariales trop élevées pour un temps de travail trop court ; impossibilité de « réformer » les Français, tantôt « analphabètes », tantôt « gens de rien » et toujours « gaulois réfractaires » ...
Mais nos « élites » ont évité de se référer aux travaux indépendants démontrant que le coût du travail des salariés de l’industrie française n’était pas supérieur à celui de leurs homologues allemands et que leur productivité était meilleure. La rigidité, tant décriée, est aussi un bobard que démontent les études indépendantes. De réformes en réformes (réputées impossibles) la flexibilité du travail est devenue aussi, sinon plus grande en France qu’en Allemagne.
Dans un élan de modestie remarquable, nos « élites » avaient oublié d’évoquer le comment et le pourquoi du choix qu’elles ont fait de positionner les entreprises qu’elles dirigent sur le bas ou la moyenne gamme qui se vend mal, alors que leurs homologues allemands ont hissé leurs produits sur le haut de gamme avec le résultat que nous connaissons. Les ouvriers porteraient-ils aussi la responsabilité de la direction des entreprises ? En Allemagne, oui, en partie ; en France, non, en aucune manière.
Ainsi l’Europe présentée (et souhaitée de tous...) comme un havre de paix et de coopération, est devenue après l’acte unique et l’abandon de la préférence communautaire, voulus par le tandem Mitterrand-Delors, le champ ouvert d’une guerre de tous contre tous dominé par une concurrence féroce à base de dumping social et fiscal. Les politiques françaises déflationnistes, visant à maintenir un « Franc fort », pratiquées dans un premier temps pour préparer l’Euro et poursuivies ensuite pour sauver l’Euro...
Pourtant, des chercheurs, tel Emmanuel TODD, se basant sur l’étude des données anthropologiques des deux pays, ont essayé d’alerter ces « élites » des dangers que pouvaient entraîner les tentatives de couler les Allemands et les Français dans le même moule. Monsieur Séguin prévenait, lors de la campagne sur le traité de Maastricht, en 1992, que l’acceptation du traité entraînerait la fin de la démocratie. De fait son application a abouti à sceller par une chappe de plomb monétaire et commerciale l’erreur stratégique de nos « élites » de positionner notre économie sur une gamme de produits inappropriée. Ainsi que l’affirmait l’excellent Monsieur Jean-Claude JUNCKER « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».
Moins nos « élites » disposent de pouvoir effectif de décider plus ils prétendent régenter la vie des classes populaires. La constitution inspirée par Charles de Gaulle lui fournissait un réel outil de gouvernement capable de concentrer les forces du pays vers un but stratégique de recherche de puissance, garante d’indépendance. Ne disait-il pas il “la politique de la France ne se fait pas au tour de la corbeille” et “l’intendance suivra” ?
Mais en acceptant le Marché commun, il a engagé le pays dans un système où l’intendance prime et suit exclusivement les règles de la « corbeille ». Autant il pouvait tracer une politique, notamment industrielle, pour la France, autant les règles de l’acte unique rendent cette voie impraticable... En acceptant l’acte unique Monsieur Mitterrand a réduit ses successeurs au rang de Proconsuls en charge de faire appliquer des règles arrêtées hors de portée du suffrage universel.
L’échec de la politique de l’UMPS était flagrant en 2016-2017. Le président sortant, éreinté par le passage en force de la loi El Khomri, n’était même pas en situation de se présenter pour un second mandat, et voilà que surgit de son sein un enjôleur prodige. Des cendres du vieux monde naît un phénix, pardon, un Jupiter porteur du monde nouveau.
Son programme ? Mener jusqu’à leur terme les « réformes » salvatrices, que MM. Chirac, Sarkozy, Hollande, des mous, des indécis, n’ont pas eu le courage de mener à terme. L’heure des vraies réformes a sonné. La priorité de stimuler les « investisseurs » et les « start-youpeurs » est clairement annoncée, mais elle sera équilibrée, disait-il, par un « en même temps » social hypothétique. En fait, il s’agit de la radicalisation de la politique en vigueur depuis quarante ans...
Monsieur le Député, ce programme vous a agréé, ainsi qu’au Modem. Puisque vous vous êtes porté candidat à la députation sous la bannière de Jupiter. Et vous avez été élu dans la vague présidentielle avec trois autres Modem dans les Pyrénées Atlantiques. Comme le veut l’usage sous la Vème, une minorité de voix au premier tour (15 à 20% du corps électoral) permet par un effet de levier d’aboutir à une majorité écrasante au second tour. La Nation est censée représentée !??
TOUT CHANGER POUR QUE RIEN NE CHANGE
Et le nouveau monde engage son programme original : Améliorer la compétitivité française.
Votre Président rentre dans le vif du sujet ; Il supprime l’ISF sur les actifs financiers et, pour compenser le manque à gagner fiscal, accroît la taxation des carburants (avec un autre habillage, bien sûr). Cette décision est vécue comme une provocation. Avec les suites que nous connaissons. Le Président et sa majorité parlementaire ne portez-vous pas la responsabilité des troubles à l’ordre public. Ne s’est-il, ne vous êtes vous pas mépris sur la nature de sa fonction comme le dénoterait sa référence au pouvoir Jupitérien ? S’il est bien le Chef de l’État (des services de l’État, s’entend), il n’est pas le Chef des Citoyens. Il n’est que leur employé disposant d’une simple délégation temporaire. Se prendre et se comporter en monarque ne constitue-t-il pas une faute grave ?
Les résultats du délabrement rampant des services publics nous ont explosé à la figure avec la crise du coronavirus : les stocks de masques (1 milliards d’unités au début du mandat de Monsieur Hollande, dont Monsieur Macron était ministre à Bercy !) avaient été liquidés (d’où toutes les simagrées pour dire qu’ils ne servaient à rien... alors qu’à présent des gens se font lyncher parce que n’en portant pas !) ; nous ne dispositions que de 5.000 lits de réanimation, en janvier 2020 (de l’ordre de 75/80 par million d’habitants), et nous enregistrons 787 décès dus à la COVID 19 par million d’habitants au 30/11/20, à comparer aux 40.000 lits de réanimation en Allemagne (de l’ordre de 470/480 par million d’habitants), et 197 décès dus à la COVID 19 par million d’habitants au 30/11/20 (source Wikipedia, 02/12/2020). La Suède, critiquée pour n’avoir pris aucune mesure de confinement, compte 626 décès par million d’habitants au 30/11/2020.
Aux dernières nouvelles, les services de santé allemands aménagent des dizaines de halls d’expositions et les équipent de congélateurs en vue de la vaccination massive contre la Covid 19. Où en sommes-nous ? Toujours est-il que même les vaccins contre la grippe saisonnière font défaut chez nous...
À noter que les systèmes de santé des deux pays pèsent à peu près du même poids dans les PIB respectifs.
Cherchez l’erreur ! ...
Cerise sur le gâteau : l’Allemagne subira probablement une réduction de son PIB de l’ordre de 5% alors que la France que vous gouvernez avec Monsieur Macron aura une perte de PIB supérieure à 10% !
Cherchez l’erreur !
Cette crise sanitaire met au grand jour l’ampleur du désastre. C’est, en quelque sorte, le troisième désastre de Sedan face à nos voisins germains !
Le président du Modem mettait, il y a quelques années, toute son énergie à nous alerter de la gravité de l’endettement public (95-97% du PIB, à l’époque). Et à quoi assistons-nous ? Monsieur Macron sort de son chapeau des centaines de milliards d’Euros (inexistants il y a peu) et creuse inconsidérément le déficit naguère déjà insupportable... La dette doit se situer à présent à 120% du PIB... C’est cher payer les coupes budgétaires de quarante ans, n’est-ce pas ?
Si le Président continue à se positionner sur les dogmes des économistes orthodoxes, qui nous ont menés contre le mur, ce qu’il n’admet certainement pas, il nous annoncera prochainement que notre dette est insurmontable et qu’il doit se résoudre à privatiser ce qui nous reste d’actifs publics, comme le réclame depuis des années la Commission européenne au travers de ses « Grandes orientations de politiques économiques » (GOPÉs), au même titre que les réformes du droit du travail, des retraites, du chômage, de la sécurités sociale...
Et Dieu sait combien est grande l’appétence de nos « élites » aux privatisations ! Un jour inspecteur des finances nommé à la tête d’une entreprise publique (rémunéré une misère, comme chacun s’en doute), le lendemain à la tête de l’ex entreprise publique dont il a conduit la privatisation (et la rémunération de se multiplier par 3, 4, 5, voire plus... du jour au lendemain ?). Souvenons-nous de ce directeur de Gaz de France (un cas parmi tant d’autres) : de combien a-t-il multiplié sa rémunération au lendemain de la privatisation partielle de l’entreprise ? De combien les prestations ont-elles été améliorées ? Néant ! Il semblerait que les inspecteurs des finances sont plus nombreux dans la Banque que dans l’Administration publique. Vincent JAUVERT décrit le système de prédation tout à fait légal qui sévit dans les hautes sphères françaises et Emmanuel TODD leur dénie une quelconque capacité économique ou managériale créative.
De dénis en contre-vérités (les bobards, les « fake news » en bon français, ne sont ni l’invention ni le privilège des réseaux sociaux), la politique menée depuis une quarantaine d’années a condamné les classes populaires françaises à ne plus accorder crédit à la parole gouvernementale en particulier, à celle des « élites » en général. À défaut de ne pouvoir compter sur leur naïveté d’antan, les « élites » les rejettent dans les ténèbres extérieures du « populisme » (jamais défini) et croient les faire disparaître dans les poubelles de l’histoire par le simple usage de ce qualificatif...
Jusqu’à présent le nouveau monde s’est très aisément vêtu des oripeaux du vieux monde. Et les plans de relance en gestation semblent vouloir poursuivre et accentuer la politique qui nous a menés au désastre.
Pourquoi cet entêtement ? La stupidité aveugle de nos « élites » étant à exclure, il ne reste comme explication plausible que l’intention de ces « élites » de formater les classes populaires en vue d’en soutirer le maximum d’avantages particuliers. Un méga détournement des richesses en quelque sorte (on ne peut évoquer la « prise illégale d’intérêt » parce que la loi s’arrangerait pour la rendre « légale ») ? L’avocat Juan BRANCO ne va-t-il pas jusqu’á écrire que nos dirigeants ne sont pas corrompus, qu’ils sont la corruption ? Aucun démenti ou procès...
DE LA « RÉPUBLIQUE » ET DU PIMENT D’ESPELETTE
Quel subterfuge face au désastre ?
De même que les cabris sautillaient en criant « l’Europe ! l’Europe !... », nos « élites » au bord du vite criaillent « la République ! la République !... ». La solution serait « la République ! la République ! ». Ça m’évoque, en moins sympathique, les grands chefs qui nous disent invariablement à la télé qu’ils utilisent le « piment d’Espelette » dans leurs recettes. Autant je ne peux que me réjouir de la promotion répétée de notre piment d’Espelette par les maîtres de la cuisine, on sait de quoi ils parlent, autant les invocations « la République ! la République !... » sonnent creux.
Au fait, c’est quoi cette « République ! République ! » ? Celle de Février 1848 ouvrant aux classes laborieuses la voie de l’espérance ou celle de Juin 1848 noyant dans le sang les espoirs de ces mêmes classes laborieuses ? La République de Juillet 1936, de la semaine de 40 heures et des congés payés ; celle de la Libération, des « jours heureux » ou celle prêchée par Monsieur Denis Kessler, apparatchik de la nébuleuse patronale, appelant l’annulation des acquis du CNR et du retour aux lois du travail de Vichy ?
Ne vous rendez-vous pas compte que les lois que vous fait voter votre Président nous ramènent aux temps rêvés par Monsieur Denis Kessler avec cette « République ! République ! » qui coûte la vie à une vieille dame à sa fenêtre, étouffe un livreur dans la rue, noie un jeune fêtard dans la Loire, éborgne, arrache des mains et fait condamner à la sauvette des centaines de personnes pour fait de manifestation.
De quel recours disposent, en effet, les classes populaires systématiquement archi-sous-représentées au Parlement, pour s’opposer aux politiques qui les spolient, sinon la rue ? Depuis le gouvernement Juppé, au moins, tous les gouvernements font l’impossible pour imposer les directives des grandes orientations des politiques économiques, c’est à dire rompre le pacte social conclu à la Libération avec les classes populaires.
Nos « élites » et leur minorité de manœuvre électorale veulent leur imposer l’inacceptable envers et contre tout... Elles prennent l’option du libéralisme pour les détenteurs de richesse et de l’autoritarisme illibéral vis-à-vis des classes populaires, tel que le conseillait Carl Schmitt en 1932 aux patrons allemands...
Certes, vous avez la légalité pour vous, mais l’escalade des lois anti-sociales et liberticides, et la manière coercitive avec lesquelles votre majorité les met en œuvre, laissent voir qu’elle ne croit même pas à sa légitimité. Ne vous rendez-vous pas compte que le Président et sa majorité vous transformez la police de la « République » en garde prétorienne pour imposer votre politique ? N’est-elle pas devenue le seul appui de votre pouvoir. Les classes populaires ne veulent pas de votre politique ? Vous la lui imposez à coup de matraques, de gaz lacrymogènes, de LBD et de lois spéciales liberticides.
Une preuve que votre pouvoir ne repose plus que sur ses « forces de l’ordre » ? Le Président et sa majorité vous nous présentez le système de retraite par points comme une amélioration du fait de son caractère « plus juste et universel ». Toutes les analyses indépendantes ont fait ressortir le caractère régressif du projet. Rien à faire ! Votre majorité a voté la réforme, mais elle a dû dévoiler sa fausse barbe ; les « forces de l’ordre » ne veulent pas de votre réforme ; elles gardent l’ancien système. N’est-ce pas une preuve supplémentaire de la nocivité de votre réforme ?... Capter les faveurs des « forces de l’ordre » n’est pas une pratique nouvelle. N’est-elle pas le lot des dictatures ? Dans la Rome impériale déjà, le sort de l’empereur ne dépendait-il pas de l’or qu’il pouvait mettre sur la table, devant les prétoriens ?
Le soupçon que les « forces de l’ordre » tiendraient le Président et sa majorité en otage n’est-elle pas renforcée par la loi de censure des images que vous venez de voter à la demande de deux syndicats policiers ? Les exploits de Ben Alla, des éborgneurs et autres excès auraient-ils pu être connus sans les images ? Parole de policier assermenté contre parole de « pékin », à qui donnerait-on raison sans image ?
Votre collègue, la députée Modem Laurence Vichnievsky, magistrate de profession, d’une famille de professeur d’Université, de conseiller à la Cour de Cassation et de Préfet, a exposé en quoi cette loi était néfaste et elle a voté contre avec quatre autres de vos collègues de parti. Quelle lumière particulière, quelle inspiration transcendantale vous a-t-il fait voter, ainsi que deux de vos collègues des Pyrénées Atlantiques (Madame Josy Poueyto s’est abstenue ainsi que dix-sept autres Modem), en faveur de cette loi liberticide ? Vote que vous partagez avec Madame LE PEN !
Monsieur Macron a été élu pour faire barrage à Madame LE PEN ; prétendre, comme il l’a fait, qu’il a été élu sur un programme est un de ses « fake news », un de ses bobards qui jalonnent son parcours. Croit-il, croyez-vous, qu’il sera possible de jouer la même partition en 2022 ? En quoi cela changerait-il d’élire une Madame LE PEN ? Porte-t-elle des projets plus nocifs que ceux que vous avez votés ? Élue Présidente de la République disposerait-elle d’une majorité aussi soumise que celle dont dispose Monsieur Macron ? Sans majorité au Parlement ne serait-elle pas réduite au rôle de potiche décorative, comme un Président de la IVème ! Sans compter que la presse people aurait matière à gloser sur le « Premier Monsieur »... À moins qu’elle n’utilise l’unique prérogative exclusive de Présidente dépourvue de majorité parlementaire et déclenche le feu nucléaire !? Présidente sans majorité parlementaire, elle serait neutralisée. Les électeurs en sont sûrement conscients...
Vous réclamant d’un mouvement dont les statuts proclament « Ses valeurs [celles du Mouvement Démocrate] sont celles de l’Humanisme qui place l’Homme au centre de son action », votre soutien et celui de votre « mouvement » à un candidat à la présidentielle, dont le seul énoncé du programme anti-social suffisait à prévoir des troubles sociaux graves, était difficilement compréhensible, d’autant plus incompréhensible que le leader du Modem avait vivement critiqué à la télé l’orientation de Monsieur Macron, lui reprochant déjà sa politique trop alignée aux intérêts des puissances d’argent ! Avant de faire subitement volte-face !
Me référant à la revendication d’humanisme des statuts du Modem, je ne vois pas quel motif de « conscience » peut justifier le soutien que vous apportez à Monsieur Macron, d’autant moins que votre leader, promu Commissaire au Plan ne semble pas questionner les dogmes économiques qui nous ont menés au désastre. De quelle marge de manœuvre dispose-t-il dans le cadre des « Grandes orientations des politiques économiques » (GOPÉs) qui charpentent ces dogmes ?
Ce sera intéressant de voir comment notre Commissaire au Plan va se « dépatouiller » avec les GOPÉs pour nous élaborer un plan économique dont ces GOPÉs, prunelles des yeux des ordo-libéraux, excluent l’existence même. Va-t-il convaincre le Bundestag de confier la gouvernance de leur pays à nos Énarques, tandis que nous confierions la nôtre aux Allemands ? Ce serait peut-être une chance d’embrouiller le génie industrieux germanique et d’en récupérer un peu à notre avantage ? Oui, mais c’est sans compter sur les « gaulois réfractaires »...
Aï ! Caramba, encore raté !...
Peut-on attendre du plan en chantier autre chose qu’une mise en scène de campagne électorale décorée de mesures gadgets GOPÉs compatibles ?...
Sérieusement, il existe cependant des alternatives « humanistes », ne serait-ce que celles préconisées par l’Institut Rousseau, présidé par le mathématicien et économiste Gaël Girauds.j., et par l’équipe de son ami polytechnicien Jean-Marc JANCOVICI. Les travaux de ces chercheurs démontrent que les « lois économiques » ânonnées par les économistes « embedded » sont des baudruches idéologiques, et que nous dépendons chaque jour davantage des limites imposées par les lois physiques. Que celles-ci ont sur l’économie une influence majeure que les économistes orthodoxes ignorent.
Le Commissaire au Plan serait bien avisé de ne pas limiter ses consultations à son ex-banquier habituel, ni à aucun banquier d’ailleurs... La « croissance » telle qu’elle est entendue dans les milieux financiers est un leurre. Dans un monde fini, dont nous épuisons inconsidérément les ressources, l’antienne « il faut accroître le gâteau avant de le distribuer » relève d’un faux bon sens. Le gâteau n’est pas extensible à l’infini. L’heure n’est-elle pas venue de raisonner, dans les pays développés s’entend, en termes de distribution plutôt qu’en terme de croissance matérielle, afin de réserver les marges physiques encore disponibles à la croissance matérielle des pays qui en ont le plus besoin ?
Y a-t-il encore, Monsieur le Député, un espoir de vous voir atterrir, vous et votre mouvement, dans la réalité de la vie de vos concitoyens dans ce monde fini ?
Vous le souhaitant vivement,
Recevez, Monsieur le Député, mes salutations républicaines.
Dominique Davant - 51, Xemartieneko bidea – 64480 Ustaritz - dominique.davant@wanadoo.fr