Tous des "pièces rapportées", ce n'est sans doute pas par hasard.Tous en train de créer quelque chose à titre associatif ou personnel (associations culturelles et d'éducation populaire, restauration nomade, maraîchage biologique, élevage et transformation de la laine). Entre trente cinq et soixante ans. Installés là depuis quelques années.
On se dit, banco, Villages du futur, c'est une porte ouverte. On va proposer des choses dans ce lieu qui est ouvert à tous pour y organiser ce qu'on veut. Le vendredi matin, lendemain de l'inauguration, nous écrivons donc pour réserver le local le samedi après-midi et du mercredi jusqu'au dimanche suivant. ça parait simple.
Echange téléphonique : ahlala mais attention. Le centre social a dit que peut-être... et puis il y a peut-être d'autres choses qui... L'agent de développement réserve sa réponse. Nous proposons quelque chose, c'est bizarre. On ouvre une porte aux habitants et ils voudraient entrer ? C'est quand même suspect. Faudrait pas qu'ils se croient tout permis. Alors on nous rappelle les règles : pas de religion, pas de politique, ne pas dégrader le lieu, laisser le matériel (!) etc. Nous sommes tous connus, c'est une toute petite ville. Mais des fois qu'on partirai avec les murs ? Ou qu'on transformerait un magasin de 50 m² en mosquée, prieuré ou temple boudhiste (je rajoute les deux derniers à leur liste, je connais les craintes des élus municipaux : leur ombre plane). Comme l'a dit Patrick, c'est une porte ouverte avec une serrure.
En vrai, nous n'avions pas la naïveté de penser être accueillis comme des sauveurs. Mais un tout petit peu accueillis quand même. Non.
Il faut aller voir la présidente de l'association des commerçants. C'est elle qui a le planning et la clé. Pour donner la clé, elle attend d'avoir le retour de l'agent de développement, elle ne peut pas décider. Elle m'a montré le planning : une seule rencontre est prévue le dernier jour. Les trois autres semaines sont désespérement vides. En fait, elle-même est contente de rencontrer des personnes qui peuvent faire des propositions d'animation, pour les événements de la commune.
L'agent de développement est en congé la semaine prochaine. On se contentera d'une réponse du bout des lèvres, le vendredi soir, en apprenant en surtout que la boutique de gestion fera sa permanence là, le jeudi, plutôt qu'au centre social."Pour diversifier un peu. Et puis, ça concerne l'activité économique". Il a fallu toute la journée pour trouver ça. Félicitations. Nous, on n'a pas bien compris l'intérêt de cette délocalisation à moins de cent mètres du lieu habituel, dans un local mal chauffé, sans imprimante ni matériel. Bon. On fera un programme sans jeudi.
Le samedi, on se réunit donc et on concocte un petit programme avec nos ressources, notre temps dispo, nos capacités d'animation et nos connaissances. ça sent l'impro mais on est contents d'y arriver : atelier de création de bijoux en laine, atelier autour du cirque, projection de photos artistiques, contes, soirée musicale et grignottages, expositon CIMADE, projection-débat... Quatre après-midi et trois petites soirées. C'est les vacances scolaires, ça tombe bien.
Tout ça laisse bien peu de temps pour communiquer. Il n'y a pas des foules à nos activités : zéro, trois, dix, quinze, vingt. Surtout des personnes connues, mais aussi des personnes qui passent dans la rue et qu'on invite à entrer. Le dimanche, c'est inhabituel qu'il y ait quelque chose d'ouvert ici. On pourrait bien dire que nous faisons du travail dissimulé pour la communauté de commune. Comme on nous l'a demandé, nous avons invité les personnes à écrire leurs idées sur les panneaux d'affichage et elles l'ont fait. Pas les autres jours. Mais la communauté de commune ne nous a pas payés, ni même remerciés...
Bien lancés, on arrive aussi à proposer deux autres journées la semaine suivante, avec d'autres personnes (atelier tricot, après-midi jeu). Encore plus au dernier moment puisqu'il faut attendre le retour de vacances de l'agent de développement, le lundi. Puis sa visite sur le lieu (voir si le matériel est encore là ?), pour avoir un accord. Personne d'autre n'a rien proposé.
Pour finir, nous organisons une rencontre pour discuter d'un futur lieu d'animation. L'agent de développement est là et participe à la discussion. Nous lui parlons d'accueil, surtout d'absence d'accueil. On sent fortement les freins qui lui viennent des élus. Or les élus sont élus...
Et nous, pourrons-nous dépasser ces freins ? L'exemple d'une autre petite ville à une trentaine de kilomètre ou bien celui d'une petite ville d'Alsace pourraient-ils donner une idée de ce que c'est que d'accueillir des personnes ou des initiatives ? Y a-t-il des terrains propices et d'autres stériles ? Des lieux où il est décidément considéré comme illégitime de créer du mouvement ?
Billet de blog 17 mars 2017
Participation - 2.
Nous, donc, c'est quatre ou cinq habitants de la communauté de commune, membres d'associations ou de collectifs qui rêvent depuis longtemps de créer un café associatif.
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