Jeudi 12 avril, une délégation de syndicalistes hongrois de la filiale d'EDF à Budapest sera à La Défense pour être reçue à la tour EDF. L'enjeu n'est rien d'autre que s'opposer à des licenciements, conséquences directs de la mise en oeuvre des politiques d'austérité en Europe, et en particulier en Hongrie.
Quand le groupe EDF en 2011 affiche 3,5 milliards de bénéfice, que sa filiale hongroise pour la première fois, a un déficit de l'ordre de 8 millions d'euros du fait des politiques gouvernementales de baisse d'achat de l'électricité, les premières décisions du groupe français, en licenciant entre 30 et 50 salariés, en réduisant les équipes de quart ce qui dégrade les conditions de travail des salariés, visent en premier lieu les salariés.
Les profits 2011 du "groupe EDF" représentent pourtant de l'ordre de 1000 fois plus que le déficit 2011 de la fiilale de Budapest.
La CGT appelle à un rassemblement devant la tour EDF en fin de matinée avec la présence de la délégation hongroise pour empêcher les licenciements et les mesures antisociales.
Nous sommes dans un cas d'école de la mise en oeuvre des politiques d'austérité et des mesures qui visent en premier lieu à s'attaquer aux salariés. Comment le citoyen français (l'Etat possède 75% d'EDF) est-il en capacité de faire connaître son point de vue et peser sur ce type de décision ? Médiapart peut-il porter un regard curieux sur cette situation qui pointe un certain nombre de questions :
- la notion de groupe d'origine à majorité capitalistique détenue par l'Etat français et la définition de sa politique sociale. Quels critères de pilotage ?
- le processus de répartition des richesses dans les résultats: quels débats ? Où ? Pourquoi privilégier les actionnaires plutôt que l'investissement technique, les conditions du maintien des compétences des salariés ou l'abaissement du tarif facilitant l'accès à l'énergie ?
- la stratégie de l'Europe dans le domaine de l'énergie sachant que la filiale fonctionne sur la co-génération pour alimenter la moitié du chauffage de Budapest.
Les traductions concrètes des politiques ne sont pas acceptables telles quelles sans débat. Médiapart est en capacité de porter ces questions et c'est ce qui me plaît. Elargissons la réflexion à partir de ce cas qui nous renvoie à une politique d'entreprise d'EDF à l'international inscrite dans les pratiques économiques et sociales de la mondialisation. De quels outils disposons nous, outre le syndicalisme ?
Dominique Raphel, syndicaliste et citoyen européen.