Je t’écris, c’est vrai, cette fois pour une colère mineure.
Une colère qui devrait être minuscule
à côté des catastrophes qui se produisent en ce moment :
les porcs endettés
(tu sais, les PIGS,
Portugal, Irlande, Grèce, Espagne
(Spain : eh oui, c’est les anglo-saxons qui dominent l’économie et son jargon) …
auxquels on ajoute la Belgique maintenant),
le choléra d’Haïti,
les retraites qu’on a en travers,
les journalistes pédophiles,
les policiers obligés de taser…
Enfin, que sais-je ?, je ne sais plus où donner du bulbe.
Donc, ma colère mineure.
Que j’arrive pas à contenir dans mon fond.
Tu l’as vue, la dernière campagne de pub
Diligentée par le ministère de la Santé ?
Je suppose que le coup a dû partir du temps de Roselyne.
Mais enfin, peu importe.
« Et vous, vous bougez comment aujourd’hui ? »
dit l’affiche que l’on nous colle sur tous les murs.
Impossible de ne pas voir.
Je te passe la colère qui monte en moi
Chaque fois qu’on me demande de manger 5 fruits et légumes par jour,
De consommer trois produits laitiers,
D’arrêter ceci,
De stopper le sel,
De reprendre cela.
Chaque fois qu’on me culpabilise, qu’on m’infantilise…
Y en a marre.
Pour les fruits et légumes,
J’ai trouvé la parade.
J’ai demandé à la faculté,
J’ai vérifié sur la précédente campagne :
C’est pas des fruits frais, qu’il nous faut,
Juste du fruit.
Ben oui. On pourrait pas payer, sinon.
Donc du fruit en conserve, ça marche.
Et la faculté a été très claire :
Le riesling, le pinot noir, le cabernet franc, le mourvèdre, le grenache…
Ça fait rigoureusement 5 fruits différents.
C’est parfait pour moi.
Or donc,
Revenons à nos moutons.
« Bougez ! »
C’est marrant, cette façon d’avoir peur pour notre santé,
De vouloir nous faire bouger,
Et de vouloir surtout qu’on ne bouge pas trop.
Surtout chez les jeunes…
Bougez pas ! Surtout dans les banlieues...
Et puis surtout que ça ne nous coûte pas un radis de bouger.
Le coup du pouvoir d’achat, c’est sûr qu’on l’a toujours en travers aussi.
Bon, je digresse, je digresse.
Nos moutons.
T’as vu ça ?
La campagne pub est faite de 6 photos.
On sent que le fils de pub qui l’a concoctée a été sensible à la représentation des minorités.
Bon, faudra encore qu’il apprenne à regarder dans la rue, en vrai. Mais bon.
Le plus drôle, c’est que sur les 6 photos, les 6 personnes sont à l’arrêt.
Revenons à celle-ci, celle du lycéen.
Une lycéen parfait. Souriant.
Qui a un copain qui s’appelle Lucas.
Salut Lucas.
Et un lycéen dont l’image nous apprend
qu’il a le bonheur d’aller une fois par jour
au cinéma ET au concert.
Les deux !
Bordel, qu’est-ce qu’elle est bien « La France d’après »
Les lycéens peuvent claquer facile, tous les jours,
Disons 5€ de cinéma et 35€ de concert.
Tiens, ça me fait tellement marrer que j’ai même pas envie de décortiquer la suite des images.
Un véritable catalogue des clichés et idées reçues sur les français et leur façon de vivre.
L’homme va au stade et ramène le pain. Bravo. Un beau partage des tâches ménagères. Il fait le marché.
Dans la campagne pub, personne ne va au supermarché.
L’homme jeune achète des fleurs pour sa femme et des livres pour lui.
Il n’est pas chômeur. Il n’y a pas de chômeurs dans la campagne de pub.
Les femmes, par contre, ont des copines. Avec lesquelles elles vont bavarder, l’on suppose.
Elles ne travaillent pas toutes… Elles prennent le train.
Elle m’énerve, la France et la façon dont vous la voyez, ou vous la manipulez, toi et ta tripotée d’umpiste excluant.
Oh bordel. Ça m’énerve.
Tiens !
Je suis tout énervé.
Je m’arrête là.
Putain, faut que je bouge.
Vite une manif’, un défilé, quelque chose.
Moi, je veux bien bouger, mais faut que ça ait du sens.
Prochaine manif’ :
Les moyens pour un cinoch’ et un concert par jour et par personne.
On veut bouger !