My magnifical Empireur,
Un mot me vient en tête, à l'instant,
qui me semble être le coeur de ce que nous attendons tous de la politique...
Cohérence.
Alors... Comment dire ?
La cohérence est à l'incohérence
ce que la continence est à l'incontinence,
une nécessité indiscutable.
Tandis que la continence est la norme,
semble naturelle,
ne souffre aucun débat,
ni aucune exposition médiatique,
- enfin disons-le, la continence, sans que l'on juge utile d'en parler, tout le monde l'attend de tous
c'est une sorte de "non-sujet" -
l'incontinence, elle, dérange les voisins immédiats,
ne fait pas propre,
donne une image calamiteuse,
fait honte,
déclenche des réactions parfois brutales,
et cause des discussions houleuses au sein des familles
qui ne parlent plus d'autre chose
tout en répétant "On est à table tout de même !".
Oui.
Tout de même !
Donc, là,
en politique,
on est un peu tous comme assis à la même table.
Et l'incohérence, elle reste en travers de la gorge
et bloque le passage au gigot.
Je te donne trois exemples d'incohérences
qui rendent la déglutition politique difficile,
au point que l'on puisse craindre de nouvelles fièvres prochaines.
Pourquoi trois exemples ?
Comme ça.
Parce que trois, c'est comme la Trinité,
c'est important, c'est même central,
c'est carrément notre bagage cultuel européen,
je sais que le chanoine honoraire de Latran y sera sensible.
Jusqu'à deux incohérences, on peut persister à parler d'accident,
et continuer à guetter le reste de cohérence ;
à partir de trois, on touche à l'Universalité.
C'est comme ça, la Trinité.
Premier exemple :
(je t'épargne tout le Saint Tremblement : le Fouquet's, le Yacht, le Bling-Bling
alors que certains attendaient la position du Missionnaire, non pas celle-là, l'autre,
la Grâce, l'élévation à la dignité de la fonction...
tout ça, c'est bigrement subjectif, ni cohérent ni incohérent,
juste la question de savoir d'où l'on regarde, d'où l'on commente)
Donc, premier exemple,
la mort de Chantal Sébire et les réactions que l'affaire a engendrées.
D'une seule voix, j'ai entendu les tiens s'époumonner :
"Il ne faut pas légiférer dans l'émotion".
Belle idée, en effet.
L'émotion et la Loi font mauvais ménage.
Et même si je suis partisan d'une révision profonde de la loi,
je souscris à la formule.
Hélas, elle n'est que formule,
pire,
elle est opportuniste.
Pourquoi, a contrario, légiférer dans l'urgence
à propos de la délinquance,
à propos du récidivisme,
à propos de l'immigration...
Et pourquoi pérorer sur tous les tons
des "Et on voudrait que je reste insensible..."
et des "Et on voudrait que je reste les bras croisés..." ?
Incohérence.
Deuxième exemple :
nommer Nadine Morano, à ce moment porte-parole de l'UMP,à la tête d'un nouveau secrétariat d'État à la Famille...
au moment où elle perd nettement des élections,
- elle s'est par ailleurs depuis longtemps prononcé pour l'exception d'euthanasie
dont je parlais justement au paragraphe précédent,
et qui semble tant poser des problèmes aux familles et aux tiens en général,
tu vois, c'est pas une question de bord politique, ce que je te raconte -
et après que son jugement à propos de Fadila Amara fut si catégorique,
" on ne dit pas, lorsqu’on est ministre de la république « faut y aller à donf’ » ",
peut paraître curieux
à tous ceux qui pensent que
" Casse-toi, pauvre con "
est probablement un tantinet plus caractérisé...
A ce sujet, l'a-t-on entendue, la porte-parole ?
Incohérences.
Troisième exemple :
répéter à l'envi que la dette de la France est insupportable,
qu'il faut la réduire,
qu'il est un scandale inadmissible c'est de léguer une telle dette à nos enfants...
est-ce réellement compatible avec une décision,
- prise sans qu'aucune émotion populaire n'exerce une perverse pression -
qui organise la rente viager inversée, au taux usuraire,
ou l'hypothèque rechargeable, à l'endettement permanent...
C'est un certain ministre de l'économie qui en fit la promotion.
N'y a-t-il pas là une vision particulière
de la dette publique et de la dette privée ?
L'une est mauvaise - à proscrire -, l'autre excellente - à promouvoir - ...
Pourquoi ?
Incohérence.
Au vu de toutes ces incohérences,
je viens juste de comprendre la formule
"travailler plus pour gagner plus"...
Cette formule comporte deux verbes.
Et aucun sujet.
Qui travaille plus ?
Qui gagne plus ?
Le même ?
Certains ont du croire que oui... et voter pour toi...
Et d'autres, croire que non... et voter pour toi, justement pour cela...
Aah ! Incohérence !
Pourrait bien y avoir une sorte de cohérence cachée là-derrière...
C'est pas les mêmes qui paient...
C'est toujours les mêmes qui reçoivent...
Si tu veux mes autres pensées, mon Empireur, va voir là :
http://wittorski.dominique.neuf.fr/sarkozy.htm