Le mercure a chuté cette nuit. Sévèrement.
La neige aussi.
Roselyne Bachelot-Narquin, ci-devant ministre de la santé et des sports, a pris en pitié les gens qui dorment dehors.
C’est qu’il fait vachement froid !
Elle a promis, la ministre, …
Elle a promis aux clochards…
Elle a promis, ce matin sur France Inter de…
Je te le donne en mille :
De vacciner en priorité les clochards contre la grippe A.
Eh ! clochard ! Tu peux crever dehors,
Mais pas de la grippe A.
Il est vrai qu’elle est contagieuse, cette saloperie.
Faudrait pas qu’en te ramassant…
On sent un peu que t’es entouré d’amateurs,
Mon Empireur,
Toi, tu aurais au moins promis de les désensibiliser au froid.
Surtout en pleine campagne électorale.
Enfin, bon,
- quand je dis « bon »… -
c’est pas de ça que je voulais t’écrire,
mon débatteur de l’identité qui doit te ressembler,
c’est pas du froid, ni des clochards,
ça fait longtemps que tu t’en tamponnes.
Je voulais te parler d’un truc qui fait même plus l’actualité.
C’est les courses de Noël.
Noël, oui, c’est d’actu.
Les courses aussi.
Mais plus personne ne conteste que,
En cette période de fête,
Il faille que le commerçant garde ses portes ouvertes le dimanche.
Donc, voilà,
C’est du « travail » du dimanche que je veux te parler, mon Empireur.
Ce que tu appelles « le travail » du dimanche.
Parce qu’en fait, travailler le dimanche, ça fait très longtemps que des tas de gens y sont habitués.
A ce que je sache, les coulées continues, les centrales électriques, les hôpitaux ne s’arrêtent pas le dimanche…
Pas plus que les taxis, les boulangers, les comédiens, les conducteurs de métros et de transports en commun en général.
Pas plus que les restaurateurs, les guides touristiques, les infirmières de ville…
Enfin donc, ne s’arrêtent le dimanche que les commerçants.
En fait,
Il ne s’agit pas d’autoriser le travail le dimanche.
Il s’agit de ne plus jamais arrêter le commerce.
C’est drôle.
Enfin, pas tant que ça.
Autrefois on se méfiait du commerce.
La société encadrait sévèrement cette activité.
Aujourd’hui, le libre-échange est roi,
Et avec lui, la dérégulation,
Tout tourne autour de commerce.
C’est la première valeur de notre société.
Celle qui permet de calculer la croissance.
Une croissance qui n’est que commerce.
Plus rien ne croît qui n’est pas commerce.
Le service public, lui aussi, doit être commerce.
L'Art aussi doit être commerce.
Il n'est d'Art qui n'ait de valeur s'il n'a de reconnaissance publique...
La quantité toujours.
Même le CO2, on en organise le commerce pour "sauver" la planète.
Tu parles !
Au milieu des années quatre-vingts, on a eu droit aux comptes-rendus quotidiens de la bourse.
A force, on ne se rend même plus compte que c’est avec eux que l’on se lève et que l’on se couche.
On a oublié que ce ne fut pas de tout temps comme cela.
Aujourd’hui, finalité des finalités : ouverture des commerces en permanence.
Et pour faire avaler la couleuvre, on appelle ça « travail du dimanche ».
Toute la société dont tu rêves, mon Empireur,
Est la société du commerce.
« Vendre plus pour gagner plus ».
Voilà ta France d’après.
La France du commerce permanent.
La France qui est numérisée.
La France que l’on peut compter.
Celle qui rapporte.
Aux vœux de 2008, tu nous as fait le coup du « changement de civilisation ».
Trop fort.
Le français crédule a entendu « bascule à gauche ». Edgar Morin.
Alors que la changement de civilisation en question
C’est simplement
La fin d’une société qui refusait encore un tout petit espace au commerce.
La fin de notre civilisation qui, de tout temps, a été circonspecte sur ce qui concerne le commerce. Fin de la circonspection. Vendez !
J’en suis venu à me dire que pour sauver les baleines et tous les bestiaux qui vont crever du réchauffement de la planète… la solution était enfantine : il suffit de les privatiser. Et d’en organiser le commerce. Offre et demande. La baleine est sauvée.
Je comprends même pas comment personne encore n’y a pensé.
Penses-y en achetant tes cadeaux de Noël, mon Empireur !