L'arme nucléaire et le climat
(Editorial du bulletin mensuel de Armes nucléaires STOP, juillet 2015 )
En décembre 2015 aura lieu la COP21 (21ème Conférence Of Parties) qui doit discuter des moyens à mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. Pourquoi cette conférence devrait-elle émettre aussi un avis sur les armes nucléaires ?
Le réchauffement climatique est un problème majeur pour le 21ème siècle. Il va occasionner la création de nouvelles zones d'exploitations d'hydrocarbures, de nouvelles zones hors-gel, de nouvelles zones désertiques et un déplacement, sur toute la planète, des espèces végétales et animales. La montée des eaux va obliger des populations à de grands déplacements. Les changements météorologiques vont créer des catastrophes plus fréquentes conduisant les habitants de nombreuses régions à l'abandon de leur habitat ou à des réorganisations pénibles de leur vie collective. La paix mondiale peut être menacée et de nouveaux conflits, à cause de l'accès à la nourriture, à l'eau, à l'énergie et aux matières premières, vont amener des peuples à s'affronter. Ainsi le pape François le note dans l'encyclique du 18 juin 2015 : « Les impacts sur l’environnement pourraient affecter des milliers de millions de personnes, et il est prévisible que le contrôle de l'eau par de grandes entreprises mondiales deviendra l'une des principales sources de conflits de ce siècle. »
Aux dires de ses défenseurs l'arme nucléaire a de nombreuses vertus. Dans un contexte de nouvelles tensions, ses promoteurs lui attribuent celle de de garantir la paix et la stabilité internationale car sa menace est telle qu'elle « dissuade » un agresseur de mettre en œuvre son agression.
Le lien entre l'arme nucléaire et le changement climatique se situe à ce niveau de réflexion. Plus les tensions internationales sont fortes, plus l'arme nucléaire risque d'être employée, ce qui inverse l'argument des pays nucléaires consistant à dire qu'ils élimineront leurs armes lorsque la paix sera généralisée. En effet, pour éviter une guerre nucléaire, il faut éliminer les armes les plus meurtrières avant que les tensions de conflits augmentent ou soient extrêmes. Avant même le réchauffement climatique, l'urgence primordiale est donc d’éliminer les armes nucléaires porteuses du risque le plus extrême, celui de l’« Apocalypse ».
Dans une réflexion sur les choix prioritaires des efforts de la communauté internationale pour limiter les difficultés liées au réchauffement climatique une attention importante doit être également apportée aux choix financiers. Quel argent est consacré pour limiter les gaz à effets de serre, pour diminuer notre consommation d'énergie, pour changer de paradigme économique ? La question qui suit est immédiate : quel effort est fait pour limiter les dépenses de nos arsenaux nucléaires ? La réponse est, hélas, connue : dans les dix ans qui viennent, le budget mondial consacré aux armes nucléaires sera de 1000 milliards d'euros. Non seulement cet argent est un gaspillage au vu des urgences environnementales mais, en plus, cette course aux armements ne peut que contribuer à rendre plus instable la situation internationale.
L'humanité a deux problèmes majeurs en ce début de 21ème siècle, le réchauffement climatique qui est très préoccupant à l'échéance d'une cinquantaine d'années et l'arme nucléaire qui reste préoccupante dans l'immédiat. La conférence COP21 devrait évoquer les liens entre ces deux menaces. Une déclaration des participants à cette conférence qui exprimerait l'urgence du désarmement nucléaire serait très efficace pour une prise de conscience mondiale de l'urgence de l'interdiction des armes nucléaires dans un contexte de montée généralisée des périls. Ce serait aussi une contribution majeure pour dénoncer le gaspillage d'argent et de compétences humaines que le commerce des armes détourne des urgences humanitaires et environnementales.
« Si tu veux la paix, prépare la paix » devrait être le proverbe de ce siècle.
Plus d'info : www.armesnucleairesstop.org