Et si la laïcité était, comme on me l'a appris, le respect d'autrui (et de soi-même) ; ce respect que je dois aux personnes peut s'étendre à ce qui les aide à vivre, leurs croyances, leurs symboles, leurs cultures. Je vais me faire traiter d'attardée et je ne m'en soucie guère. Je suis agnostique et mes raisons sont assez solides pour que mon agnosticisme ne soit pas mis en danger par les pratiques et les croyances religieuses de mes amis et de mes proches. Si un jour de fête ma voisine m'apporte une assiette de cornes de gazelle ou de makrouds, parce qu'elle les fait "à ravir", je ne vais pas dauber sur l'Aït.
Je ne sais pas si on a jugé les caricatures publiées par Charlie Hebdo sur les seuls critères pertinents : le comique. La "beaufferie" à elle seule ne suffit pas (sinon Bigard serait un génie).
On parle beaucoup - et avec horreur - de l'auto censure. Mais cet humoriste si décomplexé a, dans sa journée mille occasions de "mettre un boeuf sur sa langue" et il le fait, par intérêt ou pour ne pas casser une relation à laquelle il tient. S'il ne pratiquait pas de temps en temps l'autocensure, sa vie serait un enfer (et celle des proches donc). Le problème n'est pas l'autocensure, mais de savoir qui a le pouvoir de parler, dans quelles conditions. Un rapport de forces.