Source : La syndicalisation, c'est mieux pour les salaires (AlterEco+)
« Pourquoi les syndicats sont-ils un outil si efficace pour défendre la part des salaires ? Parce qu’ils possèdent cet atout que le projet de loi El Khomri risque d'affaiblir : la capacité à créer un rapport de force collectif en lieu et place d'une négociation à l'échelle de l'entreprise. Dans une société strictement égalitaire où chacun disposerait des mêmes moyens et serait capable d'assurer seul sa propre subsistance, la négociation entre deux individus serait « libre ». Mais le mythe du contrat entre employeur et salarié sur un pied d'égalité ne tient pas.
Pour protéger le salarié contraint de vendre sa force de travail pour vivre, le syndicalisme met l'employeur face à un collectif, et non face à un individu. De même, dans une entreprise où les syndicats sont peu présents, le rapport avec l'employeur s'équilibre grâce à des conventions collectives de branches qui peuvent s'appuyer sur des syndicats mieux implantés dans d'autres entreprises du secteur.
Même logique pour une branche peu favorable à la présence syndicale. Ce sont cette fois les accords interprofessionnels et la loi qui permettent de protéger les faibles. La disparition du principe de faveur5 portée par la loi El Khomri remet en cause cette structuration en différentes couches protectrices pour le travailleur. Car elle permet aux entreprises de signer des accords moins protecteurs que les accords de branche sur la durée du travail (et donc sur tout ce qui touche aux congés payés, aux heures supplémentaires, aux temps de récupération…). »