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Se tourner vers l’école pour résoudre des problèmes de société ou du moins tenter de les corriger n’a rien de nouveau. La stratégie d’associer le corps professoral à la formation des futurs citoyens constitue la colonne vertébrale de l’Éducation nationale telle qu’elle a été pensée à l’origine.
Selon Claude Lelièvre, historien de l’éducation et blogueur sur Mediapart, il s’agit même de l’une des missions premières assignées aux professeurs : « Tout le monde l’a oublié mais les institutions fondatrices de l’école primaire de la IIIe République ne visaient pas à apprendre à lire, écrire et compter mais à diffuser l’éducation morale et civique.C’est même l’objectif de tête. L’État s’y intéresse pour mettreDieu au centre de tout et donner une armature religieuse et civique aux élèves. Au départ, il s’agit de former des bons catholiques. » La proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870 change la donne, il faut affermir ses fondements encore fragiles. L’école en sera l’un des truchements et emprunte une autre direction.
« Dans les années 1870-1880, on cherche à former des Républicains surtout, patriotes si possible. L’Église catholique doit avoir moins de poids surtout politique.La laïcité est ainsi faite pour écarter les confessions de l’école. Ce n’est qu’au début de la Ve République que la dimension économique et utilitariste de l’école a été mise en valeur. C’était secondaire et partiel puis c’est devenu central.L’école est vue depuis les années 1980 comme un instrument de lutte contre le chômage », complète Claude Lelièvre.